Ne pas vouloir être envahi devient du racisme. Air connu. Refrain éculé.
Constater, déplorer le recul économique du pays sous le poids du fiscalisme et du gaspillage démagogique relève d'une tare un peu plus subtile. On nous enjoint de condamner, dès lors, ce que l'on prétend stigmatiser sous l'appellation de "déclinisme". Comment ne pas s'irriter de l'erreur d'un tel suffixe. Il ne pourrait correspondre à une véritable signification que si l'on entendait désigner les partisans de la chose, ici le déclin, alors qu'il s'agit des gens qui la combattent. Appelait-on les résistants des "occupationnistes" ?
Si l'on souhaite esquiver les pestilences de ce désarroi lexical et mental, reste alors le recours à la grande histoire. En son refuge on peut préserver la réflexion des furies médiatiques, sinon des censures de la pensée unique. En un tel abri on pourra penser un avenir libéré des erreurs d'hier et d'avant-hier.
Ajoutons qu'en notre époque, certains progrès de la connaissance permettent d'enrichir le champ de vision. Au-delà des récits de batailles et des intrigues de cour, on pourra tenir compte des données économiques, techniques, culturelles, sociales, intellectuelles, etc.
Très en avance sur son temps, très supérieur aussi à bien des celtisants ultérieurs acharnés à la défense de diverses thèses à base de pétition de principes, Camille Jullian (1859-1933) tend à répondre à l'ensemble de ces questions relativement à spécialité, et à sa passion : l'Histoire de la Gaule.
De façon précise il rassemble les connaissances disponibles dans les divers domaines qui alimentent la science du passé.
Le volume qui vient de paraître couvre la période où selon la formule élégante de Jacques Bainville, "pendant 500 ans, la Gaule partage la vie de Rome". (2)⇓
Le tracé de la frontière linguistique ne s'est trouvé modifié que par les migrations de peuples contemporaines précédant l'époque mérovingienne. Ce que nous appelons, à tort, "grandes invasions" ont dessiné, en gros du VIe siècle au IXe siècle la personnalité culturelle des Flandres, de l'Alsace et des régions franciques, ainsi que de l'Armorique occidentale.
Mais globalement pour le reste, très peu de modifications depuis la Gaule. On se trouve en présence d'un peuple assez peu variant jusqu'au XXe siècle : 1 500 ans après Clovis, mais aussi 1 000 ans avant lui. Tel est alors l'objet de ce recours aux racines.
Car ce millénaire gaulois puis "gallo-romain" ayant précédé le nom de France, a bel et bien forgé l'essentiel de son identité à partir des apports ligures, ibères, germano-celtiques, grecs et latins.
Au cours de cette très longue période les dieux eux-mêmes auront à peine changé jusqu'à l'arrivée du christianisme, elle-même très antérieure à la conversion d'un prince rallié à la religion de son peuple et à ce qu'il appelle lui-même le "Dieu de Clotilde".
Ceci autorise sans doute à diviser en trois cette Histoire unique.
Avant César notre connaissance de nombreux personnages permet d'échapper à la notion de préhistoire : Nanus roi des Ségobriges, Simos et Protis navigateurs phocéens en 597 avant Jésus-Christ, Brennus en 390, Pythéas au IVe siècle
C'est à Camille Jullian que l'on doit d'avoir établi l'existence nationale de la Gaule, avant même la conquête au gré d'un territoire commun nettement défini, par Jules César lui-même : jusqu’au Rhin, aux Alpes et aux Pyrénées, d'une communauté de langage, de croyances religieuses ou morales, mais aussi d'une civilisation matérielle et spirituelle épanouie en soixante cités dotées de leurs monnaies et de leurs magistrats.
Mais plus encore il souligne dans ce troisième volume qui vient de paraître (3)⇓ la vigueur et même le renforcement dans le cadre de l'empire romain.
JG Malliarakis http://www.insolent.fr/
Apostilles
- cf sa notice sur le site du Prix Nobel.⇑
- Chapitre Ier, pages 9 à 18 de son Histoire de France.⇑
- à commander sur le site des éditions du Trident.⇑
Encore ce JGM!!Je plaisante!
RépondreSupprimerJ'ai découvert Monsieur Malliarakis sur le site lumiere101,il y y a des collegues excellents comme lui,je ne sais pas comment font-ils pour garder leurs morales aux beaux fixe,dans un systéme en deconfiture;mais justement,grâce a ces gens,on peut se dire "tout n'est peut-être pas perdu"..même si tout est a corriger.
Dominique.