jeudi 30 juillet 2009

LA BOSNIE N'EXISTE PAS

La guerre de Bosnie est la conséquence directe de l'absurde reconnaissance diplomatique de cette république fantôme. Aujourd'hui, les Occidentaux sont face à leurs responsabilités. Une fois de plus, ils vont prendre la plus mauvaise des décisions tant leur méconnaissance de l'histoire balkanique est flagrante.
Il importe donc de ne pas laisser obscurcir quelques grandes réalités historiques par la fumée humanitaire.

Historiquement, la Bosnie n'existe pas. Il s'agit d'une «commodité» administrative créée en 1878 par l'Autriche et qui fut ensuite conservée par le régime communiste yougoslave.
le soutien à la Bosnie revient en réalité à accepter la création d'une république islamique dans les Balkans. L'actuel président bosniaque, M. Alia Izetbegovic, s'est clairement prononcé pour un Etat fondamentaliste et ce dès 1970, date à laquelle il rédigea son ouvrage « Déclaration islamique », réédité en 1990, et dans lequel on peut lire : « Il ne peut y avoir ni paix ni coexistence entre la religion islamique et des institutions sociales et politiques non islamiques ( ... ). Le gouvernement islamique devra s'engager vers la prise du pouvoir dès qu'il sera ( ... ) assez fort non seulement pour renverser les actuels gouvernements non islamiques, mais aussi pour bâtir un nouvel ordre islamique. »
Deux nationalismes dominent l'ex-Yougoslavie : le serbe et le croate. Ils ont cherché leur point d'équilibre en s'affrontant durant la première guerre post-yougoslave. La Serbie en est sortie victorieuse, créant ainsi un nouveau rapport de force à son avantage.

Reconquête
La seconde guerre post-yougoslave, celle de Bosnie, ne pouvait qu'éclater à partir du moment où la communauté internationale reconnaissait la Bosnie. Il était évident que les 45 à 50 % de Serbes, mais aussi de Croates, qui vivaient dans la nouvelle république allaient refuser l'autorité islamique car, dans les Balkans, les mémoires sont intactes et la période turque toujours présente dans les esprits. La cohabitation ethnique qui était pourtant réelle dans le cadre du fédéralisme yougoslave fut vite oubliée dès que la Bosnie devint indépendante.
La «légèreté» ou la méconnaissance historique des chancelleries européennes a de quoi confondre.
Elles ont placé sur un plan d'égalité politique Croatie millénaire et l'artificielle Bosnie, qui fut la pointe avancée de l'Empire ottoman dans les Balkans. De 1389, date de la défaite de Kosovo, à 1830, la Serbie a subi la domination turque. La résistance chrétienne ne cessa à aucun moment dans cette Castille balkanique. Mais alors que dans les Espagnes la Reconquista fut achevée en 1492 avec la reprise de Grenade, dans les Balkans, elle fut «figée» par les puissances européennes après la guerre de 1912-1913 et c'est pourquoi des enclaves islamiques y subsistent.
Au XIXe siècle, avec le reflux turc, l'Autriche vit disparaître son ennemi séculaire. Face à sa volonté régionale de domination, seule se dressait la Serbie qui revendiquait la Bosnie-Herzégovine. Comme il n'était pas question de laisser la Serbie s'agrandir territorialement, Vienne annexa cette zone-tampon peuplée de Croates, de Serbes et de Slaves islamisés.

Cohérence historique
Les Serbes dénoncèrent cette occupation. En 1914, l'assassinat à Sarajevo de l'archiduc héritier François-Ferdinand par un Serbe de Bosnie fut la conséquence de cette annexion. Le prince héritier représentait en effet un danger pour les nationalistes serbes en Bosnie, la fédération qu'il envisageait de constituer risquant d'entériner la séparation entre les Serbes de Serbie et ceux de Bosnie, interdisant toute possibilité ultérieure d'unification.
La Bosnie est à ce jour contrôlée à 60 % par les Serbes et à un peu plus de 20 % par les Croates. Un siècle après le départ des Turcs, sur le terrain, Serbes et Croates ont donc rétabli la «cohérence» historique régionale en se partageant la Bosnie. Partage qui était inéluctablement inscrit dans l'histoire.
Une chose est certaine désormais, les Serbes n'abandonneront pas les territoires qu'ils viennent de conquérir sur les musulmans. La seule question politique qui se pose est donc : que faire de ces derniers ?
L'alternative est donc tragiquement simple puisqu'il est exclu de déclencher une guerre afin de chasser les Serbes des zones qu'ils occupent. Soit ce qui subsiste de territoire musulman obtient un statut d'autonomie interne dans le cadre de la République serbe de Bosnie, mais, dans ce cas, la communauté internationale doit «revenir» sur la reconnaissance diplomatique de la Bosnie ; soit une «petite» république islamique est créée sous protection internationale, avec tous les dangers qui pourraient en résulter.
Bernard LUGAN minute LA FRANCE du 30/12/92 au 5/1/93

mercredi 29 juillet 2009

L'ALSACE-LORRAINE SERBE

En 1878, le traité de Berlin fit de la Bosnie-Herzégovine occupée par la Turquie un protectorat autrichien. En 1908, Vienne annexa purement et simplement cette région qui n'avait jamais eu d'existence nationale. Or, historiquement, la Bosnie est à 70 % serbe et à 30 % croate. L'occupation turque a provoqué l'islamisation d'une partie de ses habitants, ce qui fait qu'aujourd'hui, les musulmans y sont environ 40 % et les chrétiens 60%.

Par ignorance, la communauté internationale a pourtant reconnu un pseudo-Etat bosniaque musulman. Dans les faits, catholiques croates et orthodoxes serbes se voyaient donc à nouveau dominés par ceux dont ils s'étaient libérés au XIXe siècle au terme d'une longue et héroïque résistance. Pour eux, ce diktat était inacceptable et, par les armes, ils ont reconquis les zones dans lesquelles ils sont majoritaires. Voilà la principale explication du conflit de Bosnie.

Reconquista
La «croisade» humanitaire en direction de la Bosnie et la campagne anti-serbe préparait l'opinion publique française à l'idée d'une intervention militaire en masquant une totale méconnaissance des réalités historiques balkaniques. Quelques mois après le montage de Timisoara, tête baissée, dans l'ignorance bétonnée du dossier historique, tous, de la gauche à la droite, de Bernard-Henri Lévy à Simone Veil, sont prêts à faire la guerre à la Serbie jusqu'au dernier légionnaire ou marsouin.
Je l'ai déjà dit ici, mais il importe de le redire, les «subtilités» balkaniques ne se peuvent approcher par le biais des réflexes humanitaires totalement étrangers aux mentalités de ces pays où, depuis des siècles, des vendettas historiques ne cessent de se régler.
Quand des miliciens serbes violent des femmes musulmanes, ils pensent «venger» les innombrables femmes serbes violées ou vendues durant les quatre siècles d'occupation ottomane. Quand ils massacrent des combattants musulmans, ils ont toujours à la mémoire les pieux sur lesquels les Turcs fichaient les têtes des Serbes qui refusaient de se soumettre.
La mémoire balkanique est longue et intacte et les Tchetniks pensent quotidiennement au héros national serbe Avakum, empalé par les Turcs en 1814.
Pour les Serbes, les musulmans de Bosnie sont avant tout des «Turcs» même s'ils sont d'origine slave.
Nous sommes face à la renaissance d'un vieux nationalisme, comme dans toute l'Europe ex-communiste où l'idéologie a vite cédé la place aux lignes de force aux constantes nationales.

Kosovo
Deux choses sont claires aujourd'hui :
1. Soutenir l'inexistante Bosnie revient à militer pour la constitution d'un Etat islamiste fondamentaliste sur le sol européen.
2. les Serbes sont historiquement fondés à «récupérer» la plus grande partie de ce pseudo-Etat, les anathèmes et les slogans ne pourront pas gommer ces deux réalités.
Mais, allons plus loin, car la question de Bosnie n'est que l'arbre qui cache la forêt des revendications nationales balkaniques. Aujourd'hui, et dans l'indifférence mondiale, les Serbes du Kossovo sont devenus des étrangers dans leur propre patrie envahie et occupée par des Albanais musulmans qui y constituent désormais 90 % de la population.
Afin de contrôler les ombrageux nationalistes serbes, le Croate Tito a, dans les années cinquante, laissé déferler sur le Kossovo, coeur historique de la Serbie, des dizaines de milliers de clandestins albanais. Les affrontements ont été sanglants, les viols de femmes serbes généralisés, les églises souillées, les tombes profanées. Les Serbes du Kossovo ont adressé pétition sur pétition aux autorités communistes de Belgrade qui laissèrent la situation se dégrader. Devenus des parias sur leur sol, impuissants, des centaines de milliers de Serbes du Kossovo émigrèrent. Puis les communistes firent du Kossovo une région autonome, entérinant ainsi l'invasion, le rapt de cette province.
Aujourd'hui, avec la fin du communisme et l'éclatement de la fiction d'un Etat yougoslave, les problèmes se posent différemment car les nationalistes serbes qui sont au pouvoir à Belgrade ne pourront tolérer longtemps encore que le Kossovo demeure occupé. Les Albanais du Kossovo ont poussé la provocation jusqu'à demander, leur indépendance. Pourquoi ne l'auraient-ils pas fait alors que la communauté internationale a bien reconnu l'ubuesque Bosnie ?
Alors, quand, dans quelques mois, les Serbes vont partir à la reconquête de leur seconde Alsace-Lorraine, les mêmes ignorants dénonceront ce peuple anachronique qui défie le mondialisme et le nouvel ordre international.
Bernard LUGAN minute LA FRANCE janvier 1993

mardi 28 juillet 2009

Communisme nazisme : La comparaison interdite

Quelques extraits de l'article publié le 12 février 2000 dans le figaro magazine par l'académicien Jean-François Revel mort le 29 avril 2006.
"Rappeler chaque jour les atrocités nazies exercice devenu sacré, désormais, sous le nom de " devoir de mémoire " - entretient un bruit de fond permanent qui ne laisse plus de vigilance disponible pour le rappel des atrocités communistes. Selon la formule d'Alain Besançon, l' " hypermnésie du nazisme ", détourne l'attention de l'" amnésie du communisme". Chacun comprend donc que toute analyse, tout travail des historiens minoritaires ramenant l'accent sur leur essentielle similarité soulèvent des ouragans annonciateurs de rages vengeresses. On objectera, certes, avec raison, qu'aucun rappel de la criminalité nazie ne saurait être excessif. Mais l'insistance de ce rappel devient suspecte dès lors qu'elle sert à en ajourner indéfiniment un autre : celui des crimes communistes.
Révélateur du succès obtenu par ce leurre est le sens qu'a pris l'expression "devoir de mémoire " désignant de façon quasi exclusive le devoir de rappeler sans cesse les crimes nazis et eux seuls. On ajoute éventuellement à la liste quelques autres forfaits qui peuvent leur être comparés, à condition qu'ils n'appartiennent pas au champ d'action des grandes maisons mères communistes et ne relèvent pas non plus de la conception socialiste du monde.
Ainsi, le 16juillet 1999, le président de la République française, Jacques Chirac, se rend à Oradour-sur-Glane pour inaugurer un Centre de la mémoire, dans ce village où, le 10 juin 1944, les SS de la division Das Reich ont massacré 642 habitants, dont 246 femmes et 207 enfants, brûlés vifs dans l'église. Noble et pieuse évocation du chef de l'Etat. Dans le discours qu'il prononce sur place, le Président flétrit, par-delà l'holocauste (au sens littéral) d'Oradour, " tous " les massacres et génocides de l'histoire, " et d'abord bien sûr, dit-il, celui de la Shoah ". Puis il évoque également la Saint-Barthélemy, " les villages de Vendée sous la Terreur " (ce qui est courageux, vu le tabou d'origine jacobine qui a longtemps refusé la "mémoire" à ce génocide cependant fort mémorable). Puis furent énumérés Guernica, Sabra et Chatila (une pierre dans le jardin d'Israël), les meurtres de masse inter-tribaux du Rwanda en 1994 ; les milliers de Bosniaques assassinés dans et par tous les camps au nom de la "purification ethnique " entre 1992 et 1995, enfin les carnages plus récents du Kosovo. Dans toutes ces exterminations, comme à Oradour, " les bourreaux n'ont pas fait de distinction entre les hommes, les femmes et les enfants ", a souligné Jacques Chirac avec force et indignation.
On le remarquera ou, plus exactement, personne ne l'a remarqué, dans cette fresque de " tous " les crimes, de " tous " les temps et de " tous " les lieux ne figure aucun massacre communiste. Katyn n'a jamais eu lieu. Lénine, Staline, Mao, Pol Pot, Mengistu, Kim Il-sung ont quitté sur la pointe des pieds, sous la houlette d'un chef d'Etat gaulliste, le théâtre de la mémoire des génocides et l'histoire des répressions exterminatrices au XX ème siècle.
Du passé de gauche, faisons table rase ! Bien plus : les despotismes communistes toujours actifs et inventifs, aujourd'hui même, dans l'art de peupler les cimetières progressistes et les camps de rééducation par le travail sont passés sous silence. La Chine, où se pratiquent par milliers chaque jour impunément des tortures qui ne sont pas au passé, de ces tortures qui valent par ailleurs une juste inculpation à Pinochet, lequel n'est plus au pouvoir ; le Vietnam, la Corée du Nord et, cela va de soi, Fidel Castro, dont on connaît l'angélique douceur, si grande qu'il est devenu le Notre-Dame de Lourdes de tous les pèlerins démocratiques ou ecclésiastiques.
" Mémoire ", qui veut dire en français " faculté de se souvenir ", est employé, depuis quelques années, comme un synonyme du mot " souvenir ". Quant au " souvenir de " quelque chose, depuis qu'il s'est glissé dans les habits de la " mémoire de ", on n'a plus le droit de l'employer qu'au sens de souvenir, pardon ! " mémoire " des crimes nazis et, en particulier, de l'holocauste des Juifs. " Mémoire " et " crimes nazis " sont donc désormais deux termes interchangeables. Il en ressort que le " devoir de mémoire ", lié au nazisme par une relation exclusive, est un devoir d'oubli pour tout le reste.
Au lendemain des propos présidentiels à Oradour, le quotidien régional Ouest France titre : " Une mémoire contre la barbarie. " Est-ce à dire qu'une seule mémoire, la mémoire d'un seul individu, se souvient encore de cette barbarie ? Ce serait fort triste.
N'hésitons pas à traduire: le souvenir sans cesse ravivé de la barbarie nazie doit enseigner aux jeunes générations le devoir d'éliminer toute barbarie dans l'avenir. En revanche, les régimes communistes, n'ayant jamais manifesté la moindre barbarie, ce qui est notoire, ne relèvent point du " devoir de mémoire ". Ceux qui actuellement subsistent, torturent et persécutent ne sont l'objet d'aucun " devoir de vigilance". Notre résistance au nazisme se fait d'autant plus farouche que celui-ci s'éloigne dans le passé. C'est ainsi que le ministère des Anciens Combattants, de moins en moins surmené au fur et à mesure qu'il y a de moins en moins d'anciens combattants, songe à se reconvertir en un ministère de la Mémoire, et même à mettre sur pied un " tourisme de la mémoire ". Gageons que ces organisateurs de voyages éthiques ne délivreront guère de billets à destination des lieux de mémoire de la Loubianka soviétique, du goulag aujourd'hui désaffecté, ou des laboratoires de travaux pratiques toujours en pleine activité du laogaï chinois. Que notre vigilance à l'égard des crimes du IIIème Reich ne cesse de croire, c'est en soi un fruit salutaire conscience historique. Mais qu'elle ait décuplé depuis que la vérité sur la criminalité du communisme, après sa chute, a été mieux connue ou du moins, plus difficile à escamoter, voilà une concomitance qui laisse perplexe.
Le jour même où le président Chirac s'exprime à Oradour, notre Premier ministre, Lionel Jospin ne voulant pas être en reste dans la course à l'éthique hémiplégique, faisait, accompagné de son épouse, elle-même d'origine polonaise, du tourisme de mémoire à Auschwitz. Qui ne lui en reconnaissant ? On ne rappellera jamais assez l'unicité de la Shoah ", pour reprendre les termes d'Alain Besançon. On regrettera toutefois que nos deux " touristes de mémoire" ne se soient pas mis en "devoir", puisqu'ils étaient en Pologne, d'en profiter pour pousser jusqu'à Katyn. Le devoir de mémoire est universel ou il n'est que pharisianisme partisan. C'est insulter la mémoire des victimes du nazisme que de se servir d'elles pour enterrer le souvenir de celles du communisme.
Qu'on veuille bien m'excuser de résumé des faits, à l'usage des jeunes générations auxquelles l'appellation géographique Katyn ne dit rien - je l'ai souvent constaté - pour la raison que leur professeurs, leurs journaux et leurs médias ont pris toutes les précautions nécessaires pour éviter qu'elle ne leur dise quoi que ce fût. En septembre 1939, après la défaite de la Pologne, envahie simultanément par les nazis à l'Ouest et par leurs communistes à l'Est, une zone d'occupation de 200 000 kilomètres carrés est (entre autres territoires) octroyée par Hitler à ses amis soviétiques pour les récompenser de leur aide précieuse.
Dès la défaite polonaise, dans cette zone, les Soviétiques sur ordre écrit de Staline, massacrent plusieurs milliers d'officiers polonais prisonniers de guerre : plus de 4 000 à Katyn (près de Smolensk), lieu où fut découvert ultérieurement le charnier le plus connu, mais aussi environ 21000 en divers lieux. A ces victimes, il faut ajouter qu' 15000 prisonniers simples soldats, probablement noyés dans la mer Blanche. Perpétrées en quelques jours selon un plan préétabli, ces tueries en masse de Polonais vaincus, exterminés pour la seule raison qu'ils étaient polonais, constituent d'indiscutables crimes contre l'humanité, et non pas seulement des crimes de guerre, puisque la guerre était terminée en ce qui concerne la Pologne. D'après les conventions de Genève, l'exécution de prisonniers d'une armée régulière, qui ont combattu en uniforme, est un crime contre l'humanité, surtout une fois le conflit terminé. L'ordre de Moscou était de supprimer toutes les élites polonaises : étudiants, juges, propriétaires terriens, fonctionnaires, ingénieurs, professeurs, avocats et, bien sûr, officiers.
Lorsque ces charniers polonais furent découverts, le Kremlin imputa ces crimes aux nazis. La gauche occidentale s'empressa naturellement d'obéir à la voix de son maître. Je ne dis pas que toute la gauche non communiste fut servile. La partie d'entre elle qui avait des doutes resta en tout cas fort discrète et plus plaintivement perplexe que catégoriquement accusatrice.
Pendant quarante-cinq ans, affirmer hautement que l'on croyait vraisemblable la culpabilité soviétique- pour la bonne raison que les crimes avaient été commis dans la zone d'occupation soviétique et non allemande - vous classait sur l'heure parmi les obsessionnels " viscéraux " de l'anticommunisme "primaire". Et puis voilà qu'en 1990, grâce à Gorbatchev et à sa glasnost, le Kremlin, dans un communiqué de l'agence Tass, reconnaît sans détours atténuants que "Katyn a été un grave crime de l'époque stalinienne". En 1992, à la suite d'un début d'inventaire des archives de Moscou, est divulgué un rapport secret de 1959 dû à Chélépine, alors chef du KGB. Il fait état de " 21 857 Polonais de l'élite, fusillés en 1939 sur ordre de Staline".
La question étant donc tranchée du fait des aveux soviétiques mêmes, on aurait pu espérer que les négationnistes occidentaux de gauche qui, pendant quatre décennies, avaient traité de fascistes, ou peu s'en faut, les partisans de la culpabilité soviétique, fissent alors amende honorable. C'était mal les connaître. Aussi peut-on regretter qu'en 1999 le premier ministre de la France n'ait pas eu, en Pologne, un petit geste " touristique " pour montrer qu'enfin la gauche avait cessé d'être une unijambiste de la "mémoire", de la morale et de l'histoire.
Cette discrimination persistante provient de la non moins tenace aberration selon laquelle le fascisme serait l'antithèse du communisme et donc que les victimes du second, quoique se chiffrant par dizaines de millions, seraient qualitativement moins "victimes " que celles du premier. On a envie d'interpeller les négateurs de ces victimes en leur criant : "De quel lieu vous taisez-vous ? " Ce n'est pas le fascisme qui est l'ennemi du communisme. C'est la démocratie. Il n'y aura pas de " mémoire" équitable, donc pas de mémoire du tout, car la mémoire volontairement tronquée est par là même inexistante, aussi longtemps que gauche et droite réunies traiteront différemment les criminels vainqueurs et les criminels vaincus.
[...] L'une des causes, en effet, du voile jeté sur les crimes communistes est une lâcheté certaine, puisqu'il est plus facile de s'en prendre à des totalitaires morts qu'à des totalitaires vivants. Il suffit de voir avec quels égards sont traités les régimes communistes subsistants, même faibles, pour mieux comprendre la colossale servilité qui se manifesta envers la puissante Union soviétique, entre sa victoire militaire de 1945 et sa disparition en 1991. Obligatoire en Occident chez ses partisans ou sympathisants, cette servilité surprend par son ampleur inattendue chez les adversaires mêmes de son idéologie. On a pu l'excuser jadis en alléguant des motifs de realpolitik. Mais elle survit chez eux à la fin du communisme soviétique et européen, parce qu'ils n'ont toujours pas le courage de déplaire à leur propre gauche, laquelle renâcle encore à reconnaître l'échec universel et les crimes avérés du socialisme réel. D'une part le III ème Reich a été anéanti politiquement voilà plus d'un demi-siècle, tandis que le communisme existe encore, quoique sur une étendue plus restreinte ; d'autre part, l'idéologie nazie a cessé depuis cinquante ans de représenter une force culturelle, sauf chez quelques marginaux sans influence, dont l'importance est d'ailleurs soigneusement grossie dans le dessein d'entretenir le mythe d'un danger fasciste éternellement renaissant. Au contraire, l'idéologie marxiste léniniste, tout autant discréditée par la praxis ou qui devrait l'être, continue d'imprégner nos schémas interprétatifs et nos comportements culturels. Les procédés stalino-léninistes restent d'usage courant. La calomnie, le mensonge, la désinformation, la déformation, l'amalgame, l'injure excommunicatrice, le rejet dans le camp fasciste, vichyste, voire antisémite de tout contradicteur, l'affront immérité autant qu'insidieux restent admis dans nos mœurs politiques, et même artistiques ou littéraires. Le plus véniel anathème consiste à traiter de nazi quiconque désapprouve votre secte, sur quelque terrain queue se situe, le ,débat fût-il même étranger à la politique. Il est au demeurant révélateur que la loi française punissant depuis 1990 la contestation des seuls crimes nazis, et donc autorisant, par son silence même à leur sujet, la contestation des crimes communistes. Je veux bien qu'on m'exhorte à exécrer chaque jour davantage les anciens admirateurs d'Himmler, à condition que cette homélie comminatoire ne me soit point administrés par d'anciens admirateurs de Beria."
http://communismex.canalblog.com

samedi 25 juillet 2009

Le Moyen-Âge européen, période de progrès


Entrevue avec Christian Feyerabend, historien et réalisateur de films
Les temps modernes semblent avoir oublié ce qu’ils doivent au Moyen Âge. Aujourd’hui encore, nombreux sont ceux pour qui la période comprise entre l’Antiquité et les temps modernes est synonyme de ténèbres et de barbarie. Mise au point.

Le Moyen Âge est souvent associé à l’obscurantisme. Monsieur Feyerabend, vous réfutez ce préjugé dans un de vos films « Voyage au temps des ténèbres » (2004). Quelles ont été les principales découvertes et innovations faites au Moyen Âge qui perdurent encore aujourd’hui ?
Commençons par des choses toutes simples : tout à l’heure, je suis allé vider ma boîte aux lettres ; j’y ai trouvé un extrait de compte sur lequel figuraient les termes « crédit, débit, et Girokonto (compte courant en allemand) ». Notre système bancaire moderne, les transactions financières et le commerce sont encore marqués par un grand nombre d’innovations lancées au Moyen Âge essentiellement dans les villes commerçantes du nord de l’Italie, telles Gênes et Venise. Ce qui explique pourquoi de nombreux termes bancaires sont d’origine italienne. Prenons par exemple « Banco » qui vient du mot table en italien, table sur laquelle l’argent était échangé. « Giro » signifie que l’argent effectue un mouvement circulaire.
Cela me fascine de voir que tant de choses datent du Moyen Âge, comme les instruments de mesure du temps, puisque c’est à cette époque qu’ont été inventées les premières horloges mécaniques. Presque toutes les villes d’Europe ont été fondées au Moyen Âge, exceptées quelques cités datant de l’époque romaine. De même, la pensée scientifique s’est développée au Moyen Âge. Sans oublier l’esprit européen : en effet, l’Europe s’est formée au Moyen Âge, après le déclin de l’Empire romain.
Avant la création des universités, les monastères étaient les cénacles scientifiques de l’Europe. Dans quelle mesure ont-ils été un moteur d’innovation ?
Ils l’ont été à de multiples égards. Cela tient également au fait qu’après le déclin de l’Empire romain, il n’existait plus d’organisation centralisatrice, hormis l’Eglise. Les monastères ont alors joué un rôle déterminant, notamment grâce au latin, la langue liturgique qui s’est imposée en tant que langue commune. Le latin était parlé du Portugal à la Lettonie, de la Sicile à l’Ecosse. Par ailleurs, les monastères détenaient le savoir de l’Antiquité. Les moines étudiaient les théories d’Aristote, de Platon, et des autres scientifiques de l’Antiquité. Comme l’imprimerie n’existait pas encore à cette époque, il leur fallait tout recopier, ce qui les obligeait à se pencher de très près sur les sciences.
Et les moines ont-ils fait progresser les sciences ?
Oui, parce qu’ils étudiaient les sciences. Notre film illustre très bien ce propos à partir de manuscrits anciens : les moines recopiaient les écrits d’Aristote et ajoutaient leurs commentaires. Ils étudiaient le savoir et les connaissances de l’Antiquité, les vérifiaient et en tiraient leurs propres conclusions. Le rationalisme, qui est né en Europe, vient de la scolastique. Il faut également noter qu’à cette époque, le Nord et l’Est de l’Europe en particulier étaient recouverts de forêts, à l’exception des cités antiques. Puis les monastères ont aménagé des champs, se révélant des pionniers de l’agriculture ; ils ont pratiqué la viticulture, la production fruitière et la distillation, apprise des Arabes. C’est pourquoi les bières brassées dans les monastères sont aujourd’hui encore les meilleures.
Un grand nombre d’innovations techniques – notamment dans le domaine de l’agriculture – étaient déjà connues en partie à l’époque des Romains, comme les moulins à eau. Pourquoi ces moulins à eau se sont-ils généralisés au Moyen Âge et quelle importance ont-ils alors revêtu dans l’économie en général ?

Il est un fait que les Romains disposaient déjà de moulins à eau, mais ils ne dépendaient pas tellement de cette technique. Au Moyen Âge, en revanche, comme il n’y avait plus d’esclaves, la main-d’œuvre coûtait cher. De plus, la révolution agraire a entraîné beaucoup d’excédents agricoles qu’il fallait bien transformer, d’où l’utilisation et le perfectionnement des moulins à eau, tout comme des moulins à vent qui nous venaient des Arabes. Les moulins ne se prêtaient pas seulement à la transformation des céréales, ils ont aussi été mis à profit par les premières industries. Jusqu’à l’invention de la machine à vapeur, tout fonctionnait à l’énergie éolienne et hydraulique, notamment les forges à marteaux-pilons. Les moulins servaient aussi au drain pour les mines. Aujourd’hui, les historiens disent même que la première révolution industrielle, que nous associons toujours au XIXe siècle, a en fait déjà eu lieu au Moyen Âge.
Dans quelle mesure le Moyen Âge portait-il les germes de l’Europe moderne ?
Quand on se réfère au Moyen Âge, on dit toujours que c’est la période de la naissance véritable de l’Europe. Il est un fait qu’une grande partie de ce qui constitue aujourd’hui notre patrimoine nous vient du Moyen Âge. Cela est dû au fait que les différentes nations, à savoir l’Espagne, la France, l’Empire germanique ou encore l’Angleterre, se sont constituées après le déclin de l’Empire romain. Cela tient également au fait qu’il y avait une langue unique en raison de la religion. A cela s’ajoute le sentiment d’appartenir à une même communauté, d’être des Européens. Il y avait des valeurs fondamentales communes, qui perdurent encore aujourd’hui. Et les fondements de cette Europe, à savoir les droits de l’Homme et la dignité humaine, sont antérieures au Siècle des Lumières.
Peut-on vraiment dire que l’idée des droits de l’Homme a émergé au Moyen Âge ?
Parler de droits de l’Homme serait peut-être excessif. Je préfère parler de dignité humaine. L’Antiquité a toujours établi une distinction entre les personnes jouissant de droits civiques et celles qui étaient considérées comme des objets, en l’occurrence les esclaves qui n’avaient aucun droit. Au Moyen Âge, le christianisme a aboli cette distinction et accordé la même dignité à tous. Ce principe est devenu un des fondements de l’Europe.
Source : arte.tv (via Naïf)
http://www.fdesouche.com

jeudi 23 juillet 2009

LES « DISPARUS» D'ALGÉRIE

Crime sans châtiment... Que sont-ils devenus ?

L'atroce, lancinante, mais nécessaire mémoire fouaille le cœur et les entrailles de certains d'entre nous au souvenir douloureux de «notre» Algérie. Certains diront : encore l'Algérie ! Mais comment ne pas voir que ces «événements» sont à l'origine de la dégénérescence patriotique et démographique actuelle ? Ces événements funestes et dramatiques ont des dates : 19 mars (cessez-le-feu unilatéral en Algérie à la suite des accords d'Evian) ; 26 mars 1962 (massacres de la rue d'Isly à Alger) ; 7 juin 1962 (assassinat légal du sergent Dovecar et de Claude Piegts) ; 3 juillet 1962 (indépendance de l'Algérie et abandon des populations) ; 5 juillet 1962 (massacres à Oran alors que l'armée française sous le commandement du général Katz, mort dans son lit, restait l'arme aux pieds dans ses casernes) ; 11 mars 1963 (assassinat légal de Bastien-Thiry) ; 6 juillet 1963 (assassinat légal du lieutenant Degueldre). Aucune victoire ? Si, bien sûr, il y en eut, sur le terrain militaire où notre armée avait écrasé le FLN, mais pas sur le «terrain politique», car, depuis le 13 mai, le sort de l'Algérie était entre les mains criminelles de celui aux promesses de qui elle avait cru et qu'elle avait porté au pouvoir : le sanglant De Gaulle... La France était alors un pion stratégique entre URSS et Etats-Unis, jalousée parce que établie sur les deux bords de la mare nostrum, et régnant encore sur de (supposées) riches possessions «coloniales», ces « perles de l'Empire » où nous mesurons et pesons en euros aujourd'hui les conséquences de la lâche démission de l'homme blanc !
Mais ce calendrier tragique, que voulait rappeler cette stèle de Marignane - provisoirement enlevée (du moins nous l'espérons !) - égrène les étapes sanglantes des lâchetés successives de la France pour le plus grand malheur de ceux qui lui étaient confiés ou qui s'en étaient remis à elle.
Et c'est pourquoi, à dessein, j'ai repris ce titre de « Crime sans châtiment » sous lequel nos amis pieds-noirs avaient déjà placé, en 2000, leur colloque de Nice. Ces rapatriés dont les ancêtres avaient, de leur sueur, de leurs peines, de leur sang souvent, arrosé et nourri ce sol d'Algérie devenu «leur» patrie et qui souffrirent tant d'épreuves lors de son abandon. Certains même, parmi eux, refusant d'être des «dépatriés» se cramponnèrent encore sur le sol d'Afrique du Nord, le seul qu'ils aient connu : 300 000 Français « de souche » se maintinrent, sur un million de souche européenne, dans un pays de 10 millions de « Français à part entière» jusqu'à l'été 1962. Ils n'étaient plus que 100 000 un an, que l'on ne peut pas tous qualifier de « pieds-rouges » après cet été abominable... n'ayant eu le choix qu'entre « la valise et le cercueil » ...
Et ce fut pour beaucoup le cercueil ! Et pire : l'absence de toute sépulture chrétienne pour les milliers de ceux (3 300, 6000 jusqu'à 15 000 suivant les sources officielles ou officieuses) qui disparurent à jamais, enlevés, massacrés ou mis en camp de travail ou dans les bordels de l'ALN par un FLN triomphant qui s'ingénia en même temps à faire payer aux 150 000 harkis, moghaznis et autres supplétifs abandonnés par le chef de la Ve République et ses servants, leur fidélité à la France en les dépeçant, ébouillantant, découpant, écartelant, émasculant. Quelques femmes, épouses de militaires, furent extraites de leur geôle, et se suicidèrent lors de leur retour en métropole.
C'était Pierre Messmer, alors ministre des Armées, ancien légionnaire, qui avait osé déclarer solennellement, au nom du président de la République, le 21 mars 1962 : « L'armée française assurera la protection des Français d'Algérie pendant 3 ans. » Sinistre ministre récompensé de sa lâcheté et de sa félonie par un fauteuil à l'Académie française suivi, quelques années après, sans que nous réussissions à le faire passer en Haute Cour de justice, d'obsèques nationales ! Ce fauteuil d'Immortel est, juste retour des choses, maintenant occupé par madame Veil dont les stigmates de la mort ornent également l'habit vert !
Je sais, on pinaille, atrocement, sur les chiffres, le flou ayant été soigneusement entretenu des deux côtés de la Méditerranée parce qu'il arrangeait les gouvernements respectifs. Dès le 3 juillet et l'indépendance «célébrée» par plusieurs centaines d'atroces assassinats et disparitions d'Oran, nos ressortissants musulmans ne furent plus que des Algériens soumis à la loi islamique d'un pays musulman. Et les Européens, parfois des familles entières, qui n'avaient pas d'attache familiale en métropole et ne pouvaient, de ce fait, être réclamés par quiconque, pas même par des voisins que l'exode précipité, après l'arrestation en avril du chef de l'OAS, le général Salan, avait séparés, bousculés, paniqués, ne furent réclamés par personne et ne sont évidemment pas comptés dans ces macabres statistiques. C'est dire assez que celles qui nous sont présentées, les officielles, le sont a minima !
Pourtant, le 23 mai 1962, le problème des enlèvements d'Européens avait été évoqué par Louis Joxe auprès du Comité des Affaires algériennes. Mais l'ardeur des enquêtes, qui ne pouvaient plus être que de police, car après le 19 mars, la paix des braves interdisait toute opération militaire, fut freinée par De Gaulle, Pompidou et Louis Joxe, pour qui le seul combat à mener était celui contre l'OAS.
Ce fut pire encore après que nous eûmes replié notre drapeau, car s'abattit alors la chape de plomb du silence gouvernemental qui comblait d'aise et d'un lâche soulagement la plupart des métropolitains, mais de désespoir les exilés à la recherche de l'un des leurs. On leur fit rapidement comprendre, et très officiellement, que la mention «disparu» ou «recherché» accolée au nom de celui dont ils espéraient le retour, les priverait du bénéfice des aides qu'ils sollicitaient pour subsister en «mère-patrie», alors que la mention «décédé» leur en ouvrait les droits. D'où la clôture immédiate de toute enquête, la sortie des statistiques et le silence de la mort...
Jusqu'au jour où Le Monde, L'Esprit Public de Philippe Héduy, L'Aurore, Aux Ecoutes, Itinéraires de Jean Madiran, Rivarol de René Malliavin, réveillèrent les consciences en s'angoissant du sort de nos compatriotes. Le scandale fut dénoncé. Tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat. Des missions parlementaires, en 1963 et 1964, furent envoyées et des enquêtes de la Convention internationale de Genève conduites sur place et qui conclurent, comme le rapport de la Commission internationale des recherches historiques sur les événements d'Algérie, à l'existence des camps dénoncés, mais évidemment vides lors des visites car les prisonniers étaient transférés d'un endroit à un autre... Il s'agissait surtout de ne pas gêner la jeune République algérienne où déjà des règlements de comptes et des exécutions entre «libérateurs» s'effectuaient de manière sanglante. Le délégué de la Croix-Rouge du Secteur Europe dont les yeux s'étaient ouverts, enfin, sera muté en Asie après qu'il eut remis un rapport accablant à Chirac et Mitterrand, puis au secrétaire d'Etat aux Rapatriés (30-12-1986).
Le capitaine Leclair, le colonel de Blignières et Me François Patrimonio (tous décédés aujourd'hui) remettront à la Cour de La Haye un Livre blanc sur ces disparitions au nom de l'ASFED créée en 1967. Mais une enquête ne pouvait avoir lieu que si les deux parties (France et Algérie) étaient d'accord. Elles l'étaient... mais pour oublier ces victimes bien importunes, victimes de dégâts collatéraux sans doute, en réalité d'une coupable impéritie politique. Là encore, complicité dans l'abomination de ce crime sans châtiment !
Le 24 décembre 1985, Bernard Antony, député européen, déposera une proposition de résolution, suivie d'une lettre ouverte de Jean-Marie Le Pen à ses collègues députés européens, appuyée par Yann Piat, Guy Herlory, Pierre Descaves, Me Georges-Paul Wagner, Michel Poniatowsky et Roger Holeindre, épaulés par des journalistes comme Philippe Tesson de Combat, le pied-noir et Prix Nobel d'économie Maurice Allais. Et cette liste de défenseurs de la parole donnée serait incomplète si l'on ne rendait pas hommage au magnifique et persistant travail de Présent où les articles fouaillants d'Alain Sanders rafraîchissent les mémoires et, mieux encore, rappellent les responsabilités !
La LICRA elle-même en 1991, au nom de «l'universalité de son combat» dénonça le maintien dans les prisons algériennes de 500 harkis rescapés du massacre de 150 000. Boumédienne n'avait-il pas lui-même déclaré le 26 janvier 1971, 14 ans auparavant : « A Paris, on semble ignorer que nous détenons un grand nombre d'otages français. Quand il le faudra, nous en communiquerons la liste à la presse. Alors, pour obtenir la libération de ces otages, il faudra y mettre le prix. » La France, héritière du gaullisme, ne releva même pas l'élégance du propos. Elle n'eut que la lâcheté d'accorder... des visas !
Parmi les écrits et les documents qui m'ont permis de mener - avec passion cette enquête, je me dois de mentionner France Fraternelle (Robert Laffly), Tradition et Progrès (Pierre Poujade), Rivarol (René Malliavin), Le Chardon (François Brigneau), Minute (J .-F. Devay), les ouvrages récents, à la rigueur chirurgicale, de Jean Monneret, du capitaine Leclair, les archives inédites du général Faivre, mais aussi les numéros spéciaux de La Nouvelle Revue d'Histoire et d'Historia. Il semblerait que les Archives du Quai d'Orsay se soit rouvertes récemment à la demande du Haut Commissariat aux Rapatriés... Si je vous cite tant de monde, c'est pour vous montrer que notre famille reste grande et riche de volontés et de talents et qu'un jour, que nous espérons tous prochain, justice sera faite comme s'y emploient, avec autant d'acharnement que de courage et de talent, nos amis de VERITAS et de l'ADIMAD.
Les peuples sans passé n'ont pas d'avenir. Le nôtre ne s'illuminera qu'à la lueur des consciences réveillées et de l'espérance brandie en étendard.
C D-T Présent du 14 mars 2009

mercredi 22 juillet 2009

Pro Vercingétorix !

Notre pays s’appelait autrefois la Gaule. C’était un ensemble de cités prospères mais parfois turbulentes. Chaque cité avait son sénat et chaque ville, son conseil de notables. On y délibérait beaucoup (1).


Mais, de l’autre côté du Rhin, de l’autre côté des Alpes, des peuplades s’armaient, avides de conquêtes. En l’an 58 av. J.C., une armée romaine envahissait le pays sous le commandement d’un homme qui voulait changer le monde : Jules César.

Face au futur dictateur - César fut assassiné par la suite, en plein Sénat, par les partisans de la République - un jeune homme se dresse : VERCINGETORIX, un nom qui est fait pour inspirer la terreur (Florus)(2). Son programme politique : « Faire diligence pour rassembler les cités gauloises, et faire ainsi de toute la Gaule un seul conseil où se décideront des accords auxquels tout le monde devra se soumettre (DBG VII, 29) ». Sa motivation : « Si j’ai mené cette guerre (contre l’envahisseur), ce n’est pas pour mes intérêts mais pour la liberté de tous (DBG VII, 89) » (c’est-à-dire pour un idéal de société où tous les hommes, quels qu’ils soient, seront libres). Son père naturel : Celtil, grand chef des Arvernes, druide suprême de la Gaule. Son père spirituel : Dumnorix, chef de la cavalerie éduenne, qui s’écria avant de mourir, assassiné sur ordre de César : « Je suis un homme libre ! J’appartiens à une cité libre ! (DBG V, 7) ».

Que l’on soit Gaulois de souche, immigré de longue ou de fraîche date, tout le monde s’est posé ou se posera un jour des questions sur l’histoire antique du pays dans lequel il a choisi de vivre. Interrogeant la mémoire de la société dont on a accepté l’éducation, il est bien rare que les citoyens et citoyennes de bon sens n’y trouvent pas, à la racine, des valeurs pour notre temps.

Ignorant les technocrates qui planifient dans leurs bureaux obscurs, ces citoyens et citoyennes de bon sens savent bien que ce n’est pas en reniant le passé ni dans de perpétuelles repentances qu’on construit l’avenir et que des grands projets, tels que l’Europe, ne pourront se réaliser que par le rapprochement des patries historiques.

Quelle mauvaise mouche a donc piqué cette vénérable institution qu’est le Collège de France pour que son porte-parole à la chaire des Antiquités nationales proclame à tous vents ce slogan qui ne veut rien dire : « La patrie gauloise est un mythe ! » ? Recueil de nombreuses contre-vérités, de faux sens et de contre-sens, et pourtant Bible pour les archéologues de demain, Le "dossier Vercingétorix" de M. Christian Goudineau, s’efforce de démolir le personnage historique des textes antiques auquel, depuis Camille Jullian, nous avons cru. Vercingétorix fait piètre figure. Il n’a pas de personnalité, il ne joue qu’un tout petit rôle (page 230). La reddition de Vercingétorix devant César ? Une invention des auteurs anciens ; la fin est nulle, plate (page 328). Après avoir déboulonné la statue de Vercingétorix, le « grand patron » en histoire gauloise s’en prend ensuite à la Gaule. Véritable paradoxe, alors que les discours de César se font au nom de Rome, alors que ceux des Gaulois se font au nom de la Gaule, il nie tout sentiment gaulois ; il n’y aurait eu que des patriotismes de cités. Les frontières de la Gaule ? Une invention de César (page 238). Corrigeant superbement les témoignages antiques, il affirme : « Dans l’antiquité, la Gaule, ça n’est rien, ça n’existe pas (page 238) ». La maison de Vercingétorix ? Une maison en matériaux périssables (terre et bois) (page 243). Le physique impressionnant du chef arverne ? Une invention de Dion Cassius et de Florus (page 282). Comment fut-il exécuté ? Nous l’ignorons et, à vrai dire, cela importe-t-il ? (page 328). Faisant l’apologie de l’ouvrage, la revue "L’archéologue" (n°53) résume l’idée que se fait l’auteur du héros arverne : un guerrier coupeur de têtes, un paysan élevant des cochons.

Solidaires et complices du cartel qui soutient M. Goudineau (la revue L’archéologue, les éditions Errance, la librairie Epona, le musée archéologique européen, France culture etc…), les médias n’hésitent pas à en rajouter dans le dénigrement de notre protohistoire, se félicitant de la victoire romaine qui nous aurait amené la civilisation (cf. Le Monde des livres du 20/5/94)……

Triste civilisation, en vérité, qui brûla Bourges, la plus belle ville, ou peu s’en faut, de toute la Gaule, et qui massacra ses 40 000 habitants, hommes, femmes et enfants ! (DBG VII, 15 et 28)…… Triste civilisation que Vercingétorix, heureusement, conjura en s’offrant, de lui-même, en holocauste : « Puisqu’il faut céder à la fortune, je m’offre à vous ; tuez-moi, ou livrez-moi vivant aux Romains. Puissent-ils se satisfaire de mon sacrifice ! » (DBG VII, 89).

Français, prenez garde ! Les 45 millions d’euros que vous allez donner au futur Muséoparc d’Alésia serviront à donner à nos enfants un enseignement tiré du "Dossier Vercingétorix" de M. Christian Goudineau, un enseignement partisan "anti-Vercingétorix", un enseignement à la mode de notre époque où tout devrait être déconstruit. Je cite : le parcours se termine par la présentation détaillée - et par conséquent la déconstruction - du mythe des origines gauloises, de l’héroïsation de Vercingétorix...(3)

Il faut réagir. Il faut que nos responsables politiques sortent de leur torpeur. Vercingétorix n’est pas seulement un de nos plus grands personnages historiques, il est un symbole de la Liberté.

Renvoi 1. L’Histoire de France enseignée aux enfants de E. Lavisse, en 1884, commence ainsi : il y a deux mille ans, notre pays s’appelait la Gaule...mais il s’égare en donnant l’image d’un pays inculte alors que Strabon dit tout le contraire. Et encore aujourd’hui, on se refuse à reconnaître aux Gaulois l’usage de la chaux et l’existence de villes et de forteresses comme dans tout le reste du monde antique.

Renvoi 2. Le nom de Vercingétorix - VER CIN GETO RIX - rassemble les fonctions principales de la société gauloise : le VERgobret, magistrat suprême placé à la tête de l’administration (magistratus), CIN qui évoque la chevelure flamboyante de l’aurige des monnaies gauloises (cf. Cincinnatus, l’homme aux cheveux bouclés), GETO qu’il faut transcrire en TOGE, l’homme à la toge, c’est-à-dire le sénat, et enfin le RIX, le commandant en chef des armées.


Renvoi 3. Autre ignominie : stigmatiser une France occupée qui aurait choisi la collaboration en reconnaissant la supériorité de l’occupant, comme les Gaulois, et en présentant l’image d’un jeune des chantiers de Jeunesse, est une véritable insulte à l’esprit de résistance qui animait cette organisation, véritable insulte à tous ces jeunes qui se sont engagés dans les armées françaises de la libération, parfois en unités constituées, et qui sont morts au combat.
Emile Mourey http://www.agoravox.fr

mardi 21 juillet 2009

Chronologie sur Staline et l'URSS jusqu'à 1938

1879: naissance de Josip Vissarionovic DJOUGACHVILI en Géorgie; père cordonnier, né serf. Séminaire orthodoxe pour études gratuites. D'abord militant nationaliste géorgien (donc anti-russe!), puis militant marxiste.
1906: il devient «révolutionnaire professionnel» bolchevik, et sera arrêté 5 fois par la police tsariste. Lénine apprécie son intransigeance sans scrupules et son absence de prétentions intellectuelles critiques ; il le surnomme Staline = d'acier.
févr.1917: la Révolution le libère de Sibérie. Revenu à Petrograd, il est rédacteur à la Pravda, organe bolchevik; sa position est favorable à la collaboration avec le Gvt provisoire (comme les mencheviks) jusqu'au retour de Lénine en avril. Dès ce moment, il se soumet aux Thèses d'Avril, et en devient un exécutant énergique.
nov. 1917: Staline a un rôle effacé dans la Révolution d'Octobre, contrairement à Trotski. Puis Lénine le nomme commissaire au Rabkrin , organisme de surveillance de l'administration et des organisations de travailleurs : sentant le danger de la « bureaucratisation délirante » qu'il avait mise en place pour imposer le «communisme de guerre» (1) , Lénine voulait un exécutant énergique pour contrôler... la nouvelle bureaucratie qu'il met en place afin de contrôler la première ! Staline applique brutalement les méthodes énergiques préconisées par Lénine.
1922: dans un pays sorti de la guerre civile mais totalement épuisé, détruit, sous-alimenté, le XIe Congrès du Parti décide la NEP, «nouvelle politique économique » (retour au marché libre pour «laisser souffler» l'économie (2)). Staline est élu Secrétaire général du Parti communiste, poste administratif . Mais Lénine est victime d'une attaque du cerveau (avec hémiplégie) : la fonction de Staline devient alors politique. De plus, il surveille étroitement le grand chef malade, et censure son information. Staline s'allie («1e troïka») avec Zinoviev et Kamenev, tenants de la NEP, contre Trotski, partisan d'une accélération de la Révolution avec collectivisation et planification (3). Staline renforce le caractère hiérarchique du Parti, qui constitue un Appareil soumis au Secrétaire général (4).
janv. 1924: mort de Lénine. Staline organise des funérailles grandioses, augmente le poids du Parti et y fait entrer des ouvriers qui voient leur adhésion comme une promotion sociale. Son mot d'ordre est de consolider « la Révolution dans un seul pays », contre Trotski (qui voudrait, grâce au Komintern (5), une extension internationale de la Révolution, et à l'intérieur une «Révolution permanente» contre la tendance de l'appareil du Parti de se constituer en classe dominante). [Les communistes européens, en grande majorité, soutiennent à fond l'URSS, désormais patrie du prolétariat dirigée par le grand Parti frère dont les directives sont sacrées. L'URSS est considérée par tous les staliniens comme une citadelle assiégée par le capitalisme. Les communistes de tous pays, sous l'autorité de Moscou, feront tout pour l'aider.]
1926: Zinoviev et Kamenev, écartés du pouvoir, et désormais persuadés qu'il faut industrialiser et planifier, se rapprochent de Trotski : c'est la «2ième troïka» ou «opposition de gauche». Staline les fait exclure du Parti, fait déporter Trotski et poursuivre ses partisans (les trotskistes sont souvent des intellectuels). Le Parti, «épuré» de ses intellectuels, devient de plus en plus une caste privilégiée d'origine ouvrière. Jusqu'ici, Staline a soutenu la Nep, les koulaks (paysans indépendants) et toléré les «nepmen », commerçants enrichis par la Nep. Mais, en 1928, la tension entre le pouvoir et les nouveaux privilégiés s'aggrave : réquisitions de récoltes, taxations sévères, à quoi répondent refus de livraisons et trafic parallèle clandestin. La crise est aiguë, l'économie asphyxiée. C'est alors que Staline, adoptant tout à coup les idées de l'opposition de gauche qu'il a éliminée, se lance à fond dans la collectivisation : c'est le grand tournant. Le Parti force les paysans à se réunir en KOLKHOZES (fermes collectives) et SOVKHOZES (fermes d'Etat). Résistance massive des paysans, qui abattent leur bétail etc. Les récalcitrants sont soumis à la «dékoulakisation» (5 à 10 millions de paysans déportés et/ou massacrés de 1929 à 1934 d'apr. J-J Marie). Famine gigantesque.
Simultanément industrialisation forcée, avec PLAN QUINQUENNAL de développement (1928-1933), aux directives utopiques, chaotiques. La mise sur pied d'une vaste industrie lourde (énergie = pétrole + charbon + hydro-électricité, et sidérurgie) au détriment de l'industrie légère ou de consommation, s'accompagne d'une énorme propagande en faveur de la productivité (exaltation du stakhanovisme, du nom de l'ouvrier Stakhanov qui abattait 14 fois plus de charbon que les autres) et d'un renforcement de la bureaucratie (6) (rétablissement du «livret ouvrier» par ex.), tout en dénonçant la bureaucratie. L'OGPU, police politique, joue un rôle décisif non seulement dans la «mise au pas» de la population par la terreur, mais dans l'économie, remplissant les campsgoulag ») d'«ennemis du peuple», «koulaks» ou «saboteurs», qui constituent une main d'oeuvre gratuite, mobile, exploitable : l'OGPU devient le plus grand entrepreneur d'URSS. Le premier grand régime totalitaire (7) est en place.
[1927-1930: Le Parti communiste chinois, assez puissant dans les villes, reçoit de Staline l'ordre de collaborer avec le «Kuo-min-tang» (Guomindang, parti nationaliste). Or une fois désarmé, le PCC est exterminé par le général guomindang Tchang-Kaï-shek - cf La Condition humaine de Malraux. Du coup, après cette défaite, les directives de Moscou aux «partis frères» vont être de refuser toute alliance avec d'autres partis de gauche, de lutter «classe contre classe», c'est-à-dire le parti communiste-prolétarien seul contre tous les autres, et surtout contre les sociaux-démocrates ou «social-traîtres», ou même «social-fascistes». Le résultat de cette politique en Allemagne, de 1930 à 33, sera de laisser le nazisme prendre le pouvoir...]
1934: L'assassinat de Kirov, le plus proche collaborateur de Staline (8), est présenté comme la preuve d'un «Complot» d'intensité croissante qui réunit le Capitalisme moribond et le Trotskisme, et qui agit à tous les niveaux du parti.
[On a distingué dans les textes staliniens des années 1930 deux types de langage :
1) le discours de la «métahistoire», c'est-à-dire détaché du réel, consistant à dire que le socialisme instauré en 1917 conduit progressivement à l'abondance. Exemple-type : la phrase constamment citée de Staline « La vie est devenue meilleure, la vie est devenue plus joyeuse ». Comme la réalité ne correspond pas à ce langage, il faut y ajouter
2) le discours de la «subhistoire», consistant à expliquer, par le complot «hitléro-trotskiste», tous les dysfonctionnements du système. Alors chaque cadre, chaque responsable va craindre d'être désigné comme membre du complot, et ne va espérer s'en tirer que par une totale servilité à l'égard des supérieurs, en accusant lui-même d'autres responsables. N. Werth, Etre communiste.., ch. 5, 6, et Soljenitsyne.]
1936-37 : les grandes purges opérées par le Guépéou (GPU, police politique qui succède à la Tchéka) frappent les cadres administratifs et techniques et, au sommet de la pyramide hiérarchique, tous ceux qui pourraient être les rivaux de Staline. Lors des procès (1936: procès du «contre-terrorisme-trotskiste-zinoviévien» ;
1937: procès du «centre antisoviétique trotskiste» etc), les accusés ont presque toujours reconnu et amplifié leur culpabilité, s'accusant, contre toute vraisemblance, des complots les plus noirs. Les explications données à ce comportement étrange sont diverses : Soljenitsyne dans l'Archipel du Goulag insiste sur la terreur dans les prisons, le chantage sur la famille, l'espoir entretenu mensongèrement d'être gracié si on avoue. N. Werth (Etre communiste..) insiste sur le consensus, dans tout l'appareil et même chez les accusés, sur la subhistoire : « puisque tout va mal malgré les efforts du peuple, c'est qu'il y a un coupable, et c'est peut-être bien moi ! ». L'ensemble des procédés mis au point en URSS dans les années 1930 pour obtenir du prisonnier une soumission totale et des aveux publics "sincères" est appelé "lavage de cerveau" (brainwashing); il comporte la privation de sommeil, les interrogatoires répétitifs (avec une lampe devant les yeux) où, pendant des mois, on exige de façon lancinante de l'accusé qu'il avoue une faute, sans lui dire laquelle. Affaibli, il finit par être persuadé d'être coupable, et quand finalement on précise ce qu'il doit avouer, soulagé de "comprendre" sa faute, il y adhère (9).
Il y a aussi des purges dans les classes populaires, surtout des régions non-russes, selon des critères ethniques : les archives ont révélé récemment que la police politique fixait d'avance des «quota» de condamnés à mort pour chaque district ! La masse des déportations de certaines ethnies (Tchétchènes, Cosaques etc) fait qu'on peut même parler d'entreprise génocidaire.
La purge de l'armée (exécution du maréchal Toukhachevski et de 4 maréchaux sur 5 existants, et, dit-on, de 35000 officiers) résulterait d'une provocation des services secrets hitlériens, qui auraient inventé et transmis à Staline une trahison de l'état-major soviétique.
1938 : fin du 2e Plan quinquennal. L'URSS est profondément bouleversée; le Parti et l'Armée, peuplés de cadres fraîchement promus et tremblants, pratiquent le «culte de la personnalité» à l'égard de Staline.
Une grande partie de l'activité économique est obtenue par le travail forcé, dans cette gigantesque organisation de camps dont Soljenitsyne a diffusé mondialement le nom : le Goulag (de Glavnoie Oupravlenie Lagerei : direction des camps). Dès 1919, ces camps de "travail correctif", dirigés par la police politique, remplacent les prisons et sont implantés surtout dans l'extrême-nord (îles de la mer Blanche) ou en extrême-orient, où les conditions sont particulièrement inhumaines. La mortalité y est effrayante. Nombre de détenus, d'ap. Quid 2003 p. 1263 : en 1930 : 1,5 million; 1933 : 3,5 millions; 1938 : 11,5 millions; 1941 : 13,5 millions.
Les avis des historiens divergèrent longtemps quant à la réussite économique de cette période : certains, même anti-staliniens, étaient impressionnés par les grandes réalisations de l'industrie lourde, centrales hydro-électriques géantes et combinats métallurgiques (10); d'autres voyaient la faiblesse de la consommation et l'inutilité des réalisations mégalomanes faute d'un circuit de distribution. Depuis 1990, devant le délabrement des installations héritées des soviétiques (Tchernobyl et autres centrales nucléaires ; gazoducs sibérien qui ont des pertes d'env. 25%) mais surtout l'effrayante dégradation de l'environnement (disparition de la mer d'Aral, des terres noires d'Ukraine, de la taïga, empoisonnement du lac Baïkal, pollution atmosphérique), on a dû cesser de vanter l'économie «prolétarienne».
[Mais ne vantons pas trop, non plus, le système (néolibéral) qui a pris sa place ! Sous Staline, la population augmentait ! Depuis une vingtaine d'années les Russes livrés à eux-mêmes, invités à prendre des initiatives individuelles mais soumis au chômage, à l'incertitude, à des pénuries parfois aussi graves que sous le stalinisme, voyant la corruption envahir tout, ne savent souvent plus que faire, et ne veulent presque plus avoir d'enfants. Aujourd'hui (2005) nombreux sont ceux qui regrettent l'époque stalinienne.]
A l'extérieur de l'URSS, l'information était rare, et les opinions se partageaient de façon tranchée entre l'horreur du bolchevisme (cf Hergé: Tintin chez les Soviets) et le culte du Père des Peuples ou Grand Frère, Staline (Louis Aragon, les Partis Communistes occidentaux, etc.).
Notes :
(1) Communisme de guerre : système autoritaire que Lénine avait mis en place pendant la guerre civile pour faire marcher l'économie - confiscations, réquisitions de vivres et de chevaux dans les villages, directives aux usines pour une production accélérée. Les paysans préfèrent manger leur bétail que le livrer, le commerce de distribution disparaît : famine

(2) Avec la NEP le commerce et le petit capitalisme peuvent reprendre : celui qui a des marchandises les offre, celui dont l'offre correspond à la demande s'enrichit. La situation s'améliore vite, mais des inégalités se créent. On nomme nepman celui qui s'enrichit.

(3) Si on supprime la concurrence capitaliste, il faut que les entreprises aient un autre moyen de savoir que produire : ce sera la planification , dit Lénine d'abord, puis Trotski. Chaque unité recevra des directives, sur cinq ans, pour développer sa production de façon qu'elle se coordonne avec les autres.

(4) Lénine s'en inquiète. Dans un moment où il n'est pas surveillé par Staline, il dicte le fameux testament de Lénine qui dit : méfiez-vous du camarade Staline, il est trop dur. C'était trop tard...

(5) Komintern (= 3e Internationale communiste) organisation créée en 1918 à Moscou, dont le 1er dirigeant fut Trotski. Son but : étendre la révolution bolchevique au monde entier.

(6) Il est très difficile pour un jeune d'aujourd'hui vivant en démocratie de se rendre compte de l'horreur destructrice d'une bureaucratie sans scrupules dont tout dépend.

(7) Le mot Etat totalitaire a été inventé dans l'Italie fasciste. Il faut bien distinguer le totalitarisme du XXe s. de l'absolutisme et des despotismes qui l'ont précédé. A l'autorité sans limite du Chef (avec "culte de la personnalité"), le totalitarisme ajoute
1) une propagande (meetings monstres, spectacles orchestrés, radio, procès publics des ennemis du peuple, embrigadement de la jeunesse dans des activités collectives) qui s'empare de la totalité des esprits : on ne peut plus penser par soi-même;
2) un système efficace de surveillance-dénonciation, avec une police omniprésente (écoutes téléphoniques, micros cachés, avantages donnés aux délateurs, méthodes pour obtenir des aveux), avec un acharnement contre les intellectuels, les artistes, les esprits entreprenants. Toute critique exprimée conduit à la mort, et les citoyens «normaux» adhèrent entièrement à l'exaltation du régime. Dès les années 1930 certains ont vu que le totalitarisme existe à la fois à l'extrême-gauche lénino-stalinienne et à l'extrême-droite hitléro-fasciste. Alors qu'ici, chacun de nous est tantôt une personne individuelle choisissant ses modèles et capable de refuser certains choix, tantôt un atome de la foule qui se précipite dans la même direction comme la vague, dans la société totalitaire il n'y a plus que la foule.

(8) L'assassinat de Kirov a fait couler beaucoup d'encre. La conviction semble se faire, de plus en plus, que c'est Staline qui l'a fait tuer, car personne n'avait de raison de vouloir la mort de ce collaborateur peu visible, et aucun suspect ne l'a approché. Mais pourquoi Staline a-t-il fait tuer son plus proche collaborateur ? Ce mystère est au coeur du totalitarisme : avait-il besoin d'une mise en scène dramatique pour renforcer son pouvoir ? La dictature semble avoir besoin de la délation, de l'accusation, pour fonctionner, et ses chefs s'entre-déchirent.

(9) Des hommes aussi solides que Kamenev et Zinoviev ont fait, à leur procès, des aveux invraisemblables sur le ton le plus convaincu. Actuellement le terme "lavage de cerveau" s'utilise pour dénoncer les procédés de certaines sectes qui obtiennent une soumission totale de leurs membres. Cette technique est née dans les années 1930 dans un but politique, mais aujourd'hui il serait inutile, pour une dictature totalitaire, d'organiser un procès public avec aveux, car tous les journalistes dénonceraient le lavage de cerveau. Les dictatures actuelles préfèrent les disparitions...

(10) Les immenses lacs de retenue hydro-électrique sur les fleuves russes sont visibles sur les cartes scolaires; les habitants évacués subissaient un déracinement cruel. Le plus grand combinat de l'Oural dépensait 30 % du charbon uniquement pour son transport avant la fonte du minerais ! Mais si, selon la doctrine marxiste, la mission de l'homme est de lutter contre la nature, tout cela est bon !
http://icp.ge.ch/po/cliotexte

lundi 20 juillet 2009

Le 26 mars 1962 à Alger

La résistance du ghetto de Bab-el-Oued

Dans la première quinzaine de mars 1962, les Français d'Algérie ne pouvaient pas y croire. Ils ne voulaient pas y croire. Et le 18 de ce mois-là, ils ont reçu comme une condamnation monstrueuse et imméritée l'insupportable nouvelle : leurs départements français avaient reçu le statut de l'indépendance « en association avec la France » (sic) et au profit du seul FLN. Plus de cent trente ans de labeur acharné pour rien. Plus de huit ans de guerre pour rien. La perspective d'avoir à quitter sa terre natale, sa maison, ses biens, ses tombes, comme un déporté politique ! La détermination de la clique de tueurs à laquelle avait été remise l'Algérie, n'avait jamais varié : pour les Français d'Algérie, c'était « la valise ou cercueil ». Les atrocités commises par cette même clique, au cours des huit ans écoulés, ne laissaient pas d'illusion sur le sort de ceux qui tenteraient de rester.

L'OAS, leur seul bras armé, misérable face aux deux forces hostiles conjuguées, a tenté de passer à l'action. Dans le quartier populaire de Bab-el-Oued, quelques militaires des forces de l'ordre dont la présence devenait provocante dans ce contexte, ont été attaqués. Immédiatement, un véritable dispositif militaire a été mis en place, ceinturant totalement ce quartier situé au nord de la casbah. Les habitants ont été soumis dès le 23 avril à un blocus rigoureux, plus d'alimentation, plus de lait, plus de secours extérieur, plus d'hospitalisation, plus de funérailles, les sorties dans la rue tolérées quelques heures par jour. En prime, les blindés de la Gendarmerie mobile tiraient sur les façades des immeubles à la mitrailleuse lourde dont les balles ne s'arrêtaient évidemment ni aux portes ni aux fenêtres. Des avions T6 mitraillaient les terrasses qui auraient pu servir de refuge.

Devant cette tragédie, le reste du Grand Alger, ému et même angoissé, sentait la nécessité d'une action solidaire. Mais laquelle ? Le 26 mars au matin, suivant la croyance habituelle, un tract de l'OAS, signé du colonel Vaudrey, appelait enfin les Algérois à une action en faveur de Bab-el-Oued. Après avoir décrit ce qui s'était perpétré contre l'Algérie française et évoqué les souffrances du quartier meurtri, le tract lançait l'invitation suivante : « Il faut aller plus loin en une manifestation de masse, pacifique et unanime. Tous les habitants de Maison-Carrée, d'Hussein-Dey, d'El Biar rejoindront ce lundi, à partir de 15 heures, ceux du centre pour gagner ensemble et en cortège, drapeaux en tête, sans aucune arme, sans cri, par les grandes artères, le périmètre de bouclage de Bab-el-Oued. » Cet appel pathétique répondait aux aspirations profondes de l'immense majorité des Algérois. Ils décidèrent donc de s'y rendre.

Cette interprétation correspond aussi à ce qu'écrit Monneret. Elle fait l'objet de contestations apparemment fondées, tant sur le fait que le tract ait été rédigé par Vaudrey, qui sur le fait que sa diffusion ait été assurée par l'OAS. Des éléments sérieux donnent à penser qu'il pourrait s'agir d'une provocation renforçant le machiavélisme du guet-apens.

En lançant cette manifestation et cette marche, à l'évidence l'OAS prenait un risque. Mais quelle guerre n'a pas les siens, a fortiori quand elle est dans une phase aussi désespérée ? ... La manifestation ainsi appelée revenait à élargir l'épreuve de force enclenchée à Bab-el-Oued. On peut penser, en effet, que l'objectif allait bien au-delà de la tentative de lever le bouclage du quartier souffrant. Il s'agissait en réalité d'une ultime tentative auprès de l'armée française. Celle-ci, parfaitement au courant de la teneur des accords d'Evian, de la vanité complète des prétendues clauses de garantie, du désespoir des Européens, des juifs et de la multitude des indigènes qui nous avaient été fidèles, allait-elle obéir au pouvoir gaulliste ? Allait-elle se déshonorer en écrasant les dernières résistances de ces Français d'Algérie ? Ou bien, comme quelques officiers et quelques soldats l'avaient fait en avril 1961, allait-elle entrer en dissidence, dire « non ! halte-là ! cette solution est inadmissible » ? A 15 heures, le carnage de la rue d'Isly allait lever l'ambiguïté et mettre fin à tout espoir. Une partie au moins de cette armée avait choisi le déshonneur et se ferait la complice du FLN.
GEORGES DILLINGER Présent 2009

lundi 13 juillet 2009

Il y a 45 ans : mort du communiste Maurice Thorez


– Il y a eu 45 ans hier, décédait Maurice Thorez. Originaire du Pas-de-Calais, il entre au bureau politique du Parti communiste « français » puis en devient le secrétaire général en 1930. À la tête du PC«F», Maurice Thorez se glisse dans la peau du « premier stalinien de France » et suit sans scrupule l’ensemble des directives politiques du fils spirituel de Lénine, Joseph Staline : affrontement « classe contre classe » ; pseudo défense nationale suite à la signature du pacte franco-soviétique puis revirement pro-allemand après la signature du pacte germano-soviétique en août 1939. Le parti de Maurice Thorez dénonce alors la guerre et multiplie les gestes d’amitié et de solidarité envers les « camarades ouvriers du Reich ». Il s’agit alors pour le chef des communistes français de combattre la guerre « impérialiste »… des démocraties d’Europe de l’ouest.
Après la défaite de l’armée française, des négociations débutent en juin 1940 entre Maurice Tréand, cadre du PC « F » et Otto Abetz, représentant des Nazis en France. But des pourparlers : obtenir la reparution du journal L’Humanité et la légalisation du parti. Réfugié à Moscou après sa désertion de l’armée française, Maurice Thorez envoie à son collaborateur, Jacques Duclos, un télégramme le 22 juin 1940, cosigné par Georgi Dimitrov, secrétaire général de l’ITC (Internationale des Travailleurs Communistes), stipulant une collaboration active avec les forces d’Hitler : « Utilisez moindre possibilité favorable pour faire sortir journaux syndicaux locaux, éventuellement l’Humanité ».
Après ses années passées en URSS, Maurice Thorez regagne la France fin 1944. Il devient ministre d’État sous de Gaulle, et vice-président du Conseil des gouvernements Gouin, Bidault et Ramadier jusqu’en 1947. Durant cette période, et jusqu’à sa mort en 1964, Maurice Thorez continue d’être l’un des instruments les plus fidèles de la politique du Kremlin (ci-dessous reproduction de la « Une» de l’Humanité à la mort de Staline en 1953). Il soutiendra par exemple la féroce répression du peuple hongrois par les Soviétiques en 1956. Maurice Thorez a parfaitement incarné l’antipatriotisme du PC « F », toujours d’actualité en 2009.
http://fr.novopress.info

mardi 7 juillet 2009

On a retrouvé la trace des Celtes

Pendant plus de cinq siècles, les Celtes ont dominé toute une partie de l’Europe, du Danube à l’Atlantique, de la mer du Nord à l’Espagne et au nord de l’Italie. Mais qui étaient vraiment les Gaulois ? C’est la question que s’est posée Arte dans son documentaire du 10 mars. Très instructif documentaire « qui permet d’enterrer les poncifs et de mettre en lumière un peuple hors du commun » (rediffusion le 17 mars à 14 heures).
Il faut dire qu’on revient de loin... depuis la théorie d’une civilisation celtique qui aurait été portée par de grands mouvements migratoires venues des steppes d’Asie centrale jusqu’à, récemment, la théorie d’une culture du type "génération spontanée" qui serait apparue au pied des Alpes suisses et autrichiennes et qui se serait répandue ensuite dans toute l’Europe. Mais voilà que les fouilles effectuées sur le tracé du futur TGV Paris-Strasbourg amènent un certain nombre d’archéologues à penser qu’on ne peut plus exclure la Gaule des lieux de naissance même si d’autres préfèrent rester encore dans une sorte de consensus en parlant d’un brassage de populations au sein de notre Europe tempérée.
Ce n’est que depuis quinze à dix ans que les historiens ont commencé à se rendre compte de l’impasse dans laquelle ils s’étaient fourvoyés en minimisant l’importance de la Gaule depuis les temps antiques jusqu’à l’époque de César. Ces quinze ans correspondent au nombre d’années qui se sont écoulées depuis la publication de mes ouvrages. En m’appuyant sur une meilleure traduction des textes et sur la logique notamment militaire, j’ai proposé d’autres localisations, non pas pour Alésia, mais pour les deux grandes capitales de la Gaule, Bibracte et Gergovie.
Dans mon article "Le temple de Gergovie" du 20 février, j’ai présenté le dessin du chapiteau que voici. C’est un extraordinaire document que l’on peut admirer dans le temple/église du Crest... Gergovie !
Ce chapiteau est, à mon sens, à l’origine de cet art celtique tout en arabesques et entrelacs que tout le monde connaît. Elément fondateur de la pensée druidique, il nous révèle un Dieu de la Nature bien présent mais caché. Rien d’étonnant à ce qu’il ait inspiré les artistes celtes de Gergovie. Rien d’étonnant à ce que les guerriers arvernes aient voulu inscrire sur leurs armes leur foi dans cette pensée née sur la hauteur du Crest. Dissimulé dans les entrelacs du fourreau d’épée présenté dans l’émission d’Arte, le visage de la divinité cachée se laisse entrevoir au téléspectateur comme dans le chapiteau de notre temple. Et puis, l’esprit s’évade dans la perfection harmonieuse des arabesques et dans l’infinie complexité des représentations symboliques, mathématiques et géométriques des figures. Une divinité de la nature mais également "sur nature" que les Gaulois ont évoquée par des figures idéalisées et parfaites de forme. Il s’agit bien là d’une recherche fantasmagorique, ésotérique et mystique de la divinité et des forces divines, telluriques et célestes, au travers de l’Art.
Compilateur et héritier du pythagorisme, Jamblique présente comme vérité absolue l’acousmate suivant : Qu’y a-t-il de plus beau ? Réponse : l’harmonie. Bien qu’antérieure à l’époque de Jamblique, le vase de Vix dont j’ai dit qu’il était une œuvre de Gergovie en est l’illustration la plus exemplaire. Le corps du vase est une recomposition pythagoricienne du bassin de la femme (la terre-mère) et les anses, une recomposition des cornes du bélier jusqu’à une forme harmonieuse parfaite. Dès lors que la preuve a été donnée dans cette émission d’Arte que les Celtes étaient arrivés à un niveau de technicité incomparable dans l’art de la métallurgie du fer et du bronze, rien ne s’oppose plus à l’hypothèse que le vase ait été fabriqué à Gergovie/Le Crest, probablement dans ses forges de Tallende.
Présenté également à l’émission, le chaudron de Gundestrup est la plus belle illustration qu’on puisse trouver des croyances de Gergovie, avec son évocation des symboles solaire et lunaire, mais aussi l’image de l’homme coiffé de la ramure du cerf en forme de branche d’épine noire, symbole d’intelligence. En posture du sage/Bouddha, l’homme se trouve devant un choix : celui du serpent/péché ou celui du torque/signe d’alliance avec Dieu. Il s’agit d’une iconographie qu’on retrouve spécifiquement en Auvergne (près du Crest) et en Bourgogne (près de Mont-Saint-Vincent).
C’est par une phrase très inquiétante que se conclut l’émission : la recherche archéologique avance mais le mystère demeure.
Non ! Je ne puis être d’accord. Le mystère n’existe que parce qu’on ne cherche pas vraiment à l’expliquer. Mais je garde espoir ! Dans encore quinze ans, il se peut que la communauté scientifique se rende enfin compte que tout sort de Bibracte au Mont-Saint-Vincent et de Gergovie au Crest ; que ces lions ciselés dans l’or viennent de Sumer après avoir transité dans le temple du Mont-Saint-Vincent ; que ces griffons et ces dragons, qui s’apprêtent à cracher le feu, viennent de Delphes après être "ressuscités" dans la montagne de La Serre.
E. Mourey htttp ://www.bibracte.com
Cet article est à la fois un extrait de mes ouvrages et une réécriture.

Hypothèse sur les origines de notre Histoire

Sous le règne de Tarquin l’Ancien (vers l’an 600 avant J.C.) les Celtes qui occupaient le tiers de la Gaule avaient à leur tête les Bituriges. Ambigatos, l’un des leurs, était le chef tout-puissant de la Celtique. Son courage, sa fortune personnelle, la richesse de son État l’avaient porté au sommet de la puissance. Sous son autorité, la Gaule était devenue riche en blé et en hommes à tel point qu’il rencontrait de plus en plus de difficultés pour gouverner une population aussi abondante. Comme il se faisait vieux, il décida d’envoyer les excédents de ses peuples s’établir en des lieux que les augures lui indiqueraient (Tite Live).

La tour des Bituriges. Alors que se développe toute une campagne de médiatisation pour promouvoir une vision de la Gaule que je ne partage pas - la Gaule, ça n’existe pas, c’est une invention de César - je dis merci à Agoravox, seul média qui continue à donner la parole au contestataire que je suis des thèses officielles : Emile Mourey, un latiniste comme il n’en existe plus guère dans la société militaire française contemporaine (Revue Le Casoar, avril 1994.)
L’Histoire a une logique. Il s’agit de la retrouver. Imaginons, quelques siècles avant l’an 600, une petite flottille sortant du port de Tyr. Les petites voiles carrées se gonflent sous l’action du vent. Une vingtaine d’hommes par embarcation frappent en cadence de leurs rames les flots bleus de la Méditerranée. Les rivages du pays de Canaan s’estompent puis disparaissent bientôt à leur vue. Ces hommes sont partis pour ne plus revenir.
Cette expédition, ils l’ont soigneusement préparée. Ils se sont engagés sur la voie maritime que les fondateurs de Carthage ont suivie ou vont suivre vers l’an 800 avant J.C. date de la fondation de cette ville d’après les annales de Tyr. Mais bientôt, ils la quittent pour se rapprocher des côtes ligures jusqu’à l’embouchure du Rhône qu’ils remontent à force de rames. A cette date, Marseille n’a pas encore été fondée par les Grecs de Phocée.
Les intrépides navigateurs ont remonté le cours tranquille de l’Arar que l’on appelle aujourd’hui la Saône. A l’endroit où la rivière bifurque, un peu avant sa confluence avec la Dheune et le Doubs, ils ont repéré une région présentant les conditions favorables pour y établir une colonie : des terres propices à l’agriculture, de l’eau un peu partout, des ressources abondantes en gibier et en poissons ; un grand carrefour de voies naturelles. Au centre de cette région, un point dominant, relativement peu élevé certes, mais ayant vue sur tout le pagus qu’ils ont décidé de mettre en valeur : la colline de Taisey, proche de l’actuelle ville de Chalon-sur-Saône.
Nous sommes aux environs du tournant de l’âge du bronze et de l’âge du fer, et peut-être même avant. Avec leur armement de bien meilleure qualité, les colons s’imposent sans grande difficulté, et cela d’autant plus facilement qu’ils apportent aux locaux d’importants progrès dans le domaine de l’agriculture.

Sécurité et prudence obligent, ils élèvent sur la hauteur de Taisey leur première forteresse. Très judicieusement, ils la placent au début de la pente de façon à pouvoir amener dans les très modestes douves l’eau du plan d’eau qui se trouve sur le plateau. La tour principale, toujours existante, est construite sur le modèle des tours du Moyen-Orient mais avec, en plus, un pont-levis prolongé par un pont dormant.

En outre - c’est un modèle astrologique qui nous vient de ces pays lointains - cette tour s’élève sur une base représentant le chariot de la Petite Ourse tandis que la haute cour qui se trouve quelque trente mètres en arrière suit le contour du quadrilatère du grand chariot.
La tour regarde en direction du pays de Canaan. Plus tard, dans les fresques de Gourdon, les descendants des fondateurs représenteront sa fenêtre à meneau et, dans l’encadrement de cette fenêtre, les deux collines de Jérusalem.

Ces premiers colons qui se sont installés en Gaule, sur la colline de Taisey, je leur donne le nom de Bituriges. Quand leurs excédents de population partiront pour suivre les expéditions de Bellovèse et de Ségovèse sous le règne d’Ambigatos, comme je l’ai dit dans mon introduction, ils seront accompagnés (cf. Tite Live) de leurs proches voisins : Eduens de Bibracte au Mont-Saint-Vincent, Ambarres du Bugey, Aulerques Brannovices de Brancion, Aulerques Blannovices de Blanot, accompagnés également de peuplades un peu plus lointaines : Arvernes du Crest, Carnutes d’Orléans, Senons de Château-Landon.
Avant que César n’arrive en Gaule, les Eduens de Bibracte/Mont-Saint-Vincent avaient pris possession de la forteresse biturige. Seigneur de Cabillo/Chalon, c’est de là que l’Eduen Litavicos partit pour Gergovie, entraînant avec lui une troupe à pied de 10 000 hommes. Appartenant à la génération précédente, l’Eduen Dumnorix avait marié sa mère chez les Bituriges, à un homme de très haute réputation et très puissant (DBG I, 18). Je suppose que les Bituriges occupaient encore, à cette époque, la région d’Autun et qu’en mariant ainsi sa mère, Dumnorix a étendu son influence, comme l’écrit César, sur les cités les plus limitrophes.
Expansion normale d’une peuplade puissante, les excédents de la population biturige de Chalon/Taisey s’expatrieront pour fonder de nouvelles colonies : Bituriges Cubes à Bourges - la plus belle ville de la Gaule selon César - Bituriges Vivisques à Bordeaux, tandis que l’antique forteresse deviendra castrum des empereurs gaulois, palais du roi franco-burgonde Gontran, puis forteresse du comte de Chalon (cf. les trois sceaux de Guillaume des Barres dont celui de 1246 représenté ci-dessus. Sur les deux autres sceaux, les fenêtres ne sont pas cintrées, seule l’est l’entrée).
Eléments de preuves :
1. Dans son Histoire naturelle, livre XXXIV, Pline l’Ancien (23-79 après J.C.) écrit : « ... Deinde et argentum incoquere simili modo coepere equorum maxime ornamentis iumentorumque ac iugorum in Alesia oppido ; reliqua gloria Biturigum fuit. » La première phrase ne pose pas de difficultés de traduction : par la suite, sur l’oppidum d’Alésia, on se mit à appliquer de l’argent de la même façon aux attelages mais surtout aux ornements des chevaux (il s’agit de l’invention de l’étamage à l’argent). En revanche, pour éviter tout faux sens dans la deuxième phrase, il faudrait la traduire ainsi : gloire aux Bituriges à qui nous devons cet héritage ! Le texte est très clair : l’invention a eu lieu à Alésia et les inventeurs sont les Bituriges qui habitaient cette Alésia.
Quelle Alésia ? Il est bien évident qu’il ne s’agit pas de la petite Alésia des Mandubiens mais de l’Alésia qui passait pour imprenable en raison de la hauteur de ses murailles (Plutarque), celle que Diodore de Sicile qualifie de foyer et métropole de la Celtique, autrement dit : Nuerax/Bibracte/Mont-Saint-Vincent.
Conclusion : les Bituriges étaient à Bibracte/Mont-Saint-Vincent avant les Eduens, et donc également à Taisey/Chalon, les deux localités étant militairement indissociables de même que le sont la poignée et la pointe d’une épée.
2. La Notitia Dignitatum situe une fabrique éduenne d’armement à un Argentomagus que je ne peux identifier qu’à la forteresse de Taisey (Tasiacum/thesorus = trésor = argentomagus/marché de l’argent). En faisant le rapprochement avec le très riche site gaulois d’Argentomagus près d’Argenton-sur-Creuse, j’en déduis qu’il s’agit d’une colonie qui a pris le même nom que la cité-mère de Taisey, et comme les habitants de cette colonie sont des Bituriges, j’en déduis que les habitants de la cité-mère de Taisey étaient bien des Bituriges.
Cette tour mérite-t-elle d’être classée au titre des monuments historiques ?
Alors que son environnement est menacé par une urbanisation sauvage, c’est ce que j’ai demandé à M. Donnedieu de Vabres, alors ministre de la Culture, soulignant en outre le fait qu’elle était un magnifique symbole de tolérance puisque c’est là que fut signée, en 1595, la trève de Taisey qui mit fin aux guerres de religion. Cette demande de classement a été rejetée.
Extraits en partie de mes ouvrages. Les croquis et photos sont de l’auteur. Les reproductions ont été autorisées. E. Mourey
http://www.agoravox.fr