vendredi 31 janvier 2025

[HISTOIRE] 27 janvier 1945 : Auschwitz libéré

 

auschwitz shoah
Le 27 janvier 1945 est une date d’importance, dans notre Histoire mondiale. En ce jour, il y a 80 ans, le symbole le plus horrifique de la mort industrialisée par le nazisme, le camp d’Auschwitz-Birkenau, cessait ses atrocités. Ce lieu, libéré par l’Armée rouge, avait ainsi, au nom d’une idéologie raciste et antisémite, permis l’assassinat planifié de plus d’un million de personnes, principalement des Juifs. Malheureusement pour les survivants, la libération du camp ne fut pas la fin de leur calvaire.

La réaction des nazis face à l'avancée soviétique

Dès l'été 1944, l'avancée rapide des troupes soviétiques de Staline en Europe de l'Est provoqua la panique, chez les nazis. Ces derniers, conscients de l’horreur de leurs crimes, ne voulaient pas que la vérité soit découverte par les Alliés. Ainsi, sur ordre du chef des SS Heinrich Himmler, dès août 1944, 65.000 prisonniers furent transférés vers le cœur du Reich. En parallèle, à la fin de l’année 1944, les Allemands sabotèrent méticuleusement leurs chambres à gaz et leurs fours crématoires, brûlèrent leurs archives et firent disparaître les témoins directs de l’extermination, comme ceux des Sonderkommando, ces prisonniers forcés d’assurer l’évacuation et l’incinération des corps.
En janvier 1945, alors que les forces soviétiques se trouvaient à moins de 70 kilomètres du camp, l’évacuation totale d’Auschwitz-Birkenau fut ordonnée. Les nazis, faute de trains, jetèrent sur les routes gelées les derniers prisonniers encore valides. Par des températures glaciales, affamés et épuisés, des milliers d'entre eux moururent pendant ces « marches de la mort », abattus par les gardes ou succombant au froid. Les 9.000 malheureux qui ne pouvaient pas marcher furent alors abandonnés dans le camp.

La découverte par l'Armée rouge

Le 27 janvier, les troupes soviétiques de la 60e armée du 1er front ukrainien atteignirent enfin la ville polonaise d’Oświęcim, dont les Allemands avaient germanisé le nom en Auschwitz. À leur arrivée, les soldats soviétiques découvrirent les derniers survivants, principalement des malades. Les soldats furent alors horrifiés par l'état squelettique des prisonniers, devenus de véritables morts-vivants.
En explorant l’entièreté du complexe, les soldats soviétiques tombèrent également sur les entrepôts nazis contenant des montagnes de biens volés : des milliers de paires de chaussures, de lunettes, de vêtements et même des cheveux humains. Ces découvertes, silencieuses et pourtant criantes de vérité, exposèrent au monde la réalité des crimes nazis.

Le bilan humain

Pendant toute la période du fonctionnement d’Auschwitz, entre 1940 et 1945, environ 1,3 million de personnes furent déportées vers le camp. Parmi elles, environ 1,1 million périrent, dont 960.000 Juifs, 74.000 Polonais, 21.000 Tsiganes, 15.000 Soviétiques et 15.000 personnes d’autres nationalités.
Pour les 7.000 personnes libérées, le retour à la vie fut un long et douloureux processus. Souffrant de malnutrition sévère, de maladies et de traumatismes profonds, beaucoup succombèrent dans les semaines suivant la Libération, malgré les efforts des médecins soviétiques. Ceux qui survécurent durent porter, pour toujours, dans leur âme le poids de l'ignominie qu’ils avaient vécue. Certains survivants décidèrent toutefois de jouer un rôle clé dans la transmission de la mémoire, comme Ginette Kolinka qui continue, malgré ses 99 ans, à témoigner inlassablement auprès des nouvelles générations afin que de telles atrocités ne puissent plus jamais se reproduire.
Depuis la Libération, Auschwitz est devenu un lieu de mémoire. En 1947, le site fut transformé en mémorial, accueillant des millions de visiteurs du monde entier venant se recueillir en ce lieu où l'horreur était devenue une industrie.

Eric de Mascureau

mercredi 29 janvier 2025

Les Khmers rouges : l’enfer sur terre au nom de l’avenir radieux du communisme

 

Les Khmers rouges : l’enfer sur terre au nom de l’avenir radieux du communisme

Dans la seconde moitié des années 1970, près d’un tiers de la population cambodgienne a été tué par le régime des Khmers rouges, un mouvement communiste radical d’inspiration maoïste. Le procès des Khmers rouges – Trente ans d’enquête sur le génocide cambodgiens (Éditions Gallimard, 465 pages, 24,90 euros) du journaliste Francis Deron, demeure un ouvrage de référence sur cette « machine à broyer les hommes qu’institua cette idéologie parvenue au pouvoir ».

Formés dans les universités françaises

En 1962, après l’assassinat par la police politique du régime de Norodom Sihanouk d’un chef historique clandestin, « un petit groupe de communistes d’âge moyen, qui ont en commun d’avoir suivi des études supérieures en France – entre passables et médiocres, pour être indulgents – au début des années 1950, voient leur heure venue. Parmi ceux-ci, un professeur de lycée de 36 ans, fils de bonne famille, du nom de Saloth Sâr. […] Tous ou presque ont fait leurs écoles en communisme en marge de la Sorbonne, orbitant autour du Parti communiste français. »

En 1963, Saloth Sâr, qui adoptera plus tard le nom de guerre de « Pol Pot », devient le chef du mouvement communiste clandestin au Cambodge.

Phnom Penh « libéré »

L’armée de la forêt s’empare de Phnom Penh le 17 avril 1975, cinq jours après le départ des derniers Américains.

Dans un article publié à la Une et intitulé « La fête à Phnom Penh », Patrice de Beer, l’envoyé spécial du Monde, décrit l’« enthousiasme populaire » qui accompagne l’entrée des Khmers rouges dans la capitale du pays, au moment où règne en France « une atmosphère d’empathie pro-Mao et pro-Pol Pot dans les milieux intellectuels français, encore marqués par l’opposition à la guerre américaine au Vietnam ».

Ce journaliste ne voit pas – ou ne veut pas voir – que dès leur arrivée, à la pointe de leurs fusils chinois, les hommes en noir vident la ville de toute sa population, malades hospitalisés, infirmiers et médecins compris. Des militaires du régime pro-américain qui tentent de se débarrasser de leur uniforme sont fusillés sur-le-champ. Pendant trois semaines, cet exode conduit, à pied, tous les citadins vers des camps de travaux agricoles, moins ceux qui sont laissés morts sur les bas-côtés.

Le Cambodge se referme, à l’exception de rares ambassades où résident encore quelques diplomates.

L’Angkar (« L’Organisation ») promet le bonheur à la population en mettant en place un « programme » visant à créer un « peuple nouveau » et à remplacer l’État cambodgien par une « nouvelle puissance étatique révolutionnaire ».

Dès lors, tous ceux qui sont suspectés d’appartenance au camp ennemi doivent être éliminés : les porteurs de lunettes s’en voient tout d’abord privés avant d’être envoyés en camp de travaux forcés, dans le meilleur des cas (le superviseur de l’opération est lui-même porteur de lunettes !). Les boutiques de tailleur sont fermés et les artisans sont également expédiés dans les camps. En outre, tout ce qui symbolise la « vieille société » est détruit, à l’instar de motos Harley-Davidson en parfait état de marche…

« Le Kampuchéa démocratique [proclamé en janvier 1976] ne connaîtra jamais aucun tribunal, ni aucune loi, ni aucune “élection”, si les mots ont un sens. Quant à la religion, elle sera éradiquée et ses serviteurs envoyés aux champs – ou assassinés. »

Tandis que des purges successives éliminent les cadres supérieurs communistes, le pouvoir repose de fait « sur les petits nervis incultes qui forment sa piétaille et dominent une population terrorisée et affamée ». Une grande latitude est laissée « à des gamins illettrés, mais fortement endoctrinés ».
Pour autant, « on est loin d’une situation chaotique où des subalternes auraient pris sous leur chapeau d’ordonner des massacres en ordre dispersé. Tout au contraire, la pyramide du pouvoir est parfaitement stratifiée, et chaque niveau décisionnel sait où trouver ses ordres et à qui en donner ».

Le bilan humain

En mars 1978, des journalistes yougoslaves interrogent Pol Pot sur l’absence de population dans les villes et sur l’abolition de la monnaie, du système salarial et de l’échange commerçant, en lui demandant s’il s’agit d’une étape dans la « transformation sociale et révolutionnaire » ou bien d’un modèle de société que son régime entend édifier en tant que tel.

Le dirigeant communiste répond en substance que le peuple cambodgien est animé d’un tel enthousiasme pour les idéaux proclamés que la direction a choisi de s’en remettre à la sagesse de la base. Selon lui, il était nécessaire d’évacuer la population à la campagne pour résoudre la question alimentaire, ce qui empêchait par ailleurs les « impérialistes américains et leurs laquais » d’attaquer les Khmers rouges dans la capitale. Concernant la monnaie, le peuple a répondu lui-même qu’elle ne lui était d’aucune utilité puisque les coopératives suffisent aux échanges de produits. Quant au salariat, le mouvement révolutionnaire ne l’a pas connu durant la guerre nationale de libération, de même que la population des zones libérées. Seuls les fonctionnaires avaient antérieurement un salaire mais la population citadine est désormais incorporée aux coopératives. L’argent peut donc servir pour la défense nationale et l’édification du régime.

Comme le souligne Francis Deron, il s’agit d’un « rare panégyrique d’une utopie par son auteur, sur le mode tautologique absolu ».

« Avec les Khmers rouges, on a affaire à un système cohérent d’extermination en masse opérant dans un souci de “rendement” qui défie l’entendement : dix-huit mille membres du parti seulement pour encadrer l’élimination de près de deux millions de personnes. »

Aux éliminations physiques et aux assassinats collectifs s’ajoutent les conséquences de conditions de vie affreuses et des travaux forcés qui entraînent la faim, le dénuement, les maladies, etc.

« Aucune nation au monde n’a subi une telle hémorragie, proportionnellement à sa taille, au XXe siècle ».

[Cette hécatombe explique en partie l’actuelle colonisation économique du Cambodge par la Chine qui, sur le golfe de Thaïlande, a détruit la quasi-totalité du mangrove pour le remplacer par des plantations de palmiers à huile, sans d’ailleurs encourir la condamnation des mouvements prétendument voués à la défense de l’environnement.]

La fin du régime

En 1977, des incursions de soldats cambodgiens ont lieu en Thaïlande et au Vietnam, suivies d’affrontements armés.

Entre le 7 et le 8 janvier 1979, les Khmers rouges se dispersent devant l’avancée des troupes vietnamiennes.

À l’époque, une « incrédulité coupable » accueillent les premières révélations des crimes, survenues peu après la fin de la Guerre du Vietnam.

Par la suite, on voit parfois « poindre à propos de Pol Pot et ses lieutenants un discours qui tend à les asseoir à une place moins sinistre du XXe siècle », en mettant en avant « le contexte » comme circonstance atténuante des crimes de masse.

Le procès de Phnom Penh

« Les années ont certes emporté avec elles trop de témoins et d’acteurs, mais elles ont aussi permis la constitution d’un dossier historique d’une épaisseur et d’une qualité incomparable en regard d’autres atrocités de cette envergure. »

Alors que Pol Pot est mort en 1998 (officiellement d’une crise cardiaque), dix ans plus tard, certains de ses lieutenants comparaissent à Phnom Penh devant un tribunal mixte composé, sous l’égide de l’ONU, de juges cambodgiens et internationaux.

Kaing Guek Eav, dit « Duch », le chef du « centre d’extermination politique S-21 du premier jour aux toutes dernières heures », est le principal accusé. L’intéressé s’était converti au christianisme en 1996 et vivait sous une fausse identité avant son incarcération au Cambodge en 1999.

« Se voulant d’abord et seulement “un bon communiste”, Duch a fait tuer un nombre considérable d’hommes, de femmes et d’enfants, sacrifiés sur l’autel de son idéologie. »

L’accusé explique que Tuol Sleng (S-21) « n’avait pas pour but de déterminer si les détenus étaient bien des traîtres : le simple fait de leur arrestation et de leur transfert au centre de détention suffisait à établir leur culpabilité. C’était leurs confessions qu’il fallait recueillir, pour justifier leur incarcération […] et également pour impliquer les membres des réseaux dont les détenus faisaient partie ».

La révolution dévorait ses enfants : deux instituteurs, qui avaient respectivement formé Duch pendant sa scolarité et en matière idéologique, ainsi que son premier chef durant l’insurrection, sont morts sous la torture à Tuol Sleng.

Les gardiens et les interrogateurs du centre pouvaient également se retrouver prisonniers, torturés (une pratique systématique) et mis à mort. Quand, « en 1977, toutes les interrogatrices sont devenues à leur tour prisonnières interrogées », les interrogatoires de femmes ont été menés par des hommes.

Comme Duch le reconnaîtra, personne ne devait sortir vivant de S-21. Sur 16 000 prisonniers, 177 seulement ont été « libérés » lors des derniers mois du régime, sans que l’on sache ce qu’ils sont devenus ni même s’ils ont survécu. Les tortionnaires annonçaient à un supplicié sa fin prochaine : “Tu vas devenir de l’engrais, maintenant”. »

Ce type de centre était dupliqué verticalement jusqu’au niveau des populations villageoises. Près de 200 bureaux de sécurité ont ainsi été identifiés à l’échelle nationale, tandis que les fosses communes et les charniers se comptent par milliers dans le pays.

[En 2010, une peine de quarante ans de prison a été requise contre Duch, qui a été condamné à trente-cinq ans de réclusion pour crimes contre l’humanité, puis à trente ans dans un deuxième temps. En 2011, un nouveau procès l’a condamné à l’incarcération à vie. Il est mort en 2017.

En 2022, il a été décidé de mettre un terme au fonctionnement de cette instance judiciaire internationale. Selon l’avocat français Jean Reynaud, son bilan est maigre puisque seuls cinq anciens responsables communistes ont été accusés, ce qu’il explique par « l’implication des juges cambodgiens, soumis au gouvernement en place, lui-même compromis dans le régime des Khmers rouges. […] Ce que montre bien ce procès, c’est qu’en justice internationale, on est très souvent à la frontière entre le droit et la politique. Et que le droit, face à la politique, perd toujours malheureusement ».]

Johan Hardoy 26/01/2025

https://www.polemia.com/les-khmers-rouges-lenfer-sur-terre-au-nom-de-lavenir-radieux-du-communisme/

Les croix gammées, c’est comme les chasseurs…

 

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Une cérémonie internationale a été organisée lundi dernier, 27 janvier 2025, pour commémorer le 80e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz. 54 pays y ont envoyé des délégations et des têtes d’affiche s’y sont rendus toute de noir vêtues, la larme à l’œil et l’œil toujours attentif aux caméras : Emmanuel Macron, Frank-Walter Steinmeier, Olaf Scholz, Charles III, Volodymyr Zelensky, Andrzej Duda Et les absents ? Qui sont-ils ?

Ici, le regard d’un homme sur l’événement.

*****

par Marc-François de Rancon

Nous avons tous en tête le sketch hilarant et historique des Inconnus. C’est tellement devenu un classique que de temps en temps nous entendons un homme politique y faire référence ; en disant notamment « c’est comme les chasseurs » ou encore « il y a les bons et les mauvais, comme les chasseurs », voulant ainsi avec un trait d’humour mettre en exergue une différence de traitement injustifiée, causée par le propos d’un adversaire ou le commentaire d’un journaliste.

Illustration parfaite, mais hélas morbide, avec les cérémonies du quatre-vingtième anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz. C’est l’Armée rouge, c’est un fait et, bien sûr,c’est dérangeant pour les Européens « de l’Ouest » et les Américains, à vrai dire aussi pour la majorité des Français formatés, mais c’est bien l’armée soviétique qui a libéré le camp d’Oswiecim le 27 janvier 1945.

C’est embêtant parce que ça va à l’encontre du récit des États-Unis d’Amérique, héroïques salvateurs désintéressés, ayant gagné la Seconde Guerre mondiale grâce à leur intervention. Sur la guerre elle-même, il y aurait déjà beaucoup à redire mais ce n’est pas l’objet ici : les défaites de Stalingrad et Koursk ont-elles plus ou moins pesé sur la défaite de l’Allemagne national-socialiste que le débarquement de juin 1944 ?… c’est affaire d’opinion ou de vision sur l’Histoire, laissons cela de côté. En revanche, l’Histoire factuelle est formelle : en 1945, ce sont les Russes qui ont libéré Auschwitz et conquis Berlin. C’est gênant pour les anti-communistes que nous sommes – et devons demeurer –, délicat pour les Polonais qui n’avaient pas brillé par leur esprit judéophile ni résistant avant 1945, occulté par la doxa atlantiste depuis lors, mais il faut honnêtement le reconnaître. Sinon, comment oser qualifier certains de révisionnistes, sans ipso facto pratiquer nous-mêmes l’inversion accusatoire ?

Or, ce 27 janvier 2025, la croix gammée est doublement revenue et a souillé la mémoire des victimes. Une première fois parce que n’a pas été invitée la Russie, alors que c’est elle qui a délivré les survivants en 1945, et alors qu’il était d’autant plus aisé de le faire que nous n’avons plus aujourd’hui affaire à l’Union des républiques socialistes soviétique (URSS), État communiste donc totalitaire, ni à l’Armée rouge, mais tout simplement à la Russie. Une seconde fois en faisant parader le pitre « président » Volodymyr Zelensky, dont les forces armées par « l’Occident » intègrent les sinistres Banderistes, aux mains rouges du sang des Juifs, Banderistes ouvertement nazis qui ont bombardé et massacré des dizaines de milliers d’Ukrainiens et de Russes dans le Donbass depuis 2014, et qui combattent encore aujourd’hui de façon décomplexée sous la bannière de la svastika, avec la bénédiction de l’OTAN et du dérisoire couple de l’Élysée.

Comme il y a le bon chasseur et le mauvais chasseur, il y a le bon nazi combattant la Russie (en 2025) et le mauvais nazi combattant la Russie (en 1941-1945). « Mais c’est pas pareil » conclut le fin chasseur des Inconnus…

https://www.actionfrancaise.net/2025/01/29/les-croix-gammees-cest-comme-les-chasseurs/

mardi 28 janvier 2025

Le «Deep State» européen

par Enrico Tomaselli

On a beaucoup dit et écrit à propos du Deep State américain – et, inévitablement, on en a dit tout et son contraire, au point de perdre complètement de vue ce qu’il est réellement -, mais on n’a jamais parlé d’un Deep State européen. Pourtant, il existe, et il devient de plus en plus visible. Il y a bien sûr une différence fondamentale avec celui des États-Unis, qui représente un ensemble composite, certes, mais néanmoins focalisé sur le maintien de l’hégémonie américaine sur le monde, tandis que celui de l’Europe est avant tout centré sur la préservation de lui-même et de son propre pouvoir.

Ce Deep State européen est essentiellement composé de politiciens, de bureaucrates, de grands commis et de lobbyistes, en connexion croissante avec des militaires du commandement de l’OTAN. Il constitue de fait une sorte de franc-maçonnerie européenne, fortement engagée dans la promotion et la défense de ses membres, mais surtout dans l’exercice d’un pouvoir supranational de plus en plus envahissant – et de plus en plus antidémocratique.

Ce Deep State s’est formé principalement au cours des 10 à 15 dernières années et a progressivement dépouillé les divers gouvernements nationaux – les seuls à disposer d’une quelconque légitimité démocratique – de tout pouvoir réel. La Commission européenne s’est de plus en plus caractérisée comme une toute autre «commission» : une véritable coupole de super-pouvoir dépourvue de toute légitimité démocratique.

De manière de plus en plus évidente, des figures occupant des rôles essentiellement représentatifs (président de la Commission européenne, secrétaire général de l’OTAN) ont commencé à agir et à se présenter comme des autorités suprêmes au pouvoir, non soumises à un quelconque contrôle de la part des pays qu’elles sont censées représenter – et qui, de toute façon, ayant progressivement renoncé à tout pouvoir effectif, continuent largement à ne pas s’y opposer, renforçant ainsi le rôle (abusif) de cette coupole.

Cette prise de pouvoir insidieuse s’est réalisée grâce à un parfait alignement avec le bloc de pouvoir dominant aux États-Unis – à savoir l’alliance entre les démocrates et les néoconservateurs – dans l’ombre duquel le Deep State européen a prospéré. En d’autres termes, il s’est fait l’instrument docile de la faction dominante du Deep State américain, trouvant dans cette soumission docile la garantie de son propre pouvoir sur le continent.

Inévitablement, donc, le changement des équilibres au sein du Deep State américain provoque un bouleversement imprévu, et les membres du Deep State européen ne savent plus très bien comment se positionner, indécis entre la subalternité historique à l’empire d’outre-Atlantique et la cohérence avec les axes politico-stratégiques auxquels ils se sont longtemps subordonnés.

L’émergence de la vérité brute sur la nature de la relation entre l’empire et ses pays vassaux – avec le désintérêt, voire le mépris, de la nouvelle administration américaine ouvertement affichés – s’ajoute à la prise de conscience qu’une période de marginalisation accrue, mais aussi de plus grande soumission, s’ouvre devant eux. Cela ébranle la coupole du pouvoir européen. La perspective d’une guerre aux portes orientales du continent, et surtout la crainte de devoir y faire face seuls, désoriente les membres du Deep State européen, qui cherchent désormais, de manière confuse, à trouver un nouveau point d’équilibre, essentiellement pour préserver leur jardin.

Alors que l’axe géopolitique mondial se déplace inéluctablement vers l’Asie et que les structures de pouvoir européennes vacillent, les élites qui dirigent le continent depuis plusieurs décennies se referment sur elles-mêmes. La restriction des espaces de liberté et de démocratie – déjà largement amorcée pendant la pandémie, puis fortement relancée avec la guerre en Ukraine – devient de plus en plus une obsession dominante.

Pour l’instant, l’absence de forces véritablement antisystème (on ne voit que des mouvements d’opposition partielle) menace tout au plus le personnel politique de haut niveau, mais pas le système en lui-même.

Tristement, la seule perspective visible qui pourrait remettre en question cet état de choses serait une défaite dans la guerre, spectaculaire – et douloureuse.

source : Arianna Editrice via Euro-Synergies

https://reseauinternational.net/le-deep-state-europeen/

Importance du terrorisme intellectuel

 

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Combat royaliste 59

Par Philippe Germain

Donald Trump a pris le pouvoir DU politique. Ce qui lui permet de lancer – écrit la presse – une « contre-révolution » anti-wokiste. À l’inverse de la thèse de Gramsci, Trump apriorisé le combat politique « du temps court » afin de pouvoir ensuite gagner la guerre culturelle « du temps long », celle des mentalités. Pour l’instant, la contre-révolution par le haut lui permet de signer des décrets contre le wokismegouvernemental. Bien joué !

Est-ce une piste pour la France ? Il y a quinze ans, la pensée dominante combinait la référence aux droits de l’homme et la mondialisation. Celle-ci serait obligatoirement heureuse en articulant régulation juridique et fédéralisme européen ce qui rapprocherait les pays par le dynamisme économique. La pensée dominante française se ralliait aux idées canons de la démocratie américaine, celles du libéralisme politique et de l’« économique d’abord ». L’épiscopat, crispé sur le « spirituel d’abord », au service du migrant, ralliait cette pensée dominante. Prudente, l’émergente pensée conservatrice préférait prendre l’aiguillage du « culturel d’abord » pour éviter d’être associée au « péril maurrassien ». Celui du politique d’abord et de l’intérêt national comme finalité. Sans doctrine, la pensée conservatrice peinait.

Objectivement alliées, les pensées libérale-libertaire et bourgeoise-bohème pouvaient s’appuyer sur le terrorisme intellectuel de « vigilants » (ainsi s’auto-désignaient-ils). Celui-ci formait un puissant instrument de contrôle social démocratique qui en 2000 fut, non pas dénoncé, mais implacablement démasqué par l’essayiste bainvillien Jean Sévillia. Or, il vient d’enrichir son étude de référence de huit chapitres détaillés couvrant, sur le quart de siècle écoulé, les nouveaux domaines dans lesquels le terrorisme intellectuel s’est déployé : Europe, insécurité, immigration, islamisme, censure des mal-pensants, genre, wokisme, barrage républicain. De plus, Sévillia démasque une nouvelle méthode « terroriste » liée à l’apparition des chaînes d’information en continu et des réseaux sociaux qui fournissent un champ à la liberté d’expression. Pour éviter tout débat, le terrorisme intellectuel pratique une judiciarisation croissante. Dans le Journal du Dimanche, Sévillia explique : « Pour une formule qui a déplu aux professionnels de la vigilance, on risque un procès. Une telle dérive est facilitée par l’évolution législative qui a conféré une interprétation extensive au racisme, concept abusivement applicable aux mœurs ou à la religion ». Voilà pourquoi il faut impérativement lire son dernier ouvrage, Les habits neufs du terrorisme intellectuel.

D’autant que Sévillia explique : « La chaîne CNews a donné une vitrine télévisée [au] courant de droite, achevant de constituer un pôle intellectuel qui échappe à la gauche. Je m’en réjouis, mais je ne crois pas que cela signifie la fin du terrorisme intellectuel car le système reste en place. Des brèches ont été ouvertes, des espaces de liberté ont été créés, mais dans le monde intellectuel, au sein du système médiatique et dans l’enseignement, ces canaux qui façonnent l’esprit des Français, le politiquement correct continue de dominer ». Il est donc encore bien trop tôt pour sauter sur sa chaise comme un cabri en disant « la Droite a gagné la guerre culturelle ». Il faut d’abord mener le combat des idées et c’est pourquoi nous allons, sur plusieurs rubriques, chercher à comprendre la reconfiguration idéologique en cours.

https://www.actionfrancaise.net/2025/01/28/combat-royaliste-59/

Des crimes japonais à ceux des Nazis couverts par les États-Unis, rien n’a changé

 

Le Washington Post couvre toujours les crimes de guerre américains.

«Seiichi Morimura, qui a dénoncé les atrocités japonaises pendant la Seconde Guerre mondiale, décède à 90 ans
Son livre sur l’unité 731, une branche secrète de guerre biologique de l’armée impériale, a aidé à forcer le Japon à affronter son passé de guerre».

La nécrologie dit :

«Seiichi Morimura, un écrivain japonais qui a aidé à forcer le jugement sur son pays avec son exposé de 1981 sur l’unité 731, une branche secrète de guerre biologique de l’armée impériale qui a soumis des milliers de personnes en Chine occupée à des expériences médicales sadiques pendant la Seconde Guerre mondiale, est décédé en juillet 24 dans un hôpital de Tokyo. Il avait 90 ans».

Le livre de Morimura s’est étonnamment bien vendu même lorsqu’il était inhabituel de confronter les Japonais aux crimes impériaux de leur nation.

L’unité 731 n’était à l’époque comparable qu’à certains médecins nazis qui expérimentaient largement sur l’homme :

«À une époque où les manuels scolaires japonais minimisaient souvent les atrocités commises par le Japon pendant la guerre, M. Morimura a interviewé des dizaines de vétérans de l’unité 731 et a documenté avec des détails poignants la conduite de l’opération, qui a été établie en 1938 près de la ville chinoise de Harbin par le médecin japonais Shiro Ishii.

Déguisée en département de prévention des épidémies et de purification de l’eau, l’unité a fonctionné jusqu’à la fin de la guerre comme un terrain d’essai pour les agents de guerre biologique. Le travail de M. Morimura a contribué à déclencher davantage d’enquêtes dans les années 1980 et 1990, qui à leur tour ont conduit à une affaire judiciaire qui a révélé davantage l’étendue des atrocités.

Les auteurs comprenaient de nombreux médecins japonais respectés. Des milliers de personnes – principalement des Chinois, mais aussi des Coréens, des Russes et des prisonniers de huit nationalités au total, selon M. Morimura – ont subi des expériences médicales qui ont été comparées à celles du médecin nazi Josef Mengele.

Les victimes, appelées en japonais «marutas», ou bûches de bois, ont été infectées par le typhus, la typhoïde, le choléra, l’anthrax et la peste dans le but de perfectionner des armes biologiques. Certains prisonniers ont ensuite été vivisectés sans anesthésie afin que les chercheurs puissent observer les effets de la maladie sur le corps humain.

«Je l’ai ouvert de la poitrine à l’estomac, et il a crié terriblement, et son visage était tout tordu par l’agonie. Il a fait ce son inimaginable, il criait si horriblement. Mais finalement, il a arrêté», a déclaré un membre anonyme de l’unité au New York Times en 1995, rappelant une victime qui avait été infectée par la peste. «C’était une journée de travail pour les chirurgiens, mais cela m’a vraiment marqué car c’était ma première fois»».

Plusieurs milliers de personnes, et peut-être beaucoup plus, ont été expérimentées à mort par l’unité.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les membres de l’Unité 731 devaient être jugés pour les crimes de guerre qu’ils avaient commis. L’armée américaine a arrêté cela car elle avait prévu d’utiliser ce que l’unité 731 avait appris pour ses propres guerres :

«La même année que le livre de M. Morimura a été publié, un journaliste américain, John W. Powell, a écrit dans le Bulletin of the Atomic Scientists que le gouvernement américain avait accordé l’immunité aux membres de l’unité 731 en échange des dossiers de laboratoire de leurs recherches. M. Morimura a allégué la même chose. Pendant des années, les États-Unis ont rejeté les rapports sur les expériences de l’unité comme étant de la propagande de la guerre froide».

Il n’y a aucune autre mention de cela dans le reste de la nécrologie du Washington Post.

Le lecteur reste suspendu sans savoir si ces affirmations du gouvernement américain sur la «propagande de la guerre froide» étaient vraies ou fausses.

Les États-Unis ont bien sûr fait ce qui avait été allégué. Des documents ont été publiés qui le prouvent. Les États-Unis avaient fait beaucoup plus.

Le Post répète également de fausses affirmations américaines selon lesquelles le gouvernement japonais aurait entravé les procès pour crimes de guerre contre les membres des unités :

«Cependant, selon des responsables américains, le gouvernement japonais a continué de refuser d’aider les efforts américains visant à placer les auteurs sur une liste de criminels de guerre interdits d’entrée aux États-Unis. 

Ishii a vécu en liberté jusqu’à sa mort d’un cancer de la gorge en 1959. Le Times a rapporté que d’autres vétérans de l’Unité 731 sont devenus gouverneur de Tokyo, président de l’Association médicale japonaise et chef du Comité olympique japonais».

C’est le gouvernement américain, et non le gouvernement japonais, qui a accordé l’immunité aux membres de l’unité 731. Il leur a même payé des sommes élevées pour leurs connaissances :

«Le gouvernement américain a offert une immunité politique totale aux hauts fonctionnaires qui ont joué un rôle déterminant dans la perpétration de crimes contre l’humanité, en échange de données sur leurs expériences. 

Parmi ceux-ci se trouvait Shiro Ishii, le commandant de l’unité 731. Au cours de l’opération de dissimulation, le gouvernement américain a payé de l’argent pour obtenir des données sur les expériences humaines menées en Chine, selon deux documents déclassifiés du gouvernement américain».

Le montant total payé aux anciens membres anonymes de la tristement célèbre unité se situait entre 150 000 yens et 200 000 yens. Un montant de 200 000 yens à l’époque équivaut à 20 millions de yens à 40 millions de yens aujourd’hui.

40 millions de yens équivalent aujourd’hui à 284 000 dollars. Plus agréable d’avoir que de ne pas avoir…

L’armée américaine a utilisé les connaissances acquises par l’unité 731 pour développer un certain nombre d’armes biologiques et les tester, prétendument aussi sur des humains. Il a même utilisé ces armes, comme l’unité 731, pendant la guerre contre la Corée du Nord et la Chine.

Comme l’écrit Jeffrey Kaye, qui a longtemps étudié le cas :

«Une prépondérance des preuves au cours des deux dernières années a établi que les États-Unis ont utilisé des armes biologiques dans leur guerre contre la Corée du Nord et la Chine au début des années 1950. Ceci est basé sur la CIAle ministère de la Défense et d’autres documents gouvernementaux, ainsi que sur une lecture attentive des aveux de vingt-cinq aviateurs américains. Il est temps maintenant de passer à l’examen de la manière dont les États-Unis ont réussi l’opération.

L’histoire qui suit documente ce qui semble être une tentative infructueuse des dépliants de l’Air Force pour avertir la presse et les responsables gouvernementaux de la campagne secrète américaine de guerre bactériologique alors en cours en Corée et dans le nord-est de la Chine».

Cette tentative de dénonciation militaire permet aujourd’hui d’examiner plus largement les preuves entourant les accusations de guerre bactériologique, en particulier la manière dont les bioattaques ont été organisées.

En répétant les fausses déclarations du gouvernement américain sur la «propagande de la guerre froide», en ne la corrigeant pas et en répétant les fausses déclarations américaines accusant le gouvernement japonais d’entraver les procès pour crimes de guerre, le Washington Post dissimule les crimes de guerre américains fondés sur les expériences que l’unité 731 avait faites.

EN PRIME

Joseph Needham a montré peu de temps après les événements que les États-Unis se sont livrés à des attaques de guerre biologique pendant la guerre de Corée. C’est-à-dire «dans le cadre de la mission de l’ONU».

Personne ne doute sérieusement qu’ils l’ont fait.

Tout comme ils ont utilisé des armes biologiques au Vietnam et, éventuellement, par l’intermédiaire d’alliés britanniques en Malaisie également.

Le gouvernement américain et les médias l’ont toujours nié.

C’est à la lumière de cette histoire que les Russes regardent le déni du développement actuel de la guerre biologique en Ukraine. Et l’utilisation apparente du gaz sarin chimique en Syrie.

Il est également entendu que les États-Unis ont utilisé des attaques de guerre biologique contre Cuba.

source : Moon of Alabama via Bruno Bertez

https://reseauinternational.net/des-crimes-japonais-a-ceux-des-nazis-couverts-par-les-etats-unis-rien-na-change/

lundi 27 janvier 2025

Pour le grand savant norvégien Mohamed Elzati, le réchauffement climatique a refroidi la terre

 

Le froid rapplique et les réchauffards se lamentent. Mohamed aurait déjà réservé un billet pour le snowpiercer. Il déclare froidement que le réchauffement climatique a déjà rafraîchi les pays nordiques. Et il annonce pour bientôt l’Europe recouverte par une épaisse couche de glace comme il y a 100.000 ans. Mais que vont devenir ses coreligionnaires qui s’y trouvent si bien ?

Mohamed a raison, mais je l’avais dit avant lui !

Cela fait 15 ans que j’annonce, avec d’autres hérétiques plus qualifiés que moi, que le léger réchauffement s’étant arrêté, de nombreux indices donnent à penser que nous nous dirigeons vers une nouvelle ère glaciaire. Ces propos m’ont valu d’être banni d’Usenet, chassé d’Agoravox, interdit sur Fesses de bouc et blacklisté par Twitter ancienne formule, avant qu’Elon torde le cou à l’oiseau de malheur.

Au GIEC, on trouve des filles chaudes et des mecs givrés

Les filles, c’est pour leur propagande dans les colloques et les télés où perdurent des remugles de machisme. Une ineptie ânonnée par une greluche belle et bien roulée passe mieux que débitée par un barbu boutonneux. En France, ils n’ont pas compris ça et ils envoient à la télé des repoussoirs pour parler d’écologie… Les mecs givrés, c’est pour faire sérieux auprès des pisse-froid qui se gargarisent de la componction glaçante des cuistres.

Pour violer le tabou du Grand Réchauffement, ils racontent qu’il va faire très froid parce qu’il fait trop chaud. Ça pourrait s’insérer dans les cycles de la nature que la terre connaît depuis des millions d’années. Que nenni ! Ces charlots maintiennent qu’ils avaient raison avec leurs obsessions de CO2 et de réchauffement anthropique. Ils vous demandent seulement de croire les nouvelles crucheries accouchées par leurs cerveaux déficients pour expliquer que tout ne se déroule pas comme prévu.

Notre ami Mohamed a déclaré au site de vulgarisation scientifiques « Live Science » qui n’est pas une revue à comité de lecture : « Nous avons constaté un refroidissement de l’eau dans les mers nordiques que nous avons pu relier à un réchauffement du climat mondial en raison de la fonte accrue de la glace de mer. »

L’observation est partielle et les conclusions sont partiales. Les observations satellite des trente dernières années montrent les mouvements des glaciers et de la banquise arctique. Quand ils reculent d’un côté, ils se renforcent de l’autre. Sur plusieurs années, leur surface et leur volume auraient tendance à rester stables ou à augmenter légèrement. Et c’est le gouvernement du Groenland qui le dit !

Par contre, on observe depuis plusieurs décennies dans l’hémisphère austral un phénomène qui n’a rien à voir avec le prétendu réchauffement global. Les glaciers de l’Antarctique se fractionnent sous leur poids, l’érosion des vagues, les mouvements telluriques et l’activité volcanique du « continent blanc ». Des masses de glace continentale, emportées par les courants, partent à la dérive avec les otaries, refroidissant le Pacifique jusqu’en Polynésie.

Les réchauffistes étaient des refroidistes avant, et ils pourraient le redevenir

Dans les années 1970, l’apocalypse glaciaire inquiétait les scientifiques. Parmi eux, d’éminents climatologues à la vocation tardive, comme l’inénarrable Jean Jouzel, ingénieur atomiste, un temps chef du GIEC avec son acolyte le truculent Rajendra Pachaury (RIP) ingénieur ferroviaire. Un peu étourdi, ce dernier avait mélangé les chiffres de fonte des glaciers et confondu le budget de la mafia réchauffarde avec son porte-monnaie. Vert jusqu’au bout, il était visé à 79 ans par des procédures pour harcèlement sexuel.

Et puis le Gang International des Escrologues Climatistes est arrivé. Avec ses sinécures avantageuses, ses généreuses subventions, la gloire et des voyages 5 étoiles avec call girls ou escort boys au choix, pour ceux qui oubliaient la méthode scientifique basique : observations, corrélations, démonstrations, reproductibilité, validation collective.

Aujourd’hui, on est moins péremptoire. « Il semblerait » qu’on se dirige vers l’effondrement des courants océaniques, et la fonte d’une partie des glaces à défaut de faire déborder l’océan Atlantique, aurait commencé à modifier la circulation du Gulf Stream, refroidissant les rivages d’Europe. En fait de découverte, c’est une extrapolation hasardeuse de la circulation thermohaline décrite et analysée au XIXe siècle.

Les courants marins circulent depuis la zone équateur-tropiques en direction des zones polaires par un effet de circulation thermohaline. C’est la résultante d’échanges dynamiques provenant des écarts de température et de densité des masses d’eau à l’échelle océanique qui provoque ces mouvements, véritables fleuves dans la mer orientés selon la force de Coriolis. L’eau plus salée et plus chaude remonte en latitude, perd du sel et des degrés, et redescend.

Quelques icebergs qui fondent au passage ont autant d’influence que la pluie sur ce phénomène planétaire qu’on connaît mieux depuis la guerre froide grâce au SOSUS (Sound Surveillance System) un réseau américain d’hydrophones destiné à repérer les sous-marins soviétiques naviguant dans l’Atlantique Nord. Aujourd’hui les submersibles russes sont furtifs.

La carte de la circulation thermohaline montre que le Gulf Stream, après s’être refroidi aux hautes latitudes, redescend le long des côtes du Groenland, impactant depuis toujours l’Est des USA, ce qui explique que New York City, situé sur le 40e parallèle Nord comme Naples en Italie a un climat nettement plus froid. Par contre, l’influence sur les climats nordiques européens est marginale.

Mohamed n’en démord pas, il fait froid parce qu’il fait trop chaud

Ce Norvégien regrette-t-il de ne pas vivre dans le pays de ses ancêtres ? Où, même s’il neige un peu dans le Sahara et en Arabie,  la température reste agréable pour les gens frileux. Préservés du pire. Provisoirement. Parce que sans une réduction de la température mondiale et des émissions de CO2, la Terre se dirige vers une nouvelle période glaciaire. Une catastrophe inéluctable si Donald continue à écraser les cafards réchauffards.

La dendrochronologie (étude des cernes des arbres y compris ceux pétrifiés) considérée comme une excellente méthode de datation en archéologie pour les périodes remontant jusqu’au Mésolithique (9000 ans en arrière) enregistre des suites d’événements brutaux et rapides, en plus chaud, plus froid, plus humide, plus sec… Sans aucune influence anthropique bien évidemment. Confrontés à ce genre d’études, les réchauffards n’ont d’autre alternative que de s’enferrer dans  le déni ou de tricher délibérément. Et ils ne s’en privent pas.

Quand c’est fini, ça recommence ! Comme au théâtre de Guignol

La supercherie consistant à présenter le léger réchauffement climatique du XXe siècle comme un fait exceptionnel est d’autant plus patente qu’il y a 15.000 ans, des changements climatiques très brutaux, conséquence de modifications de la circulation atmosphérique liées à l’activité solaire avec une incidence des cycles de Milankovitch, se sont produits à deux reprises dans l’hémisphère Nord selon une étude publiée par la revue Science.

« Des analyses des isotopes d’oxygène emprisonnées dans des carottes de glace du Groenland ont montré que ces renversements climatiques se sont produits aussi abruptement que si quelqu’un avait soudain appuyé sur un bouton », selon Dorthe Dahl-Jensen , de l’université de Copenhague, coautrice de l’étude.

Le climat a d’abord basculé il y a 14 700 ans avec une augmentation des températures de plus de 10 degrés Celsius, en seulement 3 ans ! Puis, après un nouveau coup de froid, une hausse équivalente s’est produite en 60 ans il y a 11 400 ans, à la fin de la dernière période glaciaire. Rendant la terre plus habitable et déclenchant la révolution néolithique.

La dernière période glaciaire s’est achevée de manière très brutale, avec deux épisodes de réchauffement intense interrompus par une brève période froide. Le tout en l’absence de dégagement de gaz à effet de serre (CO2, méthane…) d’origine humaine… La Tondelière s’en est étonnée : « Ah bon ? Les Cro-Magnon n’avaient pas de camions ni d’avions ? Vous en êtes sûrs ? ».

Christian Navis

https://climatorealist.blogspot.com/

https://ripostelaique.com/pour-le-grand-savant-norvegien-mohamed-elzati-le-rechauffement-climatique-a-refroidi-la-terre.html

Alors t’es écolo, Coco ?

 

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Le billet de Patrick Parment

Voici maintenant des décennies qu’on nous bassine avec l’écologie qui est devenu une sorte de fourre tout qui permet, une fois de plus, à quelques zozos de s’en mettre plein les poches. De nombreux scientifiques contestent le fameux « effet de serre », couche d’ozone et autre CO2.  Notre seule certitude, à ce jour, c’est en effet le réchauffement climatique ou plutôt un climat qui ne respecte plus à la lettre les saisons telles que nous les connaissions. La cause majeure de ces bouleversements climatiques n’a rien d’ésotérique, il s’agit tout simplement d’un cycle tel qu’en a connu la terre depuis qu’elle existe. Où s’alterne saison froide et saison chaude. Aussi venir nous seriner que ce réchauffement relève uniquement des méfaits de l’homme sur la nature est en grande partie faux. Car depuis plus d’un siècle, avec une industrialisation acoquinée au capitalisme, l’homme a profondément altéré son environnement et détruit de nombreux écosystèmes. La faune et la flore sont là pour en témoigner, sans parler de la mise en danger de nos océans amplement pollués par le plastique.

Le vrai problème est bien le système économique sur lequel repose l’exploitation éhontée des ressources terrestres et pas seulement du pétrole, du gaz et du charbon. Avec la découverte du pétrole, l’homme s’est retrouvé avec entre les mains une puissance énergétique jamais atteinte, ce qui a permis le développement de machines qui sont venues remplacer le labeur humain. Ce que démontre fort bien dans ses discours Jean-Marc Jancovici, polytechnicien et spécialiste des problèmes d’énergie. Industrialisation et capitalisme ont rapidement marché de concert. Mais, revers de la médaille, c’est aussi ce qui a entraîné une course folle à l’exploitation des ressources, car d’innovations en innovations, le capitalisme a engendré une société de consommation qui a accouché d’une surabondance d’objets dont beaucoup sont aussi éphémères qu’inutiles. Mais qui a par ailleurs aussi multiplié les besoins et donc l’augmentation perpétuelle d’énergie. D’autant que l’énergie nucléaire est venue renforcer les puissances énergétiques nécessaires.

Or, aujourd’hui, notre problème majeur, c’est moins le soi-disant CO2 que le modèle économique qui régit la société de consommation. Car, conjointement, le réchauffement climatique nous enjoint à modifier nos comportements face à l’exploitation de la nature. Ce qui en fait revient à mettre en cause le capitalisme, cette course effrénée du gain que transcrit fort bien la Bourse. Dommage collatéral du capitalisme, la négation des cultures et la marchandisation de l’homme. Signalons au passage quand même que la liberté d’entreprendre, voire la liberté tout court, n’est pas l’apanage du capitalisme. Et contrairement à une idée reçue labellisée républicaine, la monarchie n’est en rien un régime totalitaire.

Modifier nos comportements face à la nature n’est pas une mission impossible, loin s’en faut. Nos connaissances scientifiques nous permettent largement d’être moins nocif à l’égard de la nature, tout en restant au niveau de nos besoins énergétiques. Ce qu’il faut casser, c’est bien la logique de cette société de consommation et de ne produire que selon nos besoins. A titre d’exemple, prenons ce symbole des temps modernes qu’est la voiture. D’une part on sait faire de voitures peu gourmandes en carburant, dont la 2 CV est l’éminent symbole. D’autre part, il faut arrêter avec la voiture électrique qui nécessite un débordement d’énergie qui n’est plus de mise.  Par ailleurs, en matière d’énergie nous avons plusieurs solutions. La première, la plus efficace et la moins polluante est l’énergie nucléaire, mais pas inépuisable. Ensuite nous avons aussi la biomasse, la géothermie et surtout l’hydrogène dont on ne maîtrise pas encore toute la technologie. Toutes ces énergies peuvent être développées tant à grande qu’à petite échelle. Encore faut-il les mettre en route. Tout ceci nécessite évidemment une remise en cause de notre quotidien et imaginer d’autres modes de fonctionnement. Mais l’homme n’a-t-il pas fait que cela depuis qu’il est sur terre ?

http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2025/01/27/alors-t-es-ecolo-coco-6532867.html

Avec l’arrivée de Trump, l’Europe doit revoir sa politique climatique

 

Capture d'écran
Capture d'écran
Donald Trump ne s’est pas fait attendre : une demi-heure après son investiture, il se retirait pour la seconde fois de l'Accord de Paris. Courage diront certains, inconscience proclameront d’autres, peu importe. Le nouveau locataire de la Maison Blanche ratifie la mort administrative d’un traité... mort-né, dont l’Institut Européen Copernicus avait voici deux semaines signé l’acte de décès. L’année 2024 est la première de l’ère industrielle à avoir dépassé la limite fatidique : la barre des 1,5° « horizon 2100 » dont les écologistes avaient fait un totem après la COP21 aura donc été dépassée avec…75 ans d’avance.

Abhorrer la personnalité de Donald Trump n’y changera rien. En signant ce décret, le nouveau Président a le grand mérite de renvoyer à l’Europe les images de son égarement écologique et lui conseille implicitement de revoir sa copie de fond en comble. Car, les élites européennes sont aujourd’hui les seules à y croire encore béatement.

Un échec multifactoriel

Presque dix années jour pour jour après la grande messe du Bourget, les résultats sont catastrophiques : les émissions continuent de s’accroitre régulièrement au rythme des consommations fossiles battant des records année après année. Entre 2015 et 2024, la part de fossiles dans le mix mondial est restée au-dessus de 80 %. Le diagnostic de cet échec cuisant est multifactoriel. Les pays émergents qui représenteront en 2050 90 % de la population veulent légitimement continuer leur développement, tandis que la nouvelle logique de blocs (BRICS, Etats-Unis et Europe) pousse à la confrontation plutôt qu’à la coopération multilatéraliste espérée après la chute de l’Union Soviétique.

Quant au business vert européen qui devait générer des millions d’emplois, c’est un malade en phase terminale. Ses trop faibles rendements économiques (inférieurs à 5 %) ne retiennent les investisseurs qu’à coup de centaines de milliards de subventions publiques. En en continuant de mettre en œuvre à la lettre son morbide Pacte Vert, l’Europe est en train de suicider « sur l’autel de la vertu » ce qui lui reste de son industrie. Ainsi, le secteur automobile, jadis fleuron de l’économie européenne, se saborde lentement mais sûrement avec à la clé la destruction de 13 millions d’emplois. Quant aux grands groupes énergétiques, ils quittent l’un après l’autre le train des renouvelables pour réinvestir massivement dans les énergies fossiles qui fournissent des rendements supérieurs à 15 %. En 2025, les investissements dans le pétrole et le gaz devraient atteindre 1.250 milliards de dollars soit le deuxième plus haut historique après 2015.

Empreinte carbone et gaz de schiste

Les émissions territoriales du Vieux Continent qui ont baissé de 30 % depuis 1990 ne sont qu’un trompe-l’œil. Au cours des deux dernières décennies la décarbonation européenne repose surtout sur la délocalisation de l’industrie lourde, alors que les émissions dans le transport et le bâti stagnent. Ainsi, la baisse des émissions 2023 de 5 % dont s’est réjoui le gouvernement sont essentiellement corrélées… aux faillites d’entreprises. Cette délocalisation se lit en filigrane de l’empreinte carbone qui reste quasi constante.

Depuis l’embargo sur le gaz Russe qu’il n’importe plus, le Vieux Continent se drogue au Gaz (de schiste) Naturel Liquéfié (GNL) américain vendu en Europe cinq fois plus cher qu’aux Etats-Unis. Légitimement, on aurait pu attendre que le nouveau locataire de la Maison Blanche fasse preuve d’un peu de mansuétude vis-à-vis de son meilleur client. Mais rien n’arrête Trump ! Considérant que l’Europe ne lui achète pas suffisamment de voitures et de denrées agricoles, il a décidé d’assujettir d'une taxe à hauteur de 20 % les importations européennes. Certes inférieure aux 60 % qui seront appliquées aux denrées chinoises, cette taxe devrait particulièrement impacter l’industrie du luxe qui exporte massivement aux Etats-Unis. La présence de Bernard Arnault à la cérémonie d’investiture n’y fera rien : le Moët & Chandon et les sacs Vuitton seront surtaxés.

Adaptation et/ou atténuation

Face à cette double attaque climatique et économique, mais surtout face à l’impasse de sa transition avortée, l’Europe doit cesser de jouer aux bisounours et revoir de fond en comble son logiciel climato-énergétique.

Tous les scénarios prospectifs sérieux montrent que les émissions de GES 2050 auront à peine baissé par rapport à la situation actuelle et que la planète se nourrira toujours de plus de 50 % d'énergies fossiles. Ces scénarios montrent aussi de façon implacable que le réchauffement climatique va se poursuivre pour atteindre à la fin du siècle entre 2,5° et 3°.

A condition de s’y adapter, ce monde n’est pas, comme certains le proclament, invivable. Il est donc indispensable de rééquilibrer de façon drastique le ratio entre atténuation (représentant aujourd’hui plus de 90 % des investissements) et adaptation du parent pauvre du système.

L’adaptation requiert de se protéger contre deux types de fléaux climatiques : d’une part, ceux principalement responsables de dégâts matériels (inondations, tempêtes, cyclones, feux de forêts) et d’autre part, ceux principalement responsables de dégâts humains (sécheresses, vagues de chaleur, stress hydrique). Par rapport à l’atténuation qui se doit d’être mondiale (les GES n’ont pas de frontières !), l’adaptation a un avantage compétitif déterminant pour une nation : elle est territoriale. Un pays, une région et même une commune peuvent s’adapter indépendamment de leurs voisins.

Philippe Charlez

La traite des Slaves

 

par Aleksandr Lavrov

Il est difficile actuellement de vivre en France, de s’intéresser à l’histoire, à plus forte raison d’être historien, et d’ignorer complètement le débat sur l’esclavage. Pour les uns, la traite coloniale, et surtout la traite transatlantique, n’est plus seulement un objet entre autres de la recherche : elle est revendiquée comme repère d’identité et objet de mémoire par les descendants des déportés. Pour les autres, en majorité des historiens, le phénomène de l’esclavage colonial, organisé par les Européens, doit être mis en parallèle avec d’autres phénomènes des Temps modernes. C’est ce que tente de faire le livre de l’historien américain Robert C. Davis, qui porte sur l’esclavage des Européens dans les pays du Maghreb aux XVIe-XVIIIe siècles. L’auteur, qui n’est pas toujours assez critique à l’égard de ses sources, essaie de montrer qu’il s’agissait d’un groupe de plusieurs dizaines de milliers d’esclaves. Il est intéressant de remarquer que cette dernière étude fut tout de suite traduite en France.1

Ce n’est sans doute pas un hasard si Alexandre Skirda a tenu à exprimer son approbation pour cet «exemple de […] démarche d’authentique recherche historique». Le sous-titre de son livre («L’esclavage des Blancs») renvoie lui aussi au livre de Davis. Mais alors que celui-ci traite des Temps modernes, la plus grande partie du livre de Skirda est consacrée au Moyen-Âge. Or la notion de «race» n’existait pas dans le monde médiéval d’Occident ; mettre l’accent sur la race est donc anachronique. C’est que A. Skirda a évidemment été influencé par l’ouvrage de Bernard Lewis sur la «race» et l’esclavage en pays d’Islam, dont il a fait une lecture quelque peu sélective, pour projeter ensuite les idées de Lewis dans le monde médiéval. Projection illégitime car, pendant le Moyen-Âge, les Slaves, capturés et réduits en esclavage par leurs voisins, étaient considérés comme vaincus et perdants (avec toutes les conséquences que cela entraînait), mais pas comme des sous-hommes. C’est là la grande différence avec l’expérience de l’esclavage colonial des Temps modernes, véritable chantier des idéologies racistes.

«Les Slaves, dans leurs groupes communautaires, n’avaient pas, à l’origine, de membres privés de la liberté», écrit Alexandre Skirda. «Il s’était bien créé parmi eux une classe de gens plus opulents, mais tous participaient aux mêmes droits et tous étaient libres» (p. 139). L’auteur regarde l’esclavage dans la Rus’ médiévale comme imposé par les Vikings, qui pratiquaient le commerce international des esclaves. L’auteur ne mentionne pas l’histoire de l’esclavage russe médiéval (holopstvo), non plus que les débats entre historiens sur les parts respectives des esclaves étrangers et moscovites au sein des différentes catégories de holop. Selon Skirda, les Slaves auraient été victimes d’une chasse à l’homme menée à partir du haut Moyen-Âge, d’abord par les Vikings et les Allemands, puis par les Génois, les Tatars et les Ottomans. Mais ce sont surtout les musulmans et les juifs qui attirent l’attention de l’auteur, à cause de l’énergie particulière dont ils auraient fait preuve dans ce commerce.

Les pages de son livre consacrées aux Tatars de Crimée mériteraient de servir d’exemple dans un séminaire portant sur les stéréotypes et l’usage non critique des sources dans la littérature de vulgarisation contemporaine. Les Tatars sont des «prédateurs permanents». Ils «ne connaissaient ni l’agriculture, ni les métiers, et ne s’occupaient exclusivement que de l’élevage du bétail et des chevaux». Leur «abominable pédagogie» – l’auteur cite le récit de Sigismond von Herberstein, selon lequel les captifs vieux ou malades étaient livrés aux jeunes Tatars pour être achevés – ne «pourrait produire que des monstres» (p. 172, 177).

L’image des marchands juifs est un peu différente. L’auteur reconnaît que la majorité des juifs médiévaux n’avait rien à voir avec le commerce des esclaves. Malgré cela, une corporation spéciale de marchands juifs (les Radânites, comme les appelle l’auteur) est déclarée responsable de l’organisation de la traite. Ici on décèle très clairement l’influence néfaste des idées de Lev Gumilev sur le rôle des juifs au sein de certaines sociétés médiévales. En réalité, les autorités ottomanes n’auraient pas pu céder à des marchands non musulmans le monopole du commerce des esclaves, puisqu’elles auraient dû alors renoncer à convertir ceux-ci à l’islam.

Bien que l’auteur ait connaissance de l’interdit religieux en vertu duquel les juifs ne pouvaient ni vendre des esclaves ou des eunuques, ni procéder à la castration (p. 93), il les accuse d’être des «fabricants d’eunuques» (p. 87). La même accusation (d’organiser la castration des captifs) est portée contre les Arméniens et les moines coptes (p. 125). Selon Skirda, cette opération était souvent effectuée par des médecins spécialisés dans la circoncision. Ces pages du livre sont gênantes, et vérifient parfaitement l’analyse de Sigmund Freud : il associe la peur des juifs à celle de la circoncision, qui à son tour fait penser à la castration (travaux de 1909-1910, «Moïse et le monothéisme»).

La logique interne de l’exposé d’Alexandre Skirda exige que, face aux «méchants», apparaissent les «bons». Ici, ce sont les Cosaques, que l’auteur décrit comme «un mouvement d’autodéfense» (p. 178) slave contre les razzias des marchands d’esclaves ; à le lire, les Cosaques seraient très proches des partisans de Mahno. Il s’intéresse surtout aux Cosaques du Dniepr, peut-être parce que les fameuses expéditions navales furent le fait des Cosaques du Don. Il n’est pas étonnant que les prises d’otages et la capture de prisonniers par les Cosaques, étudiées récemment par Victor Ostapchuk2, ne soient pas mentionnées dans le livre de Alexandre Skirda.

À ce point, plusieurs critiques d’ordre général s’imposent. La première concerne le rôle des religions dans la société médiévale. A. Skirda affirme que le christianisme et l’islam adoptèrent, face à l’esclavage, «un rôle ambigu» (p. 222). Tous les arguments lui sont bons – y compris la citation de Alexandre Eck, qui indique que l’Église elle aussi possédait des esclaves (p. 161). Mais il faut bien voir la tendance opposée, qui était beaucoup plus forte et plus importante. Il est hors de doute que la christianisation des sociétés médiévales a eu pour effet de réduire le nombre de ceux qu’il était permis de réduire en esclavage. L’islamisation des sociétés conquises par les Arabes ou les Ottomans a joué dans le même sens. Par exemple, dans l’empire Ottoman, un musulman (ou même un non-musulman, sujet de l’Empire) ne pouvait être réduit en esclavage. Du reste, particularité qui semble avoir échappé à l’auteur, les monothéistes (par exemple, les orthodoxes) n’étaient pas les plus menacés, mais bien plutôt ceux qui étaient considérés comme «païens», par exemple les habitants du Caucase du Nord au début des Temps modernes.

La deuxième critique concerne l’esclavage criméen ou ottoman. L’auteur ignore que l’esclave se voyait très souvent proposer l’affranchissement, à condition de se convertir à l’islam. Ce n’était pas le cas pour tous les esclavages de l’époque moderne : ainsi plusieurs catégories de holopstvo étaient héréditaires. De plus, l’auteur reprend des clichés historiographiques éprouvés, par exemple lorsque traitant de la situation des rameurs aux galères, il la qualifie de «destin des plus cruels» (p. 196). Nous avons déjà eu l’occasion d’écrire qu’il serait préférable, avant de s’indigner, de définir les critères. S’il s’agit de l’exploitation des rameurs et de leurs conditions de vie effrayantes, Skirda a raison. Si l’on s’intéresse en revanche aux pressions exercées sur eux pour les contraindre à la conversion (c’est-à-dire à un changement d’identité), la situation des rameurs était moins pénible que celle des maisons nobles, soumises à des pressions plus fortes, et l’on ne peut qu’exprimer son désaccord avec l’auteur.

La lecture attentive de l’ouvrage de Alexandre Skirda suscite deux réflexions, qui portent d’une part sur le départ des grandes idéologies du champ de la recherche historique (ce qui laisse le champ libre à l’histoire «mémorielle» avec toutes ses dérives), d’autre part sur la communication interne entre les historiens.

Même lorsque l’historien qui étudie l’esclavage refuse la terminologie marxiste, cela ne l’autorise pas pour autant à négliger les acquis d’une école historique tout entière, pour laquelle l’esclavage n’est pas un phénomène en soi : il représente soit la base même sur laquelle s’édifie un mode de production (l’esclavagisme), soit une institution au sein d’une société différente, féodale par exemple. On peut rappeler à l’auteur que plusieurs historiens analysent la Rus´ pré-mongole comme une société caractérisée par une forte proportion d’esclaves. L’histoire du holopstvo moscovite, alimenté en grande partie par les prisonniers de guerre, est également passée sous silence par l’auteur (ainsi d’ailleurs que son abolition par Pierre le Grand). En revanche, les premières tentatives d’introduction du servage à la fin du XVIe siècle sont assimilées par Alexandre Skirda à l’introduction de l’«esclavage» (p. 177), ce qui constitue un grave anachronisme.

On sait que la communication entre les historiens n’est pas toujours facile, surtout lorsqu’ils appartiennent à des branches différentes de la recherche. C’est pourtant cette communication qui leur permet d’éviter les erreurs et les lacunes les plus graves. On dirait que le livre de Skirda a été écrit dans un ermitage spécialement conçu pour éviter à l’auteur tout contact avec ses collègues. Il suffisait de consulter un hébraïste pour apprendre que gueniza/guenizah ne signifie pas les «archives», mais l’endroit où l’on déposait provisoirement les fragments de manuscrits religieux en attendant de les enterrer (p. 89). Une courte discussion avec un spécialiste de l’Europe de l’Est lui aurait appris que les Khazars étaient sédentaires, et non pas «nomades» (p. 141) et qu’une guerre des Varègues contre les Petchenègues relevait de l’histoire-fiction (p. 157). Un slavisant pourrait ajouter que la Chronique des temps passés (dite «de Nestor») ne se confond pas avec les «Chronographes», ou histoires universelles (p. 144), et que Ejsk et Taganrog, fondées respectivement en 1777-1778 et en 1698, ne pouvaient donc pas être des colonies de Gênes (p. 163).

Dans le chapitre des lacunes, il faut citer le livre de l’historien américain Richard Hellie3, qui estime que les Moscovites préféraient réduire en esclavage leurs compatriotes, ainsi que la polémique qu’il a déclenchée : les historiens russes ont insisté au contraire sur le pourcentage élevé de prisonniers de guerre parmi les holopy. Alexandre Skirda les ignore, tout comme la seule étude sérieuse consacrée aux eunuques, celle de Maryna Kravets. Lui qui s’intéresse tant aux eunuques aurait pu mettre à profit ses conclusions : M. Kravets montre que les eunuques employés à la cour des Khans n’étaient pas des Slaves, mais des Africains, envoyés spécialement à Bahčisaraj par les sultans ottomans.4

Sous l’influence de la traite transatlantique, l’auteur privilégie un seul parcours : captivité, réduction en esclavage, exportation vers un pays lointain, avec déracinement culturel et impossibilité de retour. Il oublie cependant qu’il s’agit, sur la frontière ottomane, d’un esclavage temporaire ayant pour but d’obtenir une rançon, auquel cas la question de la conversion ou de l’intégration de l’esclave dans la société ne se posait pas. Pour la même raison, il ne s’intéresse guère à la situation des esclaves en Italie ni aux articles qui la décrivent.5

Les fautes d’érudition peuvent sembler mineures en comparaison des erreurs de fond, elles n’en sont pas moins gênantes. Très souvent l’auteur cite les sources d’après les livres d’histoire, et les livres d’histoire d’après les ouvrages de compilation. Lorsqu’on se réfère à Aristote ou à Thucydide, on doit indiquer (comme pour tous les classiques) le chapitre et le paragraphe, et non pas seulement la page d’une traduction (p. 76). Skirda prend le recueil d’articles de Halil Inalcik, Studies in Ottoman social and economic history (Variorum reprints, 1985) pour une revue, et déforme le titre («social and economical history» : l’histoire à peu de frais ?) (p. 173). Les statistiques de captifs que donne Inalcik ne proviennent pas des «archives ottomanes», mais s’appuient en partie sur les estimations de Novosel´skij. Quand Alexandre Skirda cite Inalcik pour confirmer les estimations de Novosel´skij, il présente donc un raisonnement circulaire. Le nom de l’historien polonais Maurycy Horn, translittéré en caractères cyrilliques dans une publication russe, est retranslittéré par l’auteur en caractères latins, ce qui donne «Khorn».

On ne peut reprocher à Alexandre Skirda de mal connaître le russe ou l’ukrainien, car ses anciens travaux le révèlent traducteur attentif et habile. Comment alors a-t-il pu transformer le hetman Dem’jan Mnohohrišnyj (nom de famille signifiant «qui a beaucoup péché») en «Monogretchny» ? Faut-il comprendre «qui se nourrit uniquement de kacha» ? Enfin, lorsqu’il cite la relation de Michalon Litwin, publiée en 1615, il remarque que Litwin visita le Khanat de Crimée en 1640-1643 (p. 176). La relation serait-elle une œuvre d’anticipation ?

Par-delà ces erreurs de détail, le principal reproche que l’on puisse faire à l’auteur est d’être de parti pris. Certes, les prisonniers tatars et turcs en Moscovie – ou dans l’Empire des Habsbourg – étaient beaucoup moins nombreux que les prisonniers moscovites ou impériaux de l’autre côté de la frontière. Mais dans cette guerre frontalière sans fin, les statuts juridiques de tous les prisonniers étaient comparables. Essayer de comprendre la situation dans son ensemble, sans oublier aucune de ses composantes, au moyen d’une analyse transversale se révélera certainement plus fructueux à long terme que de donner libre cours à son indignation. Pour généreuse qu’elle soit, celle-ci ne fait pas bon ménage avec l’histoire.

Référence papier

Aleksandr Lavrov et André Berelowitch, «Alexandre Skirda, La traite des Slaves», Cahiers du monde russe, 51/4 | 2010, 665-669.

Référence électronique

Aleksandr Lavrov et André Berelowitch, «Alexandre Skirda, La traite des Slaves», Cahiers du monde russe [En ligne], 51/4 | 2010, mis en ligne le 09 décembre 2011, consulté le 30 juillet 2023. URL : http://journals.openedition.org/monderusse/7358 ; DOI : https://doi.org/10.4000/monderusse.7358

source : L’Échelle de Jacob

Notes :

  1. Robert C. Davis, «Christian Slaves, Muslim Master – White Slavery in the Mediterranean, the Barbary Coast, and Italy, 1500-1800», Basingstoke : Palgrave MacMillan, 2003 ; «Esclaves chrétiens, maîtres musulmans : L’esclavage blanc en Méditerranée (1500-1800)», traduit de l’anglais par Manuel Tricoteaux, P. : Babel, 2007.
  2. Victor Ostapchuk, «The Human Landscape of the Ottoman Black Sea in the Face of the Cossack Naval Raids», Oriente Moderno, n.s., XX, (LXXXI), (1), 2001.
  3. Richard Hellie, Slavery in Russia, 1450-1725, Chicago-Londres : University of Chicago Press, 1982.
  4. Maryna Kravets, «Blacks beyond the Black Sea : Eunuchs in the Crimean Khanate», in Behnaz A. Mirzai, Ismael Musah Montana and Paul E. Lovejoy, éds., «Slavery, Islam and Diaspora», Trenton, NJ : Africa World Press, 2009, p. 21-36.
  5. Ines Origo, «The Domestic Enemy. The Eastern Slavs in Tuscany in xiv-xv Centuries», Speculum, 30, 1955, p. 321-366 ; S.M. Stuard, «Urban Domestic Slavery in Medieval Ragusa», Journal of Medieval History, 9, 1983, p. 155-171.

https://reseauinternational.net/la-traite-des-slaves/