Nul doute que les choses ne se sont pas vraiment passées ainsi. Aussi consensuel qu’il ait pu être, aussi soucieux de ne pas provoquer d’affrontements entre Français, encore moins de verser du sang, Henri V serait devenu roi si ses partisans n’avaient pas été si pusillanimes, si désorganisés. Mais les parties perdues ne se rejouent pas. Notre Henri V n’était peut-être pas le vrai, mais le vrai Henri V est mort avec son mystère, et il reste une réalité, celle d’un beau mythe, d’un échec politique complet transmué en une majestuosité impressionnante, éclatante et abstraite.
Il est difficile de savoir ce que fut réellement l’influence du comte de Chambord, de son vivant, sur la vie politique française. Il y avait certes à Paris et dans plusieurs grandes villes un important courant, intellectuel et sociologique, en faveur du retour à la Monarchie légitime, que la chute du second Empire libéra de ses entraves. Dans les campagnes, une multitude de feuilles légitimistes entretenaient la flamme. Mais cela fait-il une force ?
On n’aura jamais vu Chambord à l’épreuve. On n’en respecte que plus pieusement son Principe. On sait fort peu de choses, au fond, sur sa vie et sa pensée ; beaucoup de témoignages ont été recueillis, beaucoup de livres écrits, et le filon n’est pas tari. Mais ses écrits politiques ont surtout été diffusés et valorisés longtemps après sa mort, par le duc d’Orléans, soucieux d’en revendiquer la filiation pleine et entière. Maurras reste dans ce registre ; pour les cent ans de la naissance de l’enfant du miracle, il n’esquisse aucune critique politique de l’action de Chambord, et il prend pour ce qu’il est, pour le parti qu’on peut en tirer, le modèle héroïque et résigné d’un Prince en exil tout de vertu et de probité.
- Voir aussi Comtedechambord.fr
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