lundi 30 décembre 2013

"Notre Patrie"

Notre patrie à nous, c’est nos villages, nos autels, nos tombeaux, tout ce que nos pères ont aimé avant nous. Notre patrie, c’est notre Foi, notre terre, notre Roi…
Mais leur patrie à eux, qu’est-ce que c’est ? Vous le comprenez, vous ?… Ils l’ont dans le cerveau, nous l’avons sous les pieds…
Il est vieux comme le diable, le monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder dans l’absence de Dieu…
On nous dit que nous sommes les suppôts des vieilles superstitions ; faut rire ! Mais en face de ces démons qui renaissent de siècle en siècle, sommes une jeunesse, Messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu. La jeunesse de la fidélité !
Et cette jeunesse veut préserver pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l’homme intérieur.
François-Athanase Charette de La Contrie
Commandant en chef de l’Armée Catholique et Royale, fusillé le 29 mars 1796.

samedi 28 décembre 2013

Banalités ?

Que la Grande Guerre ait profondément transformé les conditions sociales, que le travail en soit sorti changé, que les femmes soient entrées massivement sur le marché de l’emploi… autant de banalités que devraient savoir tous les élèves à qui l’on parle de la Guerre.
Mais ils étaient peu nombreux à simplement les entrevoir à l’ouverture des hostilités, comme Maurras dans cet article dans L’Action française du 14 août 1914 intitulé « Le travail national ».
L’idée est bien là que le conflit va mobiliser de telles ressources que seul l’État, dans toute la force nouvelle qu’il avait acquis depuis 1870, pouvait soutenir efficacement l’effort.
Nous ne sommes ni socialistes d’État, ni socialistes tout court, mais la guerre fait très étroitement dépendre le libre facteur économique de l’autorité politique, et c’est à l’État que revient, dans ces conditions, le droit, le devoir, le pouvoir d’utiliser rapidement tout ce que la situation nationale comporte d’avantages moraux susceptibles de se transformer en avantages matériels.
Si Maurras ne parle pas expressément d’économie de guerre — et pour cause, on n’en parlera qu’avec la guerre qui commence —, il ne manque que les mots sur la réalité qu’il pressent et décrit.
Il faut bien entendu y voir l’une des raisons du ralliement à l’Union sacrée : face à la cohésion allemande, quoi que l’on pense du régime, une cohésion nationale paraissait nécessaire.
Et l’outil nécessaire dans les mains de cette cohésion c’était « le crédit ». Maurras a raison : il sera déterminant. Le crédit français ne s’écroulera pas de toute la guerre, et même la hausse des prix ne l’entamera guère. C’est ce crédit qui permettra d’emprunter pour soutenir l’effort.
Reste ce que ni Maurras ni personne n’avait prévu : la longueur de la guerre, sa dévoration de pétrole et d’acier autant que d’hommes, et les périls de cet endettement précisément rendu possible par « le crédit de la France ».
http://maurras.net/

UN PEUPLE PEU CONNU : LES SARMATES

Un extraordinaire tumulus livre leurs secrets

Jean Pierinot
Ex: http://metamag.fr
 Un tumulus Sarmate fouillé cet été dans les steppes de l'Oural, au sud de la Russie, a révélé un magnifique et rarissime trésor. Les objets trouvés dans le monticule devraient apporter de nombreuses informations sur une période peu connue de cette culture nomade qui a prospéré sur la steppe eurasienne au cours du 1er millénaire avant JC. L'étude archéologique de ce remarquable tombeau antique, appelé aussi kurgan, a été réalisée par l'expédition de l'Institut d'Archéologie (Académie Russe des Sciences), dirigé par le professeur Leonid T. Yablonsky.
Peuple établi du IVème s. avant J.-C. au IIIème s. après J.-C. dans la plaine qui borde au Nord la mer Noire, de part et d'autre du Don, nomades guerriers, excellents cavaliers, les Sarmates ont harcelé l'Empire romain en Dacie et tout au long du Danube. Ils ont été ensuite submergés à leur tour par les Goths, puis, au IVème s., par les Huns. Proches des Scythes, ils ont laissé des sépultures princières, les kourganes, qui ont livré de remarquables objets d'orfèvrerie, rehaussés de pierres de couleurs, témoignant d'un puissant style animalier.
L'absence de langue écrite.
Les peuples nomades n'avaient pas de langage écrite, aussi les scientifiques n'ont pu apprendre à connaitre leur culture et leurs traditions qu'à travers les données archéologiques. Les kurgans qui sont dispersés à travers les steppes contiennent beaucoup de reliques Scythes et Sarmates. Alors que les nomades avaient des échanges avec la perse achéménide et les civilisations grecques, ils ont su préserver leur propre culture. Cette année, les archéologues ont fouillé la partie orientale du monticule 1 du Kurgan à Filippovka dans la région d'Orenbourg. Cette partie faisait environ 5 m de haut et 50 m de long; elle avait été laissée inexplorée par l'expédition précédente, il y a plus de 20 ans.
L'objectif était de terminer l'étude de ce monument extraordinaire, entré dans les annales de la culture mondiale avec la découverte de 26 statuettes de cerfs "en or". Un autre défi majeur pour les archéologues était d'assurer la préservation de ce patrimoine culturel unique qui fait face à un grand nombre de menaces imminentes, avec le vol comme problème majeur. Un passage souterrain près de l'entrée a été la première zone explorée cette saison. Un énorme chaudron de bronze d'un diamètre de 102 cm y a été découvert. Ses poignées ont été façonnées dans les traditions du style animalier scythe-Siberien avec une image de deux griffons, bec à bec.
Dans la zone du monticule Est, une chambre funéraire intacte a été découverte mesurant environ 4x5m et 4m de profondeur. Au fond de la chambre, plusieurs couches stratifiées de débris ont été fouillées pour révéler du mobilier funéraire exceptionnellement riche et varié, accompagnant un squelette humain. Le matériel associé à l'enterrement semblait appartenir à une femme, étant donné que la tombe contenait ce qui est considéré comme des objets typiquement féminins et des bijoux.  Cependant, l'examen ostéologique initial de la morphologie du squelette a révélé que l'occupant serait un homme, bien que l'analyse ADN doit encore être effectuée.
Le mobilier funéraire.
Un petit coffre en osier qui pourrait être une trousse de toilette a été trouvé près du crâne. Il était rempli à ras bord avec des objets tels qu'un récipient en argent coulé avec un couvercle, un pectoral en or, une boîte en bois, des cages, des verres, des flacons de toilette en faïence et argent, des pochettes en cuir, et des dents de chevaux qui contenaient des pigments rouges.
Non loin de là, reposait un grand miroir d'argent avec des animaux stylisés dorés sur la poignée, une décoration en relief sur le dos et l'image d'un aigle au centre, entouré d'un cortège de six taureaux ailés. Les vêtements étaient décorés de plusieurs plaques, représentant des fleurs, des rosaces et une panthère bondissant sur le dos d'un saïga (antilope).
Il y avait également 395 pièces recouvertes de feuilles d'or et cousues sur la culotte, la chemise et le foulard. Il portait un châle avec une frange et une chaîne d'or; et les manches de la chemise étaient agrémentées de perles multicolores, formant un motif géométrique complexe.
Deux boucles d'or décorées à certaines endroits d'émail cloisonné ont été trouvées dans la zone de l'os temporal.
Du matériel de tatouage .
Les archéologues ont également découvert des équipements utilisés dans l'art du tatouage, dont deux palettes de pierre à mélange et des aiguilles en fer recouvertes d'or, ainsi que des cuillères en os utilisées pour mélanger les peintures et des stylos décorés avec des animaux.
Cette fouille constitue une percée majeure dans l'étude de la mystérieuse culture Sarmate du début de l'âge du fer.
 Le roi Arthur était-il un cavalier sarmate et les mythes arthuriens ont-ils une origine dans le Caucase ?
(source : agencebretagnepresse)
L’actualité récente en Géorgie a mis les projecteurs sur la République indépendante d’Ossétie (Indépendance proclamée en 1991). Les Ossètes comme les Bretons d’ailleurs, ont des origines ancrées dans la fin de l’Empire romain. Les Ossètes descendent des fameux Alains, ou plutôt de ceux qui sont restés et ne sont pas partis piller l’Empire au Ve siècle.
Les Sarmates en Bretagne insulaire
Ces peuplades qui parlent une langue iranienne apparaissent dans le bas-Empire romain sous le nom de Sarmates quand ils sont alliés ou federati et de Scythes quand ils sont ennemis. Envahisseurs, ils sont connus sous le nom d’Alains alliés des Vandales.
La cavalerie sarmate-alain très appréciée des Romains était quasiment invincible. Elle était appelée cavalerie [1], du nom de leur cuirasse d’écailles, la cataphracte.
Depuis 175, les Sarmates devaient fournir à Rome 5000 cavaliers, pour la plupart envoyés en Bretagne (insulaire) à la frontière nord. Les Sarmates de Bretagne auraient été commandés à la fin du IIe siècle par Lucius Artorius Castus qui serait le roi Arthur historique (1), du moins le premier, car il semblerait que le roi Arthur soit un personnage composé de plusieurs figures historiques. Lucius Artorius ayant vécu 200 ans plus tôt que le roi breton qui rallia les Brito-Romains contre les envahisseurs saxons.
D’après Léon Fleuriot, c’est Artorius Castus, préfet de la VIe légion, qui aurait aussi maté la révolte armoricaine de 184. Une intervention en Gaule que rapporte bien la légende dans la première version écrite, celle de Geoffroy de Monmouth.
C’est cette cavalerie sarmate-alain qui aurait apporté d’Asie le symbole du dragon en Grande-Bretagne. Rien de plus normal pour des cavaliers aux cuirasses écaillées de se battre derrière des enseignes d’un monstre écaillé. Le dragon rouge du roi Arthur, dit justement « Pendragon » comme le roi Uther. Le dragon rouge apparaît aussi dans les prophéties de Merlin. Un dragon que l’on retrouve aujourd’hui jusque sur le drapeau du Pays de Galles.
Les Alains en Armorique
Les Sarmates-Alains, révoltés contre Rome, ont pillé le nord de la Gaule de 407 à 409. Après avoir traversé la Loire en 408, le consul Aetius leur donnera l’Armorique pour qu’ils les laissent tranquilles. Un peu comme le roi de France cinq siècles plus tard donnera la Normandie aux Vikings de Rollon.
Avec à leur tête un chef du nom de Goar, les Alains se divisent en plusieurs bandent et pillent l’Armorique. C’est encore eux, redevenus des mercenaires au service de l’empire qui vont réprimer la dernière révolte armoricaine dite des Bagaudes (bagad = bande en gaulois et en breton moderne) en 445-448 à une époque où justement les Bretons commencent à arriver de Grande-Bretagne puisque les dernières légions la quittent en 441.
Certaines s’établiront juste de l’autre côté de la Manche puisque le mot Léon dérive justement de « légion » et Trégor de tri-cohortes. Voir à ce sujet le Guide des drapeaux bretons et celtes de Divi Kervella et Mikaël Bodloré-Penlaez, qui vient de sortir en librairie. Les symboles héraldiques du Haut-Léon et du Trégor semblent avoir justement hérité du dragon.
Certains linguistes pensaient que les patronymes Alain ou Alan seraient tout simplement des gens descendant d’Alains établis en Gaule mais le vieux breton a un terme alan pour le cerf et cette origine semble plus vraisemblable. Des Alains se sont surtout installes en Île-de-France, en Aquitaine, en Lusitanie (Portugal) autour de Carthagène en Vandalousie qui deviendra Andalousie. Le nom de Tiffauge, célèbre pour son Barbe Bleu viendrait du nom d’une des bandes de barbares alliés aux Alains, les Taïfales, établis dans cette région au Ve siècle. Le nom de l’Aunis viendrait aussi d’Alains.
Les mythes arthuriens d’origine alanique ?
Dans leur livre De la Scythie à Camelot, Covington Scott Littleton, professeur d’anthropologie à Los Angeles et Linda Ann Malcor, docteur en folklore et mythologie, ont remis en cause l’origine celtique du cycle arthurien.
Pour eux, le cour de cet ensemble fut apporté entre le IIe et le Ve siècle par des cavaliers alains-sarmates.
La culture des Ossètes, les cousins contemporains des Alains, possède des récits qui ressembleraient aux aventures d’Arthur et des chevaliers de la Table ronde. On y raconte notamment la saga du héros Batraz et de sa bande, les Narts. Dans cette histoire il est, entre autres, question d’épée magique qui serait l’équivalent d’Excalibur et de coupe sacrée, le Graal donc, la coupe du Wasamonga que l’on retrouve sur l’emblème moderne de l’État d’Ossétie du Sud avec un triskell qui est par contre universel et pré-cetique puisque sur des monuments mégalithiques comme à Newgrange en Irlande. Il semblerait que les échanges de mythes aient eu lieu dans les deux sens.
(1) rapprochement fait pour la première fois par Zimmer, Heinrichen 1890, repris par Kemp Malone en 1925.
Sources : – C. Scott Littleton, Linda A. Malcor, From Scythia to Camelot, New-York ; Oxon, 1994 (rééd. 2000).
- X. Loriot, Un mythe historiographique : l’expédition d’Artorius Castus contre les Armoricains, Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1997.
- Guide des drapeaux bretons et celtes, D. Kervella et M. Bodloré-Penlaez. Éd. Yoran Embanner, 2008.
- Les Origines de la Bretagne, Léon Fleuriot. Payot, 1980 (nombr. rééd.).
Notes
[1] cataphractaire
http://vouloir.hautetfort.com/archive/2013/11/27/temp-8461f169dea7829a1fe447a4951dcf11-5232386.html

vendredi 27 décembre 2013

L'avenir appartient au nationalisme

La collection Les Cahiers de l’Herne, aux éditions de L’Herne, vient de s’enrichir d’un petit ouvrage qui rassemble de fortes pensées de Charles Maurras et qui présente l’essentiel sa doctrine politique. La présentation est sobre et élégante, la typographie claire. Il ne devrait pas manquer d’attirer de nombreux jeunes qui ne connaissant que superficiellement les idées du maître du nationalisme français en restent à l’image caricaturale qu’en donnent les adeptes du “politiquement correct”.
Maurras toujours actuel
Il y a bien des réserves à faire sur la courte et dense préface de François L’Ivonnet, l’un des directeurs des Cahiers de l’Herne. Parler de la « traversée du désert » de Maurras depuis la fin de la guerre est excessif. Maurras n’a pas cessé d’attirer à lui les nouvelles générations, à l’encontre de beaucoup de dirigeants de l’opinion avant la Seconde Guerre mondiale. En mars 1952 il adressait une lettre ouverte au président de la République, alors Vincent Auriol, dans Aspects de la France, pour lui demander la tête de François de Menthon, ancien garde des Sceaux et, à ses yeux, le principal responsable et coupable de l’Épuration. Le gouvernement était interpellé à l’Assemblée nationale sur les conditions dans lesquelles il était sorti de la Maison centrale de Clairvaux en bénéficiant d’une grâce médicale. Tout récemment, en avril 2007, François Hollande, au cours d’un meeting de Ségolène Royal, reprochait à Nicolas Sarkozy ses références aux grands hommes du passé, et s’écriait « Maurras n’est pas loin ! »
En fait, Maurras n’a jamais cessé depuis 1945 de hanter l’esprit de tous les adeptes des Lumières et du cosmopolitisme comme de servir de maître à penser à tous ceux qui sont à la recherche d’une doctrine de la nation.
Selon François L’Ivonnet, Maurras serait coupable d’avoir soutenu “Vichy” et aurait été condamné en 1945 à la réclusion perpétuelle à perpétuité pour s’y être rallié en 1940 et pour ses prises de position antisémites. Le préfacier est bien mal informé. Maurras a été condamné pour “intelligence avec l’ennemi”, c’est-à-dire avec l’occupant allemand, une accusation sans consistance, mais en janvier 1945, la France était en révolution et la justice subissait une éclipse. L’antisémitisme de Maurras (un “antisémitisme d’État” et non un “antisémitisme de peau” comme celui des nazis que Maurras a toujours condamné) a à peine été évoqué au cours du procès. François L’Ivonnet a encore beaucoup à faire pour se dégager des préjugés courant sur Maurras.
Un certain style de pensée
Cela dit, malgré ses réserves concernant le passé, le co-directeur des Cahiers de l’Herne rend un bel hommage à Maurras dont il écrit qu’il « incarne exemplairement un certain style de pensée qui mêle rigueur, élégance et concision. Une manière très française de ne pas se payer de mots. Le concernant, on commet d’ordinaire deux contresens majeurs : en faire simplement un épigone des ultralégitimistes dans la lignée des Bonald, Burke ou Maistre... C’est ignorer sa méthode qui doit l’essentiel au positivisme d’Auguste Comte, à Taine ou à Renan. En faire un théoricien du fascisme, le pendant français de Gentile ou de Mussolini (leur source, selon l’historien Ernest Nolte). Alors que tout les oppose, à commencer par une conception de l’État, du “chef” ou de la nation. »
L’ouvrage comprend deux grands textes politiques de Charles Maurras. D’abord L’avenir du nationalisme français, qui est repris des OEuvres capitales (II, Essais politiques) où Charles Maurras avait condensé le chapitre X de son ouvrage Pour un jeune Français (Amiot-Dumont, 1949). On regrette la version première où Maurras reproduisait la lettre que lui avait adressée, avant de tomber au Champ d’Honneur, Pierre David, chasseur au 4e Bataillon durant la Grande Guerre. Maurras reconnaissait dans son commentaire la place des « juifs bien nés » au sein de l’Action française.
Une grande leçon d’espérance
L’autre texte publié (dans le même volume) par les Cahiers de l’Herne est L’ordre et le désordre paru en 1948 aux éditions Self (Les Îles d’or), Maurras y expose les principes de sa pensée et sa critique des idées qui ont guidé la Révolution française. Il y démontre notamment comment 1793 est sorti logiquement de 1789.
Nous nous en tiendrons ici aux propos de Maurras sur le nationalisme français. Son texte est étonnant d’actualité. Il affirme d’abord que « rien ne vit comme le sens de la nation dans le monde présent. Ceux qui voudront en abandonner une part ne feront rien gagner à Cosmopolis : ils engraisseront de notre héritage des nationalités déjà monstrueuses ». Le nationalisme, prévoit Maurras, va s’imposer de plus en plus, même au pays légal. Il annonce que parmi les Français du pays légal, « on est déjà et l’on sera de plus en plus acculé au nationalisme comme au plus indispensable des compromis. Plus leurs divisions intéressées se multiplient et s’approfondissent, plus il faut de temps à autre, subir le rappel et l’ascendant plus qu’impérieux du seul moyen qu’ils ont de prolonger leur propre pouvoir. Ce moyen s’appelle la France. »
Quand on entend Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal se réclamer de la nation française, on se dit qu’ils n’échappent pas à ce penchant nationaliste, au moins comme façade dans leur désir de rassembler les Français autour d’eux, le temps d’une élection, même s’ils récusent le mot de “nationalisme”. Maurras prédit « ... tous les partis alimentaires, également ruineux, ou périront de leur excès, ou comme partis, il devront, dans une certaine mesure, céder à l’impératif ou tout au moins au constat du nationalisme ».
À partir de la reconnaissance de la nation comme seul facteur de rassemblement de tous les Français il sera possible, écrit Maurras, de « déclasser et fusionner » les partis. Le “compromis” conduira nos compatriotes à reconnaître que par delà leurs divisions idéologiques, religieuses, politiques, ils peuvent se mettre d’accord sur l’intérêt national, celui-ci étant défini comme « l’humble Bien positif. Car ce Bien ne sera point l’absolu, mais celui du peuple français, sur ce degré de politique où se traite ce que Platon appelle l’Art royal, abstraction faite de toute école, église ou secte... »
Malgré les apparences contraires, Maurras demeure confiant dans l’avenir : « Le nationalisme français se reverra par la force des choses. Rien n’est fini. Et, si tout passe, tout revient ». Une grande leçon d’espérance pour la France.
Pierre Pujo L’Action Française 2000 du 3 au 16 mai 2007
* Charles Maurras : L’ordre et le désordre. Les Cahiers de l’Herne. Éditions de l’Herne. 127 pages. 9,5 euros.

27 décembre 1585 : mort de Pierre de Ronsard,

premier poète moderne et patriote fervent.
Il meurt dans son prieuré de saint Cosme (près de Tours). Ce parent de Bayard et de la reine Elizabeth d’Angleterre était né au château de la Possonnière dans la paroisse de Couture-sur-Loir en 1524. Devenu sourd très jeune et donc privé de carrière militaire, il se consacra alors à la littérature. Fondateur du groupe de la Pléiade avec Joachim du Bellay, il a renouvelé l’inspiration et la forme de la poésie française (Odes, Amours, Hymnes, etc.)
Les Italiens le mettent au-dessus de leurs plus grands poètes ; dans l’Europe entière, il est lu et admiré. Lorsqu’il traverse Paris, la jeunesse l’acclame et les étudiants touchent sa robe pour devenir poètes. Ses seuls adversaires seront les protestants. En 1562, Ronsard, expert à l’escrime et à l’équitation, devait réunir une bande de garçons pour massacrer des Réformés qui venaient de saccager des œuvres d’art. Et ce bien qu’il fut initié (cf livres d’Alain Pascal).
Voici de ses vers qui n’ont rien perdu de leur actualité :
Des Turcs, des Mammeluks, des Perses, des Tartares ;
Bref, par tout l’univers tant craint et redouté,
Faut-il que par les siens luy-mesme soit donté ?
France, de ton malheur tu es cause en partie ;
Je t’en ay par mes vers mille fois advertie :
Tu es marastre aux tiens et mere aux estrangers,
Qui se mocquent de toy quand tu es aux dangers,
Car sans aucun travail les estrangers obtiennent
Les biens qui à tes fils justement appartiennent.

in Discours à Guillaume des-Autels, Œuvres complètes de Ronsard, éd. La Pléiade, tome II, p.568.
Pour retrouver nombre de ses poèmes, cliquez ici.
Ci-dessous, une intéressante critique littéraire - avec superbes citations – parue dans La Muse française en 1924, sous la plume de Gustave Cohen, sur le thème Ronsard, poète de la patrie.
« Un Ronsardisant de qualité, M. H. Vaganay, a publié naguère, dans la Revue d’Histoire littéraire de la France de 1920, ce qu’il a appelé l’Acte de Naissance du mot « patrie ». Qu’on ne croie pas qu’il soit aussi ancien que notre pays. Le premier emploi est de 1539, encore ne figure-t-il que dans une traduction du Songe de Scipion, où il est signalé comme un hardi néologisme : « Et pourquoy globe ne sera aussi bien reçu que la patrie ? de laquelle diction je voy aujourd’huy plusieurs usurper. »
De fait, il faut attendre le XVIe siècle, et en particulier le règne de François Ier, pour voir la France, enfin échappée intacte et comme par miracle aux luttes intérieures et extérieures, prendre conscience de son unité et de sa puissance, qu’elle va porter au delà des monts. Là se réchauffe et s’épanouit, au soleil de la pensée italienne et de la pensée romaine qu’elle reflète, notre sentiment national. C’est en effet un phénomène singulier que l’Antiquité, ressuscitée non dans sa lettre, qui était connue au moyen âge, mais dans son esprit, qui y était souvent ignoré, a servi à accroître en nous l’amour de la patrie, de la petite, qui est le lieu de notre naissance, et de la grande, qui est le lieu de notre pensée.
Si un Pierre de Ronsard entonne la louange du Vendômois, s’il célèbre la forêt de Gastine, au pied de laquelle il est né, et « ses antres secrets, de frayeur tout couverts », ou la fontaine Bellerie, que les habitants du hameau de Vauméan-lez-Couture appellent la fontaine de la Belle Iris ; s’il fait, dans l’Isle Verte, au confluent du Loir et de la Braie, Élection de son sépulcre, c’est uniquement parce que Virgile a célébré Mantoue en Cisalpine, Horace, Venouse en Apulie. De ses deux premiers maîtres de poésie, il a retenu la leçon, et « l’argentine fonteine vive » ne sera plus aperçue par lui qu’à travers le cristal du Fons Bandusiae.
Mais Ronsard a un autre maître qu’il ne cite que rarement, à qui il ne rend, et encore par occasion, qu’un hommage dédaigneux, sans qui pourtant il n’existerait point, car il lui doit son métier, sa science du rythme et des rimes, je veux dire Clément Marot. Or celui-ci, avant de mourir et pour son chant du cygne, après avoir beaucoup raillé, d’une satire qui va loin parfois, et loué Dieu, d’une louange qui monte haut souvent, avait, éternel précurseur incapable de porter son art à sa perfection, entonné, mais un peu gauchement, le péan de la bataille de Cérisoles (14 avril 1544). Ronsard ramasse la lyre tombée des mains du chantre expirant, et exalte, à son tour, François de Bourbon, le jeune héros dont la victoire attendait
la main parfaite
D’un ouvrier ingenieus
Par qui elle seroit faite
Jusques au comble de son mieus
.
C’est la première en date, sans doute, des Odes pindariques de Ronsard, ces odes, si magnifiquement grandiloquentes et si oubliées, où il loue la race des Valois. Mais, en même temps, avant de publier, en 1550, le fameux recueil, si impatiemment attendu par la jeunesse de Coqueret et les lecteurs de la Deffence (avril 1549), il donne, dans l’année même où celle-ci parut, et en une forme moins compliquée que la triade, une pièce à rimes plates, sans alternances, intitulée l’Hymne de France.
Il nous plaît de voir le premier de nos poètes modernes entrer dans la vie littéraire, en publiant la louange du pays qu’il devait illustrer ; cependant, la pièce ne répond ni à notre attente, ni à la promesse du début :
Le Grec vanteur la Grece vantera,
Et l’Espaignol l’Espaigne chantera,
L’Italien les Itales fertiles,
Mais moy, Françoys, la France aux belles villes,
Et son sainct nom, dont le crieur nous sommes,
Ferons voler par les bouches des hommes
.
À la bonne heure ! mais, après, on tombera sur des platitudes dans le genre de celle-ci :
Quoy ? nostre France, heureusement fertile,
Donne à ses filz ce qui leur est utile.
Le fer, l’airain, deux metaulx compaignons,
Ce sont les biens de ses riches roignons,
heureusement suivies de meilleures louanges à l’honneur de nos femmes, de nos peintres, de nos « vainqueurs de laurier couronnéz », lesquelles se terminent par cette apostrophe :
Je te salue, ô terre plantureuse,
Heureuse en peuple et en princes heureuse.
Plus préoccupé de ses amours pour Cassandre ou pour Marie, et, davantage encore, en véritable artiste, des modes les plus propres à les honorer, Pierre de Ronsard, dans la période qui va de la publication des Odes, en avril 1550, à celle des Hymnes, en 1555-1556, semble négliger le dessein qu’il avait manifesté de célébrer, lui premier, « le loz » ou la louange de sa patrie. Pourtant le titre seul aurait dû déjà le lui remettre en mémoire, mais les deux livres des Hymnes sont plutôt consacrés à ces larges thèmes philosophiques qui prennent alors pied dans notre poésie. Il y use aussi de l’alexandrin à l’égard duquel il avait, jusqu’à 1555, partagé les préjugés de ses prédécesseurs et de ses émules. Chose déconcertante, les poètes trouvaient ce mètre, peut-être parce qu’il était long, trop voisin de la prose. Ronsard, épris en même temps de Marie et de la simplicité, sans qu’on puisse démêler exactement, dans ce cœur et ce cerveau d’écrivain, laquelle des deux passions a précédé l’autre, s’est avisé de le reprendre et, prodigieux musicien comme il l’était, il en a mesuré d’un coup d’oreille toutes les ressources et les sonorités, soit qu’il les appliquât à envelopper d’harmonie ses tendresses, soit qu’il l’employât à porter l’idée sur les ailes du son. Aussi lui doit-on ces vers somptueux adressés aux étoiles :
Je vous salue, enfants de la premiere nuit,
ou à Dieu :
Tu es premier chaisnon de la chaisne qui pend.
Qui dira, chez le poète, si, dans les profondeurs de son âme, c’est le rythme qui suscite la pensée, ou la pensée qui appelle le rythme ? Toujours est-il que, dès 1560, date de la première édition collective des Œuvres, à la lyre qu’il avait, en 1550, montée « de cordes et d’un fust », il avait ajouté une corde d’airain, à laquelle les malheurs de la patrie allaient arracher des accents inconnus. L’Élégie à Guillaume des Autels les annonce déjà. L’écrivain gémit de la querelle religieuse qui ruine la France et il accuse les réformés de la détruire « pour un poil de bouc », c’est-à-dire pour la longue barbe pointue de Calvin, rompant ainsi l’unité morale et traditionnelle du pays :
Las ! pauvre France, helas ! comme une opinion
Diverse a corrompu ta première union !…
Tes enfants, qui devroient te garder, te travaillent,
Et pour un poil de bouc entre eux-mesmes bataillent !
Et comme reprouvéz, d’un courage meschant,
Contre ton estomac tournent le fer tranchant…
Ou par l’ire de Dieu ou par la destinée,
Qui te rend par les tiens, ô France, exterminée ?
L’exhortation est impuissante à dompter la tempête. Que peut contre elle un pilote qui chante dans le vent ? Pourtant il ne se découragera pas ; il enfle sa voix, crie, gémit, insulte. La vague furieuse la domine, mais, par delà la vague qui bave et meurt, cette voix atteindra la postérité qui écoute.
Le 1er juin 1562, paraît le Discours des Miseres de ce temps, suivi vers le 1er octobre, de la Continuation du Discours des Miseres de ce temps et, deux mois après, vers le 1er décembre, de la Remonstrance au peuple de France.
Le but du discours est bien précisé par son exorde :
Ô toy, historien, qui d’ancre non menteuse
Escris de nostre temps l’histoire monstrueuse,
Raconte à nos enfans tout ce malheur fatal,
Afin qu’en te lisant ils pleurent nostre mal,
Et qu’ils prennent exemple aux pechés de leurs peres,
De peur de ne tomber en pareilles miseres.
Ce qui perd « nostre France », et l’on sentira la caresse du possessif, c’est la présomption, l’orgueil, qui permet à l’individu de s’ériger en juge et qui fait la nation sans frein ni loi : « morte est l’autorité ». Inventant l’image que retrouvera Barbier, il la compare à un cheval emporté :
Tel voit-on le poulain dont la bouche trop forte,
Par bois et par rochers son escuyer emporte
Et, maugré l’esperon, la houssine et la main,
Se gourme de sa bride et n’obeist au frein :
Ainsi la France court, en armes divisée,
Depuis que la raison n’est plus autorisée.
La Continuation du Discours des Miseres de ce temps a plus d’ampleur et d’éloquence encore. À mesure que le danger augmente et que s’accroît le tragique du spectacle, l’âme d’un poète s’émeut davantage et, pour la première fois peut-être dans notre histoire, s’identifie avec celle de la patrie. « Madame », dit-il à la reine Catherine de Médicis,
Madame je serois, ou du plomb ou du bois
Si moy que la Nature a fait naistre François,
Aux siecles advenir je ne contois la peine
Et l’extreme malheur dont rostre France est pleine.
Je veux, maugré les ans, au monde publier,
D’une plume de fer sur un papier d’acier,
Que ses propres enfans l’ont prise et devestue,
Et jusques à la mort vilainement batue.
Eh quoi ! dit-il en se tournant cette fois vers les réformés :
Et quoy ! brusler maisons, piller et brigander,
Tuer, assassiner, par force commander,
N’obeir plus aux Roys, amasser des armées,
Appellez-vous cela Églises reformées ?
Puis, apostrophant leur chef, Théodore de Bèze, le bras droit de Calvin à Genève, et faisant appel à ce sentiment patriotique vraiment nouveau, ou, du moins, si profondément renouvelé au XVIe siècle, il l’adjure :
La terre qu’aujourd’hui tu remplis toute d’armes,
Et de nouveaux Chrestiens desguisés en gens d’armes…
Ce n’est pas une terre allemande ou gothique,
Ny une region Tartare ny Scythique,
C’est celle où tu nasquis, qui douce te receut,
Alors qu’à Vezelay ta mere te conceut,
Celle qui t’a nourry, et qui t’a fait apprendre
La science et les arts, dés ta jeunesse tendre…
Ne presche plus en France une Évangile armée,
Un Christ empistollé tout noirci de fumée,
Qui comme un Mehemet va portant en la main
Un large coutelas rouge de sang humain…
Car Christ n’est pas un Dieu de noise ny discorde,
Christ n’est que charité, qu’amour et que concorde.
Que n’a-t-il continué sur ce ton, que n’a-t-il, s’inspirant de son illustre protecteur Michel de l’Hospital, continué à prêcher la tolérance et la mansuétude, dont la France qu’il aimait avait tant besoin ! Mais hélas ! c’est un Dieu de vengeance qu’à son tour il invoque, c’est la destruction de ses ennemis et non leur conversion qu’il implore du « Pere commun des Chrestiens et des Juifs, des Turcs et d’un chacun », dont il parle au début de la Remonstrance au Peuple de France, de beaucoup plus agressive que les Discours. Quand il s’y adresse aux princes protestants, à Louis de Condé en particulier, il s’excuse du ton en ces termes si simples d’allure :
Mais l’amour du pays et de ses loix aussi
Et de la vérité me fait parler ainsi
et il termine par cette superbe exhortation :
Ha ! Prince, c’est assez, c’est assez guerroyé :
Vostre frere avant l’aage au sepulchre envoyé,
Les playes dont la France est par vous affligée,
Et les mains des larrons dont elle est saccagée,
Les loix et le pays, si riche et si puissant,
Depuis douze cens ans aux armes fleurissant,
L’extreme cruauté des meurtres et des flames,
La sport des jouvenceaux, la complainte des femmes,
Et le cry des vieillards qui tiennent embrassés
En leurs tremblantes mains leurs enfans trespassés,
Et du peuple mangé les souspirs et les larmes,
Vous devroient esmouvoir à mettre bas les armes…
Une dernière fois, Pierre de Ronsard devait prendre la plume, pour exalter son pays et terminer le monument qu’il avait érigé à sa gloire : les quatre premiers livres de la Franciade parurent en septembre 1572. C’était au lendemain de la Saint-Barthélemy ; l’époque était mal choisie, le sujet aussi, qui s’inspirait plus de l’Iliade et de l’Énéide que de l’histoire de France. L’évocation, par la Sibylle Hyanthe, des rois depuis Pharamond jusqu’à Pépin ne parvient pas à nous émouvoir, parce que ces pseudo-descendants de Francus n’ont pas ému le poète, qui laissa son œuvre incomplète. Il regretta sans doute, mainte fois, avant de mourir, de n’avoir pas su donner à sa patrie cette épopée dont il avait, dès 1550, résolu de lui faire hommage, oubliant assurément que, sans dessein littéraire arrêté, sous la seule pression des circonstances, dans le deuil des luttes fratricides, il lui avait dédié ces Discours de 1562, véritable épopée d’amour filial, immortelle et brûlante, qu’il avait écrite pour elle
D’une plume de fer sur un papier d’acier. »

9 sept 2001 : Notes sur un tabou en perdition

26 décembre 2013 – Premier point, indubitable, incontournable comme l’on dit : nous-mêmes, bien autant que tant d’autres, avons raté l’affaire. En effet, le récit ici rapporté remonte, pour la première source (chronologiquement) à en faire état, au 11 décembre, et pour une semaine plus tôt que ce 11 décembre pour le fait lui-même. Nous avons raté l’affaire, et de n’avoir pas été les seuls ne nous console pas ; par contre, cela, cette discrétion assez générale ou cette indifférence assez répandue, voilà qui substantifie et même justifie absolument le commentaire ci-dessous.
Songez-y : il y a cinq ans, sept ans, dix ans, la simple hypothèse complètement honteuse impliquée par l’évocation de la possibilité de la proposition d’une résolution d’urgence mettant en cause l’intégrité de la narrative officielle de l’attaque 9/11 par deux parlementaires washingtoniens, un démocrate et un républicain, eut provoqué des évanouissements en série dans les salons. Nos plus belles plumes se fussent étouffées dans leur encre noire de rage. Les éditoriaux auraient fusés comme autant de drones vengeurs et néanmoins civilisés ... Comment, imaginer que 9/11 ne soit pas exactement ce que la presse-Système, les dirigeants-Système, les communiqués-Système en ont dit ? Des sels, vite, les “complotistes” arrivent ...
Non seulement… Bien plus que ce que l’on évoque, le fait de la “résolution d’urgence” des deux parlementaires n’est pas une “simple hypothèse”, une “évocation de la possibilité” d’elle-même, mais bel et bien ce qu’elle est. Il s’agit de l’affirmation explicite et officielle qu’une partie d’un document mise sous les scellés de la classification “secret” sur l’intervention documentée du président Bush contient des révélations “choquantes” sur l’implication de “un ou plusieurs“ service(s) de renseignement de pays étrangers dans l’attaque du 9/11. Cette “affirmation explicite et officielle” constitue une hypothèse très solide, proche de l’affirmation, qu’il y a eu “complot” hors de la seule machination admise des 18 ou 19 terroristes de la version officielle ... (Le document évoquée comprend les 28 pages d’une partie intitulée “Specific Sources of Foreign Support” du rapport du Congrès de 800 pages établi en 2002 sous l’intitulé officiel de Congressional Investigative Report on 9/11 – Joint Inquiry into Intelligence Community Activities Before and After the Terrorist Attacks of September, 2001, – à ne pas confondre avec le rapport de l’enquête officielle de la Commission spéciale formée pour enquêter sur 9/11).

jeudi 26 décembre 2013

Le gros mensonge de Nelson Mandela

Un communiqué du SACP (South African Communist Party) en date du 6 décembre 2013 nous apprend officiellement ce dont l’on se doutait, mais qui n’avait jamais été réellement établi, à savoir que le « camarade Nelson Mandela » était un haut dirigeant communiste puisqu’il « (…) ne faisait pas seulement partie du SACP, mais également de son Comité central ».
Pourquoi a-t-il toujours démenti, tant oralement que par écrit, avoir été membre du SACP ? Pourquoi donc a-t-il menti ?
Un retour en arrière s’impose. En 1960, quand Nelson Mandela fut nommé-coopté au Comité central du SACP, le monde était en pleine « guerre froide » et les soviétiques avaient décidé de menacer la route du Cap, vitale pour ce qui était alors l’ « Occident », en déstabilisant le pays qui en était le gardien, à savoir l’Afrique du Sud. Pour l’URSS, la lutte contre l’apartheid fut le moyen de populariser cette stratégie en lui donnant un « habillage » moral. La mission que le KGB confia alors à Nelson Mandela, fut de prendre le contrôle de l’ANC au profit du SACP en évinçant la vieille garde réformiste et non-violente qui le contrôlait, afin de lui faire adopter  la lutte armée.
Aidé par Yossef Mashel Slovo, dit Joe Slovo, un officier supérieur du KGB, Nelson Mandela s’acquitta parfaitement de ces deux missions. Il réussit ainsi à imposer la création de l’Umkhonto we Sizwe, l’aile militaire et terroriste de l’ANC dont il fut le premier chef. Il transforma également l’ANC en une simple courroie de transmission du SACP. En 1989, sur les 30 membres de son comité directeur, quatre ou cinq revendiquaient ainsi officiellement leur appartenance au SACP cependant que plus d’une vingtaine étaient des membres clandestins du parti ayant reçu l’ordre de cacher leur appartenance afin de ne pas effaroucher les « compagnons de route » et les « idiots utiles ».
Le SACP a donc brisé un secret jusque là bien gardé et cela, au risque d’écorner le mythe Mandela. Pourquoi ?
La réponse est d’une grande simplicité : le SACP est politiquement en perdition car il est perçu par les Noirs comme un parti archaïque « blanc » et « indien ». Or, depuis 1994, la vie politique sud-africaine repose sur un partage du pouvoir, donc des postes et des prébendes, entre l’ANC, le syndicat Cosatu et le SACP. Il s’agit de l’Alliance tripartite. Cette rente de situation est aujourd’hui fortement contestée par de nouvelles forces politiques noires demandant que les « dépouilles opimes » étatiques soient repartagées à la lumière de la véritable représentativité des uns et des autres. Afin de tenter de conserver sa place au sein de l’Alliance tripartite, le SACP à bout de souffle a donc révélé que le « grand homme » était un de ses dirigeants…
Ce misérable calcul boutiquier aura du moins un grand avantage car il permettra peut-être d’ouvrir les yeux à ceux qui pleurent un Nelson Mandela pacificateur-rédempteur alors qu’il était en réalité un agent du KGB, une « taupe communiste » dans le vocabulaire de la « guerre froide »…
Je souhaite donc un  bon réveil après l’hypnose à ceux qui ont cru voir en lui le messie d’une nouvelle religion universelle.
Bernard Lugan, 21/12/13
http://www.terreetpeuple.com/reflexion/politique/le-gros-mensonge-de-nelson-mandela.html?2d4883b0bf7db295e9826020acb22e07=bd0b5f9782625e20e4ddbe52602a95e8

Programmes de gauche et hotte du Père Noël

Toute politique, toute volonté de réforme en France se heurte à un mur. Largement mythique, il a été maçonné à partir d'un dogme : le tout petit document de 6 pages, rédigé par quatre staliniens en 1944, Pierre Villon tenant la plume, pour servir de programme commun socialo-communiste. Appelé au départ "les Jours Heureux" la Mémoire a entériné faussement ce tract comme "programme du CNR". Sous cette appellation certains l'invoquent aujourd'hui encore, de préférence sans l'avoir jamais lu.
Il ne semble donc pas inutile de revenir, dans le cadre de cette chronique, sur sa dissection, sur sa genèse et sa fonction mensongère.
Si l'on observe l'histoire de la gauche française, elle n'aura produit en effet, en deux siècles d'agitation, que quatre "programmes communs". À la lecture, ils se révèlent moins dissemblables que ce que l'on pourrait croire. Guère de vrais changements depuis le manifeste de la Montagne de 1849 jusqu'au programme commun de 1972, en passant par le programme du rassemblement populaire de janvier 1936 et le fameux texte des "Jours Heureux" de mars 1944.
On notera à ce sujet une remarque édifiante de Claire Andrieu : "Dans les premiers jours de septembre 1944, les Français libérés découvrirent l'existence d'un « programme du CNR »." (1)⇓
Le CNR était passé le 11 septembre 1944 sous le contrôle de Saillant. Compagnon de route du parti communiste, (2)⇓ ce dirigeant cégétiste sera en 1946 l'un des instrument de son basculement complet de la centrale dans la dépendance du parti. Il sera le cofondateur avec son homologue russe Kouzntesov de la fameuse Fédération syndicale mondiale d'obédience soviétique… (3)⇓
C'est en 1942 en effet que l'unificateur de la résistance intérieure Jean Moulin désira faire formuler par un comité des experts les perspectives de gouvernement de la France libérée. Ce groupe de travail clandestin recruta essentiellement 9 membres. Presque tous allaient jouer un rôle important dans l'après-guerre, sous les Quatrième et Cinquième républiques. Citons ainsi Alexandre Parodi, Pierre Lefaucheux qui dirigera la régie Renault, Michel Debré, le professeur de droit Paul Bastid ou René Courtin, futur administrateur du Monde.
Cette équipe ne comportait aucun communiste. Elle produisit notamment un Rapport sur la politique économique d'après-guerre synthétisé en novembre 1943 par Courtin. Seul ce texte de 113 pages pourrait à la rigueur être tenu pour un "programme" de la Résistance intérieure, puisqu’il avait été communiqué pour accord à tous les mouvements. Mais ce fut pour le court-circuiter que les communistes conçurent le document de 6 pages auquel on ose faire encore référence aujourd'hui.
Jean Moulin avait été arrêté en juin 1943 dans des conditions dont les historiens débattent encore aujourd'hui. L'une des clefs de l'énigme repose à la fois sur sa relation aux communistes et sur le revirement tactique de la politique de Staline à partir de 1943. Celle-ci consistera dès lors à se débarrasser de l'étiquette sulfureuse du Komintern et à se délester d'une bonne partie de ses anciens alliés "antifascistes", anciens compagnons de route recrutés à la faveur de la guerre d'Espagne. Le plus significatif d'entre eux, Willy Münzenberg, avait été assassiné par les agents du NKVD pendant la période d'alliance soviéto-allemande. (4)⇓
Certes, longtemps encore, le PCF cherchera à "plumer la volaille" socialiste en acceptant tactiquement de lui proposer un "programme commun" etc. Et il y parviendra au début de la Quatrième république ! Ne perdons jamais de vue que jamais les Français n'ont vraiment voté en majorité pour les marxistes, malgré les poussées de socialismes étatistes dont la plus forte se manifeste en 1945, avec 49,6 % pour l'addition socialo-communiste aux législatives du 21 octobre 1945, mais quand même une majorité de 50,4 % en faveur de  leurs adversaires, démocrates-chrétiens, radicaux et libéraux.
Dès les élections suivantes, le 2 juin 1946, le pourcentage socialo-communiste passe à 47 %. Il ne cessera de diminuer. En un quart de siècle, des législatives de 1945 à l'élection présidentielle de 1969 la gauche marxisante était donc passée d'une influence de 49,6 % à 31 % (Duclos + Defferre-Mendès + Rocard + Krivine). Et le bloc socialo-communiste s'est largement fissuré.
On comprend mieux pourquoi en 1971 Mitterrand a dû reconstruire un "nouveau" parti socialiste : celui dont Hollande fait figure d'héritier. Il avait été conçu dans une perspective d'alliance avec les "stals", lesquels s'effondrèrent dans les années qui suivront.
Le prix à payer se soldera, dès l'année suivante, par le "programme commun". Ce document, qui semble extravagant lorsqu'on le relit de nos jours, avait été rédigé et négocié en 1972 sous l'influence de Chevènement. Il commencera à être appliqué, et il aura largement contribué à ruiner la France, à partir de 1981.
Le PCF continuera, du point de vue électoral, sa descente aux enfers. Mais du point de vue programmatique et syndicaliste, il ne se porte pas aussi mal qu'il le mériterait.
Les survivants impuni du stalinisme peuvent donc remercier les deux Pères Noël et autres rédacteurs de "programmes communs". Et chacun doit mesurer aujourd'hui que le traineau de ces bonshommes rouges, à la source de ce que l'on veut figer aujourd'hui comme un "modèle français", ne venait pas de Finlande.
JG Malliarakis
Apostilles
(1) cf. livre collectif sous la direction de cette historienne "Les Nationalisations de la Libération" Presses de la FNSP, 1987, page 53
(2) cf. L'Humanité du 24 mai 1947 :"à Lyon devant 50 000 manifestants, Louis Saillant déplore le renvoi des ministres communistes."
(3) cf. L'Huma du 26 septembre 1945.
(4) cf. le chapitre que nous lui consacrons dans notre "Alliance Staline-Hitler"

Les assassinats politiques en France sous les présidences de Georges Pompidou et de Valéry Giscard d’Estaing

29 mars 1971 : Mario Bachand, militant du FLQ, est assassiné à Saint-Ouen.
25 février 1972 : Pierre Overney, militant de la Gauche prolétarienne (GP), est tué par un vigile de l’usine Renault de Billancourt.
13 novembre 1972 : le journaliste syrien Khodr Kanou est assassiné à Paris par Septembre noir.
8 décembre 1972 : Mahmoud al-Hamshâri (OLP) est blessé par le Mossad à Paris ; il décède en janvier.
6 avril 1973 : l’Irakien Basil al-Qubaysi est abattu par le Mossad à Paris.
28 juin 1973 : l’Algérien Mohammed Boudia, lié au FPLP palestinien, est tué à Paris.
26 août 1973 : assassinat à Paris de l’opposant tchadien Outel Bono.
14 novembre 1973 : disparition du financier propalestinien Antoine Kamouth.
19 décembre 1974 : l’attaché militaire uruguayen, le colonel Ramon Trabal est tué à Paris ; le meurtre est revendiqué par la « Brigade internationale Raul Sendic ».
29 mars 1975 : le vice-consul de Yougoslavie est grièvement blessé à Lyon.
27 juin 1975 : deux inspecteurs de la DST, Raymond Dous et Jean Donatini, ainsi que leur informateur libanais, Michel Moukharbal, sont tués par Carlos, rue Toullier, à Paris.
3 juillet 1975 : assassinat à Lyon du juge François Renaud, qui enquêtait sur les connexions du SAC. Cela donnera matière à un film d’Yves Bonnet, avec Patrick Dewaere, Le juge Fayard.
8 octobre 1975 : l’attaché militaire adjoint de l’ambassade d’Espagne, le capitaine Garcia Plata Valle est grièvement blessé par la « Brigade internationale Juan Manot ».
24 octobre 1975 : assassinat de l’ambassadeur de Turquie, Ismaïl Erez, et de son chauffeur, revendiqué par un « Commando des justiciers du génocide arménien ».
11 mai 1976 : l’ambassadeur de Bolivie, Joaquin Zenteno Ayana, est assassiné à Paris par la « Brigade internationale Che Guevara ».
14 juillet 1976 : Joachim Peiper, ancien colonel SS, est retrouvé mort dans l’incendie de sa maison, dans la nuit du 13 au 14 juillet, à Traves (Haute-Garonne), après une fusillade. Le meurtre est revendiqué par « Les vengeurs. Comité Résistance et déportation ».
2 novembre 1976 : Homayoun Keykavoussi, chef d’antenne de la Savak à l’ambassade d’Iran à Paris, est grièvement blessé par la « Brigade internationale Réza Rezai ».
24 décembre 1976 : assassinat du prince-député Jean de Broglie, cofondateur du parti giscardien.
3 janvier 1977 : Mahmoud Sâleh, représentant de l’OLP à Paris, est assassiné par le Mossad.
23 mars 1977 : Antoine Tramoni, l’agent de surveillance de chez Renault meurtrier du militant maoïste Pierre Overney en 1972, est assassiné par les NAPAP.
7 juillet 1977 : la « Brigade internationale Mohamed el-Ouali » (du nom de l’ancien chef du Front Polisario) blesse à coup de revolver l’ambassadeur mauritanien Ahmed Ould Ghanahallh.
2 décembre 1977 : Laïd Sebaï, gardien de l’Amicale des Algériens en Europe, confondu avec le président de l’association, Abdelkrim Gheraieb, est assassiné par un « commando Delta ».
18 mars 1978 : mort du dirigeant du Front national François Duprat, dans l’explosion de sa voiture piégée, alors qu’il s’apprêtait à publier un livre dévastateur pour d’autres dirigeants d’extrême droite.
4 mai 1978 : assassinat d’Henri Curiel, dans son immeuble de la rue Rollin à Paris, revendiqué par un « commando Delta ».
2 juillet 1978 : Agurtzane Arregui, réfugiée basque, est assassinée à Saint-Jean-de-Luz ; son mari, Juan José Extabé, est gravement blessé.
11 juillet 1978 : Jean-Louis Lin, militant occitan, lié à Mahmoud Sâleh, est retrouvé noyé dans la Seine.
25 juillet 1979 : assassinat à Cannes, d’une balle dans la tête, de Zouheir Mohsen, chef de l’organisation Saïka et du département militaire de l’OLP.
3 août 1978 : assassinat d’Ezzedine Kellak, représentant de l’OLP à Paris, par un tueur lié à Abou Nidal.
21 décembre 1978 : José Miguel Beñaran Ordenana, alias « Argala », chef de l’ETA, est tué à Anglet par le Bataillon basque espagnol (BVE), dirigé par Jean-Pierre Cherid.
13 janvier 1979 : le réfugié basque José Miguel Pagoaga alias « Peixoto », est grièvement blessé à Saint-Jean-de-Luz par le BVE.
11 mars 1979 : Javier Larrañaga, alias « Peru », est tué à Bayonne par le BVE.
25 juin 1979 : Enrique Gomez Alvarez, alias « Korta », est tué à Bayonne par le BVE.
2 août 1979 : Juan Lopategui Carrasco, alias « Pantu », est tué à Anglet par le BVE.
13 septembre 1979 : Justo Elizaran, réfugié basque, est tué à Biarritz par des truands bordelais au service des services espagnols.
20 septembre 1979 : Pierre Goldman est assassiné à Paris ; le meurtre est revendiqué par un groupe « Honneur de la police ».
27 octobre 1979 : Robert Luong est assassiné à Villeneuve-sur-Lot, à l’instigation du président du Gabon, Omar Bongo.
30 octobre 1979 : l’ex-ministre du Travail Robert Boulin est retrouvé mort dans un étang de la forêt de Rambouillet.
22 décembre 1979 : Yilmaz Coplan, conseiller de presse à l’ambassade de Turquie, est assassiné sur les Champs-Élysées par le « Groupe de résistance arménien ».
1er février 1980 : assassinat à Paris de Joseph Fontanet, ex-ministre de l’Education nationale.
4 juin 1980 : assassinat à Paris de Jorge Cedron par des agents de la junte argentine.
14 juin 1980 : assassinat à Paris, par le Mossad, du savant atomiste égyptien Yahya al-Meshad, qui travaillait pour l’Irak de Saddam Hussein.
28 et 29 juin 1980 : Francisco Javier Martin Eizaguirre et Aurelio Fernandez Caro, militants du Parti communiste espagnol reconstitué, sont assassinés en région parisienne par le BVE.
3 octobre 1980 : un attentat du groupe Abou Nidal contre la synagogue de la rue Copernic, à Paris, fait quatre morts et trente blessés.
23 novembre 1980 : le BVE mitraille un bar d’Hendaye, tuant deux réfugiés basques (José Camio et J.P. Aramendi) et en blessant neuf autres.
30 décembre 1980 : José Martin Sagardia, alias « Usurbil », est tué à Biarritz dans l’explosion de sa voiture piégée par le BVE.

4 mars 1981 : Resat Morali et Ari Tecelli, diplomates turcs, sont assassinés à Paris, près de la Bastille, par l’Armée secrète arménienne de libération (ASALA).
23 avril 1981 : Xabier Aguirre Unamuno est grièvement blessé par balles, à Paris, par le BVE.
Roger Faligot, Histoire de la 5ème République

Pierre Hillard : "La France a perdu sa substance vitale en 1789"

Je vais peut-être étonner certains qui disent que la France s’est suicidée en s’engageant en faveur de la construction européenne. En fait, les origines de notre chute sont plus lointaines. La France a perdu sa force vitale… en 1789. Notre pays disposait d’un atout majeur : l’indépendance du pouvoir royal (monarchie « absolue » : ab solutus signifie « être délié ») par rapport au monde de la finance. Le 17 juin 1789, le Tiers Etat s’est déclaré Assemblée constituante donnant officiellement le pouvoir au peuple, en fait la bourgeoisie d’affaires. Cette bourgeoisie française affairiste est désormais au pouvoir avec les ramifications directes vers Londres et la famille Rothschild.
L’intermède napoléonien vide la France de son sang. En 1815, la France est à genoux et elle ne s’est plus relevée. Est-ce un hasard de constater que l’alignement de notre politique sur celle de l’Angleterre date de cette époque. Le processus d’affaiblissement se poursuivant, il s’agit selon la doxa européiste, de dissoudre la France pour qu’elle ne soit plus qu’un simple espace géographique.
Nous devons regarder l’histoire de France et du monde sur une époque longue. En fait, 1789 est la conséquence logique issue de la Renaissance et de la Réforme, début XVIè siècle, matrices de l’idéologie maçonnique à partir de 1717. Primauté de l’homme, matérialisme outrancier, morale évolutive, idéologies de substitution, dissolution des nations, mélange des populations et montée en puissance d’une agapé inversée infernale caractérisent ce long processus lancé il y a 500 ans en passe de se concrétiser en ce début de XXIè siècle dans le cadre d’un monde orwellien.
Pierre Hillard 
http://la-dissidence.org/2013/12/23/pierre-hillard-la-france-a-perdu-sa-substance-vitale-en-1789/

mercredi 25 décembre 2013

L'origine contre-révolutionnaire des santons de Provence

A l'occasion de son numéro de Noël, Minute retrace l'histoire des santons. Car si la première crèche date de Saint François d'Assise, la création des célèbres santons de Provence est plus récente. Extraits :
P"[...] En 1793, pour bouffer du curé, les révolutionnaires, qui font régner la terreur, interdisent la messe de minuit et les crèches dans les églises. A Marseille, où, depuis 1214 sur la colline de la Garde la Bonne-Mère veille sur la ville, la mesure indigne et l’interdit est contourné. Avec la malice d’un Don Camillo se jouant des mauvais tours de Peppone, certains habitants installent chez eux des crèches et invitent leurs voisins à venir les admirer. Malheureusement, cela n’est pas donné à tout le monde de pouvoir créer de telles crèches. A cette époque, les figurines sont en cire, leur prix est élevé et elles sont alors réservées à une clientèle aisée. Dès 1797, un homme a alors l’idée de cuire, dans des moules de plâtre, des sujets en argile, dont le coût de production, modique, peut assurer une distribution meilleur marché. Des sujets en argile, car « môssieu », de même qu’un bon pastis est élaboré avec de l’anis étoilé, le vrai santon de Provence est en argile ! Cette fois, on tient notre homme, le créateur du santon. Mais son nom est encore un mystère…
[...] C’est en 1953 que toute la lumière va enfin être faite. Un passionné de culture provençale, l’avocat Leopold Dor, fait don, au Musée du Vieux-Marseille, d’une collection de moules anciens d’où sont sortis les premiers santons ! Sur ces précieux objets, une signature : Lagnel. Le père des santons est identifié. Il s’agit de Jean-Louis Lagnel, né en 1764, mort en 1822. Et on n’est pas au bout de nos surprises… Sur ses derniers moules, Lagnel gravait également la date de création. Sur une pièce figure ainsi « 25 mas 1817 ». Il faut lire 25 mars 1817, mais s’il manque un « R », ce n’est pas une erreur, mais une volonté délibérée ! Comme tous ceux à qui la Révolution avait inspiré une sainte horreur, il refusait d’utiliser la lettre « R », l’initiale de l’événement maudit. Cette marque de mépris avait été lancée, dès 1795, par les « Muscadins », jeunes royalistes qui, élégants, raffinés et parfumés de musc, refusaient de prononcer la lettre « R » par haine de la Révolution. [...]"
Et c'est aussi pourquoi le Salon Beige lance chaque année un concours de crèches.

Les rois ont fait la France

Périodiquement, les élections, avec leur cortège de déceptions, ravivent entre Français un esprit de querelle, de rancoeur, voire de haine, tandis que les candidats, préoccupés de leur propre réussite, poursuivent en parallèle la même politique de destruction de l’édifice capétien. Occasion de se souvenir que le salut de la France réside dans le retour de la monarchie.
Personnalité édifiante
Non que l’élection fût un concept inconnu de nos aïeux ; elle amena Hugues Capet au pouvoir, en remplacement d’une lignée carolingienne à bout de souffle qui avait perdu le sens de la nation. Cependant, les critères conduisant à ce choix étaient éminemment patriotiques et aristocratiques puisque, en vue du bien commun, le chef élu était regardé comme le meilleur et issu d’une dynastie, celle des Robertiens, illustre par les héros, les défenseurs et les souverains qu’elle avait donnés à la France depuis un siècle, en alternance avec la descendance de Charlemagne.
Cette alternance, voulue par les Robertiens, loyalistes, avait compromis leurs bons résultats, remis en cause par les princes qui leur succédaient. Ce fut le trait de génie de Hugues d’avoir stabilisé le pouvoir en s’assurant que son fils lui succéderait.
Ivan Gobry continue cette histoire des rois de France initiée par le regretté Georges Bordonove et publie une biographie de Robert II pleine d’intérêt. Ni le règne ni la vie de ce prince ne furent faciles. Son père l’avait, à seize ans, marié à une princesse italienne, Rozala, qui, veuve deux fois, avait passé la quarantaine. Robert, excusable, lui préféra une autre veuve, de son âge, Berthe de Bourgogne. L’Église ne voulut pas admettre cette union, non à cause du renvoi de la première épouse, mais parce que Berthe et Robert cousinaient à un degré prohibé et que le roi était parrain d’un des enfants de la comtesse. Drame affreux pour ce souverain d’une extrême piété mais très épris de sa compagne. Afin d’épargner l’interdit au royaume, il accepta la séparation, puis épousa Constance d’Arles.
Au-delà de ces péripéties conjugales, Gobry, spécialiste de l’histoire et des mentalités religieuses, insiste sur les vertus, chrétiennes et régaliennes, du prince, et sur l’exploitation politique que les clercs tentèrent en lui accolant ce qualificatif de Pieux, équivalent d’une canonisation par la vox populi. Il s’agissait de donner une légitimité à la dynastie, qu’eût glorifiée la sainteté du souverain, et de concurrencer le Saint-Empereur germanique Henri, son contemporain.
L’Église n’approuva pas, ce qui ne retire rien à la personnalité édifiante de Robert. Sa bonté, sa générosité, sa dévotion ne l’empêchèrent pas d’être un habile politique, guerroyant quand il le fallait. Malgré les catastrophes naturelles qui marquèrent son règne, il laissa une France pacifiée, plus riche, mieux protégée, assurée, à travers ses descendants, d’un avenir où l’espoir trouvait sa place. Peu de gouvernants peuvent se vanter d’un pareil bilan.
Angoisse et pragmatisme
Lorsqu’il succède à son père, Louis VII, en 1180, Philippe II a quinze ans. Un siècle et demi plus tôt, cette trop grande jeunesse de l’héritier avait plusieurs fois incliné les barons à lui préférer un homme mûr. Preuve que la lignée capétienne s’est enracinée, personne ne conteste l’accession au trône de cet adolescent.
Philippe Auguste, le vainqueur de Bouvines, l’homme qui permit à la France de gagner sur la scène européenne une place prépondérante, jouit dans l’histoire d’une popularité exceptionnelle ; l’a-t-il méritée ? Telle est la question iconoclaste que pose Gérard Sivéry, spécialiste incontesté de l’époque et de ses princes, dans une biographie de 1993 récemment rééditée.
Philippe Auguste apparaît ici plus complexe et moins sûr de lui qu’on le croirait. Ce n’est pas sans raison que son biographe débute son récit par un étonnant épisode, celui de la fugue du jeune prince saisi de panique, disparaissant en pleins bois pendant quarante-huit heures à la veille de son sacre, avant de ressurgir si malade qu’il faillit en mourir. Philippe, durant cette épreuve initiatique, a pris la mesure de son rôle, et c’est ce qui explique son affolement à la pensée des responsabilités à venir. Mais jusqu’à quel point cet angoissé a-t-il été capable de les assumer ?
Sa vie conjugale révèle ces alternances d’angoisse et de pragmatisme : la première union avec la douce Isabelle de Hainaut, une Carolingienne qui renforça le prestige dynastique, mais à laquelle le jeune roi ne porta pas l’affection idéalisée qu’on lui prête ; la malheureuse Ingeburge de Danemark, répudiée au bout de quelques jours pour avoir manifestement frigorifié son époux ; Agnès de Méranie, épousée en dépit du mariage précédent, que Philippe, pragmatique, sacrifia quand il devint impossible de l’éviter, et qui en mourut.
En politique, le roi fut sujet aux mêmes problèmes, mais sut les utiliser. Ainsi son abandon de la croisade, sévèrement jugé, mais que Sivéry montre nécessaire, l’intérêt de la France passant, pour Philippe, avant celui de la Terre sainte, et qui se révèle diplomatiquement payant, grâce aux ennuis suscités au retour au dangereux Richard d’Angleterre.
Il y a du cynisme dans ce caractère, voire un manque d’esprit chevaleresque, des défauts aussi, nombreux. Tout cela s’efface devant une réussite exemplaire, en partie fondée sur la qualité des conseillers royaux, dont Frère Guérin, chevalier de l’Hôpital, grand stratège qui détermina la victoire de Bouvines. C’est une vérité plus fascinante encore que la légende qui surgit dans ces pages.
Figure exemplaire
Saint Louis avait neuf ans à la mort de son aïeul, dont l’exemple, édulcoré, le marqua définitivement. Il est remarquable de voir comment il sut s’inspirer de la leçon politique, tout en évitant les défauts, pour se tenir dans la même ligne et renforcer l’oeuvre. C’est tout le paradoxe de Louis IX, qui concilia d’une façon unique sa vie spirituelle et mystique, exceptionnelle, et les devoirs de sa charge.
Quoiqu’il soit impossible de dissocier, chez les hommes de ce temps, temporel et religieux, intimement imbriqués, le cas Louis IX demeure à part. Son entourage ne manque pas de figures remarquables, animés d’une foi à toute épreuve, et le sire de Joinville en est un bel exemple, mais lui est d’une autre essence. Véritable gageure pour l’historien, tour à tour tenté de privilégier le roi ou le saint, au risque de ne rien comprendre car les deux ne font qu’un.
Le Saint Louis de Georges Bordonove, paru en 1986 et juste réédité, évita ce double écueil pour livrer du souverain un portrait digne d’une enluminure médiévale, tout en grâce exquise mais historiquement incontestable. Ne sombrant jamais dans l’hagiographie, Bordonove savait que Louis, doté d’une nature ardente et emportée,  ne conquit pas l’auréole en un jour et qu’il atteignit à la perfection après un chemin fort rude, semé d’épines et d’embûches. Il l’expliquait magnifiquement. Figure exemplaire, qu’aucune autre dynastie, aucun autre pays chrétien ne mérita, Saint Louis demeure une lumière insurpassée pour éclairer les chemins de la France et lui répéter un message d’espérance et de confiance dont nous avons plus besoin que jamais.
Réussite du travail capétien
Sans doute n’est-il plus politiquement correct de le dire, à l’heure où la croisade appelle les repentances publiques, où la volonté de convertir juifs et musulmans indigne, et où la vertu ennuie ; quel pape oserait aujourd’hui canoniser ce roi trop chrétien ? Jean Markale livrait ces remarques dérangeantes dans une autre biographie, romancée, de Saint Louis, Le chêne de la Sagesse, mais c’était, contre toute attente, pour prendre la défense du roi, en rappelant que l’on ne fait pas « de petits saints avec de grands saints ». Remarque très juste que plus d’un historien actuel devrait méditer, au lieu de prétendre juger le passé à l’aune de ses propres lumières et ses propres idées.
Aveuglés par de tels partis pris, certains condamnent la huitième croisade, achevée il est vrai en désastre devant Tunis, et fustigent ce qu’ils prennent pour l’aveuglement idéaliste du roi. Gérard Sivéry démontre que le plan royal était, au contraire, remarquablement lucide et intelligent, même s’il n’avait pas pris en compte, et pour cause, l’épidémie qui décima le camp français, tuant le roi, son fils Nevers, et contraignant au retour. Le long voyage vers la France fut épouvantable, car la maladie ne lâchait pas prise et la fatalité s’en mêla. Ce fut escorté des cercueils de son père, son frère, sa femme, son fils, son oncle Poitiers, sa soeur Isabelle, et de l’époux de celle-ci que l’infortuné Philippe III regagna Paris. On a longtemps cru que cette série de malheurs, et la dysenterie contractée en Tunisie qui avait failli le tuer, lui aussi, expliquait les mauvais commencements du règne, tout comme la personnalité du roi semblait avoir souffert de la comparaison avec son père et son fils.
Gérard Sivéry pose, quant à lui, un autre diagnostic : et si le roi Philippe III avait été, en réalité, atteint d’une légère arriération mentale, due à une naissance difficile, qui lui interdit de se comporter en adulte responsable ?
Les arguments avancés ne manquent pas de pertinence. Surtout, si l’historien est dans le vrai, par-delà la personnalité troublée et émouvante du souverain, il met en évidence l’immense réussite du travail capétien : la monarchie française fonctionnait si bien en 1270 à la mort de Saint Louis, qu’elle put s’accommoder, quinze ans, d’un roi retardé, non seulement sans souffrir de ce drame, mais en augmentant l’étendue et la puissance du royaume. Quel autre régime en ferait autant ?
Anne Bernet L’Action Française 2000 du 3 au 16 mai 2007
* Ivan Gobry : Robert II. Pygmalion, 230 p., 20 euros. Voir l’article de Michel Fromentoux dans L’AF 2000 du 15 décembre 2005.
* Gérard Sivéry : Philippe Auguste. Perrin, 430 p., 22euros.
* Georges Bordonove : Saint Louis. Pygmalion, 315 p., 21,50 euros.
* Jean Markale : Le chêne de la Sagesse ; un roi nommé Saint Louis. Le Rocher, 305 p., 19,70 euros.
* Gérard Sivéry : Philippe III le Hardi. Fayard, 360 p., 22 euros.