NANTES (NOVOpress Brezih) – Repentance oblige, comme chaque 
année la municipalité socialiste de Nantes commémore ce vendredi 
l’abolition de l’esclavage. Une cérémonie  - avec jets de fleurs, prises
 de parole et minute de silence – se tiendra à 17 h 30, à la passerelle 
Schoelcher puis au Mémorial. Invitée d’honneur : Carole Aston, une 
Américaine chanteuse de jazz – « Une voix noire et douce comme de la mélasse »  selon le Financial Times – “très engagée dans la défense des droits de l’homme”. Sur son blog, l’historien Bernard Lugan, spécialiste de l’Afrique, remet utilement les pendules à l’heure.
Le 10 mai, avec la « Journée des mémoires de la traite négrière, de 
l’esclavage et de leurs abolitions », c’est encore un anniversaire de 
culpabilisation à sens unique qui est célébré. Sous la présidence de 
Jacques Chirac les députés votèrent à l’unanimité, (donc tous les élus 
de « droite »), et en première lecture, la loi dite « Taubira ».  
Définitivement adoptée le 10 mai 2001, cette loi qualifie de « crime 
contre l’humanité » la seule traite esclavagiste européenne. Christiane 
Taubira a insolitement précisé que sa loi passe sous silence la traite 
arabo-musulmane[1] afin que les « jeunes Arabes (…) ne portent pas sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfaits des Arabes » (L’Express du 4 mai 2006).
Et pourtant, au XIXème siècle, l’abolition décidée par les
 Européens ne concerna pas les Arabo-musulmans. Depuis la Libye, au 
nord, ou depuis Zanzibar, à l’est, des caravanes organisées 
militairement continuèrent en effet à dévaster des régions entières de 
l’Afrique noire. Au XIXème siècle, au centre comme à l’Est du
 continent, les réseaux esclavagistes musulmans étaient en pleine 
extension ; la documentation abonde les concernant.
Dans la région sahélienne, de la boucle du Niger au Tchad, les 
esclavagistes puisaient dans le « vivier humain » du bilad al Sudan, 
Bambara, Sénoufo et Sara étant leurs principales victimes.
Dans la région du Haut Nil, l’actuel Sud Soudan, Dinka, Nuer et 
Chillouk étaient pourchassés, les femmes pour leur beauté et les jeunes 
garçons pour être « transformés » en eunuques gardiens des harem.
Dans l’Est de l’Afrique, les esclavagistes zanzibarites ravageaient 
les actuels Etats de Tanzanie, d’Ouganda, de RDC, de Zambie ainsi que 
tout le Nord du Mozambique. Tirant l’essentiel de ses revenus de la 
vente des esclaves, le sultan de Zanzibar avait constitué un corps de 
fonctionnaires  chargé de tenir un compte  précis du nombre de captifs 
débarqués sur son île. Grâce aux registres des perceptions douanières, 
nous savons ainsi qu’entre 1830 et 1873, environ 700.000 esclaves furent
 vendus sur le seul marché de Zanzibar. Ces chiffres ne valent cependant
 que pour le commerce officiel du sultanat et ils ne tiennent pas compte
 de la contrebande.
Ce fut l’administration coloniale qui mit un terme à ces odieuses 
pratiques. Certaines ethnies ne survécurent alors que parce que la 
colonisation sépara victimes et razzieurs, comme au Mali, comme au 
Niger, comme au Tchad, comme en Centrafrique, comme au Nigeria, comme en
 RDC, comme en Tanzanie, comme en Ouganda, comme au Soudan, comme au 
Malawi, comme au Mozambique etc… Ce furent les Européens qui firent 
fermer le marché de Zanzibar en 1873. Ce furent également eux qui, à 
partir de 1890, obligèrent les autorités égyptiennes à interdire aux 78 
marchands d’esclaves du Caire et aux 73 d’Alexandrie de cesser cette 
activité[2].
En 2005, Jacques Chirac décida que le 10 mai, jour de l’adoption de 
la loi Taubira, serait désormais célébrée la « Journée des mémoires de 
la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions ». Rompant 
avec une sage pratique voulant, sauf exception, que des dates du passé 
soient toujours choisies pour célébrer les évènements historiques, le 
président de la République faisait ainsi d’une date du présent un jour 
de commémoration d’évènements du passé…
Et pourtant, le 27 avril, date anniversaire  de l’abolition de 
l’esclavage en France (27 avril 1848) était la date idéale qui aurait 
permis de célébrer cette « Journée des mémoires de la traite négrière, 
de l’esclavage et de leurs abolitions » dans un climat d’unanimisme 
national. Jacques Chirac a préféré une date clivante.
Tout cela n’est cependant qu’un début car les  groupes de pression 
constituant le noyau électoral de François Hollande, modernes Minotaures
 à l’insatiable appétit, réclament maintenant des « réparations » 
sonnantes et trébuchantes. Comme les caisses de l’Etat sont vides, notre
 « pauvre » président ne va donc pouvoir nourrir ses électeurs que de 
paroles. Il faudra donc qu’elles soient roboratives. C’est pourquoi nous
 pouvons nous attendre à de nouvelles rafales de déclarations et de 
mesures symboliques de repentance.
Voilà comment le totalitarisme se met en place et comment, lentement 
mais sûrement, nos « élites » gouvernantes, totalement coupées du « pays
 réel » se préparent des lendemains difficiles. Notamment parce que 
Madame Taubira dont les condamnations sont sélectives, ignore 
probablement, et les Romains l’avaient appris à leurs dépens, que  chez 
les Gaulois « la patience dont on abuse se change en fureur ».
Bernard Lugan
[1] L’Afrique réelle du mois de mai 2013 consacre un important dossier aux traites arabo-musulmanes.
[2] Voir mon livre Mythes et manipulations de l’histoire africaine. Mensonges et repentance. A commander sur ce blog.
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