Scipion de Salm
Un colloque tenu en décembre 2019, dans le cadre de l’Institut Universitaire Saint Pie X à Paris, a proposé une série de réflexions cohérentes, dans une perspective catholique authentique, sur la guerre moderne. Les actes en sont donc enfin publiés, dans ce numéro spécial de la revue Vue de Haut. Ce sujet reste ô combien d’actualité avec le drame ukrainien en cours, ou tant de pays en Afrique, du Mali au Soudan, ou la Birmanie, etc. Il est à craindre que la guerre accompagne en permanence l’être humain.
Aujourd’hui, on réfléchit trop peu. On aimerait pouvoir se contenter du cri du cœur du pape François, qui est « contre la guerre ». Evidemment, sauf cas pathologiques, personne n’est « pour » la guerre en soi. Mais la pensée catholique traditionnelle, avec deux phares indépassables, saint Augustin et saint Thomas d’Aquin, a précisément défini les choses. Dans la doctrine pacifiste, laïque ou chrétienne, il faudrait tout simplement, en cas d’agression, se laisser massacrer sur place. Or, non, une société, un individu, attaqués, ont le droit, et même le devoir, de se défendre. Saint Augustin avait bien affirmé, vers 410, qu’il fallait défendre l’Empire contre les envahisseurs barbares, et les campagnes contre les brigands ; saint Thomas d’Aquin, vers 1250, a envisagé les conditions de la « guerre juste », qui peut donc exister.
En effet, il est donc plus que légitime de se défendre, et, dans la manière de mener les combats, il faut tenter, autant que possible, de ne frapper que les soldats ennemis, et pas les civils. La deuxième guerre mondiale, dans les deux camps, n’a absolument pas respecté cet impératif, exigeant certainement, mais pas inatteignable ou résolument impossible. Des auteurs de qualité développent ces points fondamentaux, en y intégrant même la bombe atomique, arme terrible certainement, mais qui ne sort pas du champ des réflexions générales. Sont proposés de nombreux exemples historiques contemporains pour étayer les propos. Beaucoup de réflexions fines dépassent le grossier résumé proposé ici.
Quant à nous, nous confesserons parmi tous ces articles, un faible, certainement deviné par nos lecteurs réguliers, pour l’excellente contribution de Mme Imbert, maître de conférences en Histoire de l’Art, sur « comment peindre la guerre ». Elle traite précisément, de la Renaissance italienne au vingtième siècle, de la manière de représenter le fait guerrier et des messages véhiculés à cette occasion dans les tableaux. Avec les illustrations nécessaires, cette contribution est absolument passionnante !
Collectif Penser la guerre moderne, Vue de Haut, printemps 2023, 258 pages, 10€ (à commander sur le site de l’établissement : www.iuspx.fr )
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