mercredi 29 janvier 2020

Mosanto ou un nouveau servage à l'échelle planétaire ?

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Dans des laboratoires ultra secrets et ultra protégés, pour faire toujours plus de fric, on cherche à modifier l'ordre naturel du monde et à engendrer des monstruosités végétales (ici du blé transgénique in vitro).
Qu'est-ce que Monsanto ? C'est l'archétype de la multinationale tentaculaire et planétaire ! Née en 1901, active dans 46 pays, forte de 17500 salariés et d'un chiffre d'affaires de 7,5 milliards de dollars en 2006.
Monsanto s'est fait véritablement connaître comme nuisance globale avec le fameux Agent orange. Un défoliant à base de dioxine largué à partir de 1961 et pendant une décennie sur les forêts du nord Vietnam couvrant le lacis de la "piste Hô Chi Minh" par laquelle transitait hommes et armes à destination du Sud. Puissamment carcinogène, tératogène et mutagène l'Agent orange, 47 ans plus tard, continue à tuer. Au glorieux palmarès de la marque, ajoutons l'herbicide total connu sous le nom de Roundup présenté mensongèrement comme biodégradable, un produit pourtant suspect de favoriser des malformations embryonnaires et d'être un agent précurseur de la carcinogénèse ; l'édulcorant de synthèse Aspartame possible Inducteur de Lésions cérébrales que l'on retrouve dans tous Les produits light mais pour lequel la firme ne touche plus aujourd'hui de royalties, le brevet étant tombé en 1992 dans le domaine public ;
ajoutons les hormones de croissances bovine et laitière interdites en Europe ; les PCB, polychloroblphényles ou pyralènes utilisés dans les transformateurs électriques mais qui ont contaminé chacun d'entre nous et toutes la chaîne alimentaire depuis les phoques de l'Arctique jusqu'au lait humain ; enfin les OGM, Organismes Génétiquement Modifiés grâce auxquels Monsanto via ses complicités dans l’Administration américaine donneuse d'ordre aux classes dirigeantes de la démocratie mondiale, est en train d'établir une hégémonie planétaire sur les semences. Ce qui signifie en clair la mise sous tutelle de l'agriculture et partant la dépendance alimentaire des États.
Au service de qui ?
L’Amérique déjà maîtresse des robinets pétroliers aurait ainsi aussi à sa main le sort des nations placées sous l'épée de Damoclès d'un embargo semencier, de pénuries, voire d'un retour des disettes. L'énergie et l'alimentation, quoi de mieux pour assurer une domination mondiale et Instaurer indirectement un nouveau servage, universel cette fois ?
Or, à quoi servent Les OGM ? Inexistants avant 1993, les OGM végétaux (soja, maïs, coton) couvraient en 2006100 millions d'hectares, soit 7 % des terres cultivées (un milliard et demi d'hectares). Certains d'entre eux sont prétendument utiles à rendre les plantes résistantes aux insectes ravageurs, ce qui est évidemment archifaux.
Dans les coffres de Monsanto, est stocké le capital génétique de l'humanité. Et ne sont mis sur le marché que quelques variétés de semences hybrides ne pouvant pousser qu'avec des engrais fabriqués et vendus par la même firme. La boucle est bouclée...
Face à ces mastodontes, quelques courageux se lèvent encore en arrachant des pieds de maïs transgéniques. Dommage que cette nébuleuse ait un curseur idéologique qui retarde de vingt ans (antiracisme, antifacisme...). Face au libéralisme qui nous lamine, ils risquent, par leur sectarisme de finir, avec nous, sous les décombres...
En France par exemple, la attaque toujours les plantations BT pourtant réputées résistantes. D’autres variétés sont censées rendre les végétaux réfractaires aux herbicides, en particulier au Rondup généreusement déversé à travers le monde sur les terres agricoles avant de se retrouver un jour ou l’autre dans la nappe phréatique. précisons que la question cruciale de l’innocuité en soi des OGM pour la santé humaine est encore loin d’être réglée car de vrais doutes subsistent ! Ce qui pose la question de leur dissémination dans l’environnement. Une contamination qui se généralise, des souches naturelles crée dans certains cas des situations ubuesques : au Paraguay, au Brésil ou aux Etats-Unis, des agriculteurs dont les cultures ont été contaminées par OGM se voient en effet contraints de verser des royalties à Monsanto ! En Inde, les graines de coton non OGM se raréfient. Or les semences brevetées sont quatre fois plus chères et requièrent tout autant de pesticides contrairement à ce que prétend Monsanto. Les déclarations des Organisations internationales présentant les OGM comme "un moyen de lutte contre la famine et la sous-nutrition" au bénéfice des "petits propriétaires des pays en développement" prennent au final tout leur sens quand on sait qu'en 2006, le coton BT soi-disant résistant, mais atteint par la maladie, a sur un semestre entraîné la faillite et le suicide de quelque 680 paysans indiens !
Un véritable danger
À quoi donc finalement servent Monsanto, sa chimie, ses OGM ? À polluer la planète ; à créer un empire financier, rouleau compresseur que plus rien ne semble devoir arrêter et qui étend chaque jour d’avantage son emprise dans le monde où les entreprises semencières sont rachetées les unes après les autres conférant progressivement au géant nord-américain un quasi-monopole planétaire. Rien ni personne ne lui résiste les gouvernements compadres comme celui qui est aujourd’hui à la barre en France, après avoir donné des assurances, reviennent sur les engagements pris sous la pression des opinions.
Souvent stériles, les OGM n’étant pour la plupart pas resememçables l’année suivante, la dépendance à l’égard du fournisseur Monsanto constitue donc une menace autrement sérieuse que le nucléaire iranien, pour notre sécurité alimentaire ! L’allégeance aux OGM dans l'espoir de superprofits est un danger immédiat surtout en ces temps d'instabilité mondiale, de récession et de crise. Si l'on a en mémoire que, pendant la Guerre froide, les grands programmes de recherche en matière d'armes biologiques, notamment aux Etats-Unis, se portaient sur les agents de morbidité végétale, des épidémies comme celle de la fièvre aphteuse ou de la peste porcine qui décimèrent les cheptels européens à la fin du xxe siècle, transposés aux cultures végétales, nous livreraient pieds et poings liés au bon vouloir de Monsanto et consort. On comprendra de ce point de vue à quel point une agriculture assurant une stricte indépendance alimentaire devient, surtout dans La conjoncture actuelle de flambée spéculative mondiale sur Les matières premières, un impératif absolu auquel nos décisionnaires tournent résolument le dos dans le but explicite d'assujettir l'Europe à la "destinée manifeste"du continent nord-américain. Grâce leur soit rendue !
Note:
1) Une spécialité maison que met en évidence la journaliste d'investigation Marie-Monique Robin (Le Monde selon Monsanto, Arte Editions/La Découverte, 2008) est un authentique savoir faire en matière de manipulation des dossiers d'homologation de produits Monsanto, en recourant à un lobbying intensif caractérisé par la nomination ou l'éviction sur commande des hommes susceptibles de servir ou de desservir Monsanto à la tête des grandes agences américaines de contrôle sanitaire comme la Food&Drugs Administration. L'exemple le plus impressionnant restera sans doute celui, apparemment oublié de tous, du rôle joué par Donald Rumsfeld, pour faire autoriser par l'administration fédérale la mise sur le marché de l'Aspartame (cf. Caligula au Pentagone d'Andrew Cockburn, Xenia, 2007). Ajoutons que dès 1983, Rumsfeld relayait déjà auprès de Saddam Hussein les intérêts du groupe pétrochimique américain Bechtel, une relation qui lui permettait en 1988 - époque où la guerre chimique faisait rage entre l'Iran et l'Irak, affrontement qui culmina avec le martyr de la ville kurde d'Hallabja - de conclure un contrat pour la construction à Bagdad d'une usine chimique à des fins civiles... et militaires !

Jean-Michel Vernochet Réflèchir&agir N°29 ÉTÉ 2008

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